Et voici les commentaires parus dans Présent à propos des réponses de Jean-Marie Le Pen citées ci-dessous :
C’est publiquement que Jean-Marie Le Pen a précisé sa position, en tant que candidat à la présidentielle, sur l’avortement et les lois qui en France en ont fait une possibilité, puis un droit (voir ci-dessous). Pour Présent, fidèle à sa devise « Dieu, famille, patrie », c’est une question de fond. Probablement c’en est une aussi pour le président du Front national, mais il fait nettement le choix de l’exclure de sa campagne, de l’exclure du débat. On le voit même déstabilisé par le rappel de ses déclarations de 1984. Non, décidément, Jean-Marie Le Pen ne pense pas que le thème soit électoralement porteur ; et dans l’état de la France aujourd’hui, il n’a sans doute pas tort de juger qu’il serait impossible de trouver une majorité d’électeurs favorables à l’abrogation de la loi Veil, ni même, peut-être, de celles qui l’ont aggravée.
Sur le plan électoral, considérant la menace d’anéantissement qui pèse sur la France par la dissolution dans l’Europe, par l’immigration massive, par l’état de guerre larvée dans les banlieues et tant d’autres attaques contre sa souveraineté et son être, on peut entrer dans la discussion. N’est-il pas d’abord essentiel de sauver ce qui peut l’être ? de laisser ces questions qui fâchent entre parenthèses ?
Eh bien, il faut d’abord considérer la question de « l’actualité » du thème de l’avortement. Actualité du massacre annuel de plus de 200 000 enfants de France… Que l’opinion y soit sensible ou non, il y a là une abomination constante, par laquelle un Etat supposé « de droit » se fait l’instigateur, le complice, le promoteur, le protecteur, le payeur et le fournisseur de l’élimination des générations nouvelles. Ce massacre, ce génocide est au centre de la culture mort (la volonté de cultiver la mort, de la répandre et de la multiplier).
Il est au centre, ce qui veut dire qu’il n’est pas seul, et aussi qu’il est cause des autres fléaux dont souffre la France. La dénatalité, le vieillissement, la faillite prévisible ; et par ricochet, le recours à une immigration massive, étrangère à notre culture et à ses vitales racines chrétiennes qui ont inscrit l’exigence de la protection des plus faibles et des innocents au coeur de l’Europe. La légalité de l’avortement détruit les familles en permettant la suppression de leurs membres – qui en dira les séquelles spirituelles et psychologiques ? Elle envoie aux jeunes le message qu’ils sont, ou qu’ils auraient pu être indésirables et que personne ne s’en serait ému. Elle porte atteinte au tissu même de la nation. Elle est le signe le plus visible de la dérive vers la barbarie. Le futur président de la République peut-il se croire incompétent en ce genre de matière ? Mais sur quels sujets peut-il faire campagne, alors ?
On peut reprocher à l’Eglise de n’avoir pas pris ses responsabilités dans la lutte contre les lois de mort qui pèsent sur la société. Mais c’est de moins en moins vrai [voir les déclarations des évêques portugais et équatoriens dans ce blog]. Rémi Fontaine évoquait hier le message « Qu’as-tu fait de ton frère. » Il y a aussi (parmi d’innombrables prises de position, mais celle-ci est lapidaire) le propos de Benoît XVI [en exergue de ce blog] :
« On ne peut penser qu’une société puisse combattre efficacement le crime quand elle le légalise elle-même dans le cadre de la vie naissante. »
Nous sommes trop souvent d’accord avec Jean-Marie Le Pen, trop persuadés de l’importance cruciale de son combat pour ne pas lui dire tout cela. Il y a d’ailleurs bien d’autres courageuses prises de position du président du FN et de son mouvement qui n’ont pas emporté et qui n’emporteront pas l’adhésion d’une majorité. Pourquoi se taire uniquement sur la question de la loi Veil ?
(article de J.S. paru dans Présent du 21 octobre 2006)