Les plus grandes chaînes d’hôtellerie et de restauration aux Pays-Bas ont renoncé cette année à faire figurer le foie gras sur leurs cartes à l’occasion des « fêtes de fin d’année » sous la pression d’un organisme de défense des droits des animaux, Wakker Dier (« Veille Animaux »). Il s’agit d’enseignes aussi connues que Sheraton, Marriott, la chaîne néerlandaise Van der Valk et les NH Hotels parmi lesquels figurent les restaurants prestigieux d’Amsterdam : Krasnopolsky, Refels et d’autres. Ils suivent ainsi l’exemple de la reine Beatrix qui a banni le mets gastronomique d’antique tradition de tous ses repas officiels depuis 2007.
La décision fut prise par une partie des restaurateurs néerlandais à la suite d’un reportage télédiffusé aux Pays-Bas dénonçant la « cruauté systématique » du gavage des oies et des canards, et affirmant qu’il n’existe pas de procédure « respectueuse des animaux » pour obtenir les foies hypertrophiés qui font les délices de maints réveillons, même aux Pays-Bas où pourtant la culture gastronomique n’est pas très répandue.
Le reportage a été diffusé le 7 décembre ; la réaction des restaurateurs a suivi en moins de trois jours.
La porte-parole de Wakker Dier s’était alors félicitée du « formidable cadeau de Noël (sic) pour tous les canards et les oies », ajoutant qu’il s’agissait là d’un « signal fort à l’industrie française du foie gras qui doit vraiment faire changer les choses ». Le site de l’association notait que si la production de foie gras a été interdite aux Pays-Bas il n’en va pas de même en France où une loi de 2006 a protégé le foie gras au titre du patrimoine culturel, le gavage étant obligatoire pour pouvoir prétendre à la dénomination « foie gras »…
Cela n’empêche pas la Commission européenne d’enquêter régulièrement sur cette production par trop nationale et les amis des bêtes de multiplier les pressions : aux Pays-Bas, si la vente de foie gras demeure légale, un nombre croissant d’institutions (comme les restaurants de la Chambre des élus, la KLM, Mövenpick et bien d’autres) ont banni tour à tour l’objet du délit.
C’est dire que le lobbying, les campagnes médiatiques, la diffusion d’images choc sont capables d’entraîner des changements d’attitude au sein de l’industrie et des populations…
Et si un jour une grande chaîne de télévision filmait un avortement, un vrai, à la manière d’un documentaire médical, oui, même à 10 semaines de grossesse, vous ne pensez pas que cela changerait les choses ? Allez-voir par exemple cette galerie de photos de Priests For Life (attention, images choquantes) réalisées sur des fœtus avortés avant 12 semaines de grossesse…
Mais ne rêvez pas. Ce genre de campagne-là ne serait pas politiquement correct. Autant il est possible de mettre en cause la manière dont nos ancêtres d’Europe ont vécu (et festoyé) pendant des siècles, autant il est inconcevable d’attirer à grande échelle l’attention sur le plus grand massacre institutionnel de tout petits d’homme innocents – nos frères – de tous les temps.
« Là où l’on adore les animaux, il y a aussi des sacrifices humains », assurait Chesterton.
P.S. A ceux qui se demandent pourquoi j’ai attendu trois semaines avant de vous livrer cette nouvelle, je me contenterai de répondre que je ne voulais pas gâcher leur réveillon… ni le mien !
Et