On est très fier à Cleveland, Ohio, de posséder l’un des programmes les plus complets et les plus innovants des Etats-Unis en matière d’éducation sexuelle. Vu la pauvreté, l’ignorance et le nombre de grossesses chez les jeunes filles de 10 à 14 ans (sic), qui représente quatre fois plus que celles enregistrées dans le reste de l’Etat, la collectivité publique a décidé de financer un programme qui démarrera dès les classes maternelles et se poursuivra jusqu’à la fin de l’école secondaire.
Au programme de la maternelle : apprentissage du fonctionnement des virus, gestes « appropriés » et gestes interdits. Dès la 8e, début des cours sur le cycle menstruel et « d’autres aspects de la santé reproductive ». Au secondaire, on passe aux « relations interpersonnelles, au sida et autres MST, aux grossesses adolescentes et au respect de l’orientation sexuelle. L’avortement sera expliqué et défini sans être promu, assure Lita-Marie Townsend, responsable du programme, auquel la participation demeurera – heureusement – libre… Il sera toutefois financé à hauteur de 800.000 dollars par les fonds publics.
On espère venir ainsi à bout non seulement des grossesses adolescentes (4 % des 15-19 ans chaque année) mais aussi des MST qui se répandent : le chlamydia, la plus fréquente, a progressé de 30 % parmi les adolescents ces cinq dernières années.
Prenons le risque (fort calculé) d’annoncer que ce programme ne changera rien, puisque « l’éducation sexuelle » consiste essentiellement à fournir un « mode d’emploi » et à apprendre aux jeunes que tout est permis pourvu que l’on soit consentant et que l’on « se protège ».
Lita-Marie Townsend, dans une lettre de septembre 2006 au gouverneur de l’Ohio tout nouvellement désigné, plaidait pour la promotion publique de son programme en soulignant le « remarquable résultat » obtenu dans un secteur où « l’éducation sexuelle globale » avait été mise en œuvre : « 85 % des jeunes sondés au cours de l’enquête sur leurs comportements à risques affirmèrent avoir eu recours au préservatif lors de leur dernier rapport sexuel ». Elle suggérait donc au gouverneur de soutenir prioritairement les écoles de son Etat où l’on ne se borne pas à promouvoir l’abstinence. La belle affaire…
Pourquoi vous parler de ce fait somme toute divers ? Parce qu’il est significatif. Il reflète l’idéologie de ceux qui, sous couleur d’éviter des drames, font une promotion éhontée de « l’éducation sexuelle » publique et incitative au passage à l’acte.
Lita-Marie Townsend porte en l’occurrence un titre qui semble inédit dans son pays, peut-être même sur la planète : elle est « coordinatrice du comportement sexuel » dans le réseau des écoles municipales de Cleveland. Bigre !