Une nouvelle étude menée par des chercheurs néerlandais, publiée le 21 mars par le British Medical Journal, indique que les médecins néerlandais – généralistes le plus souvent – optent de plus en plus fréquemment pour la « sédation profonde » ou « sédation palliative ». Il s’agit d’une pratique qui ne relève pas des soins palliatifs à proprement parler, ceux-ci nécessitant des consultations spécifiques et une démarche adaptée à chaque cas que l’on ne rencontre pas dans ce type de sédation. Il s’agit ici plutôt d’« endormir » profondément le patient qui souffre de façon jugée insupportable, puis de lui retirer toute forme d’alimentation et d’hydratation, en attendant la mort.
Le taux d’euthanasie a donc chuté aux Pays-Bas, aux termes de l’étude, qui a porté sur quelque 7.000 décès en 2005 : on relève 1.200 euthanasies de moins qu’en 2001, et 1.800 sédations palliatives de plus, dont une sur dix consécutive à une demande d’euthanasie du patient suivie d’un refus du médecin.
Ces chiffres semblent confirmer, en gros, ceux avancés en mai 2007, que j’avais commentés ici.
Les chercheurs (parmi eux, Judith Rietjens d’Erasmus MC) avancent plusieurs explications : il est difficile pour un médecin de donner directement la mort, la sédation palliative n’exige aucune démarche déclarative au contraire de l’euthanasie, elle est administrée librement par le médecin (qui, soit dit en passant, n’a même pas besoin du consentement du patient).
Certains partis politiques néerlandais se sont émus de cette facilité, soulignant que l’on assiste peut-être à des sédations palliatives contraires à la volonté des patients? Impossible, répond la secrétaire d’Etat à la Santé publique, Mme Bussemaker : « Passer à la sédation n’est facile pour aucun médecin. Ce n’est certainement pas dans tous les cas une belle façon de mourir. »
D’où la colère du pendant néerlandais de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (NVVE), qui s’irrite de voir la sédation palliative utilisée comme une façon de contourner l’euthanasie : selon son président, Walberg De Jong, des proches de personnes « sédatées » alors qu’elles réclamaient la mort directe se plaignent régulièrement à son association, généralement parce que les choses se sont mal passées.
Les directives néerlandaises en vigueur autorisent la mise en route de la sédation palliative d’office dès lors que la mort du patient est attendue dans un délai inférieur à deux semaines. La mort intervient alors sans que l’on sache si elle est la conséquence directe de la maladie ou du retrait de l’alimentation et de l’hydratation.
Source : ici.