C’est en tout cas ce que souhaite la NNVE (Association néerlandaise pour une fin de vie volontaire) : que les « hospices », lieu de fin de vie pour les malades en phase terminale, puissent accueillir aussi les personnes en voie de devenir démentes ou souffrant de maladies psychiatriques chroniques. L’idée étant que ces personnes ayant un désir de mort puissent bénéficier de l’accompagnement de ces mouroirs (« maisons pour mourir » comme on les appelle franchement aux Pays-Bas) au moment d’ingérer les substances létales qu’elles auront pu rassembler.
La NNVE ne peut être considérée aux Pays-Bas comme un groupe marginal, puisque l’euthanasie y a été légalisée et qu’elle fait même partie de la vie ordinaire de ces « hospices » que l’on aurait pu croire voués aux soins palliatifs.
En annonçant pour 2010 une « étude de faisabilité » sur ce nouveau thème l’association annonce clairement sa volonté de peser sur une pratique qui demeure pour le moment bien éloignée de son vœu, puisque les trois quarts des hospices déjà contactés – sur les 185 établissements qui ont répondu à un pré-enquête lancée auprès des 204 existant au total et représentant 965 lits – ont fait savoir qu’ils n’y étaient pas favorables, et qu’aucun ne la permet aujoud’hui. Revers de la médaille : un quart seraient donc prêts à accueillir en vue ‘une mort prochaine des gens souffrant de maladies de l’intelligence ou même tout simplement fatiguées de vivre, puisque cette catégorie est également visée par la NNVE.
Si rien n’est donc joué actuellement, on apprend tout de même à l’occasion de cette étude que 42 % des hospices se disent prêts à l’avenir à accueillir des personnes qui estiment leur vie achevée et qui souhaitent arrêter de boire et de manger.
100 % des mouroirs néerlandais acceptent déjà le principe de la « sédation palliative », pratique plus proche de l’euthanasie que des soins palliatifs puisqu’elle peut consister non point en l’administration de médicaments ayant pour objectif, par la diminution médicale de l’état de conscience, de soulager des souffrances insupportables, et qui peut indirectement hâter la mort, mais précisément dans le retrait de toute forme de nourriture et d’hydratation, accompagné de ces mêmes « soins » destinés à éviter les souffrances liées à ce retrait, en vue d’une mort annoncée.
98 % des hospices annoncent ainsi que le patient en phase terminale peut lui-même choisir le retrait de toute alimentation ce qui est défendable lorsque l’alimentation ne sert plus à rien ou cause des souffrances inutiles, mais qui s’apparente à l’euthanasie ou au suicide assisté dans les autres cas.
Cette ambiguïté permet aux Pays-Bas d’afficher des taux d’euthanasie à peu près stables alors même que la sédation palliative devient de plus en plus fréquente, jusqu’à constituer la norme dans certaines situations.
L’accompagnement de la fin de vie y a pris d’ailleurs un tour généralement ouvert à l’idée d’abréger les jours des patients qui viennent mourir à l’hospice puisque, selon l’enquête de NNVE, 80 % des « maisons pour mourir » autorisent les médecins à pratiquer l’euthanasie ou à fournir une aide au suicide.