J’ai évoqué ce texte de la CEF, qui répercute, peu ou prou, les principes non négociables formulés par Benoît XVI. Mgr de Chambéry a écrit son propre texte :
Ce qui sera proposé devra mettre l’homme au cœur des décisions, des projets, des objectifs qui seront énoncés. Nous en sommes tous conscients et nous sommes convaincus de cette nécessité. Le pape Benoît XVI n’a cessé de le rappeler : l’homme devant être toujours respecté dans sa dignité, respecté dans les décisions qui sont prises, l’homme qu’on ne peut jamais réduire à n’être qu’un moyen ou une variable d’ajustement, l’homme qui n’est jamais un objet.
Dans les programmes et au cours des interviews, seront aussi présentes d’autres questions de société, celles qui touchent l’identité même de la personne et dont nous voyons qu’elles affleurent régulièrement dans le débat public, à l’occasion de faits divers souvent douloureux, ou subrepticement, sans crier gare, dans des propositions de loi, des directives ministérielles, des livres ou des manuels utilisés pour l’enseignement.
On peut citer la question de l’euthanasie que certains lobbies veulent légaliser alors qu’une loi récente, la loi Léonetti, donne très clairement les repères rejetant l’acharnement thérapeutique comme la mort donnée volontairement. On peut citer l’éducation affective, relationnelle et sexuelle des jeunes, pratiquement absente de l’éducation au collège et au lycée, et les propositions d’élargir, pour les mineurs, la possibilité d’avorter ou d’utiliser les moyens contraceptifs sans que leurs parents n’en sachent rien. Comment, dans ces conditions, articuler responsabilité éducative des parents et apprentissage de la responsabilité personnelle pour des jeunes? On peut citer la clause de conscience qui protège le corps médical et qui est de plus en plus attaquée, ou les sages-femmes que l’on veut associer à des démarches abortives. Citons encore le dernier débat autour de la théorie du genre qui remet en cause l’identité sexuelle de tout être humain et que certains manuels de SVT (sciences de la vie et de la terre), en classe de première, présentent comme une théorie scientifique, obligeant implicitement chacun à l’admettre.
On pourrait évoquer aussi les lois de bioéthique qui ouvrent la porte à la manipulation des embryons humains comme s’ils n’étaient que des choses qu’on peut utiliser à son gré, alors que d’autres moyens existent pour la recherche. Une bioéthique qui, comme l’écrit Jacques Testard, biologiste, directeur de recherche honoraire à l’Inserm et président de la Fondation Sciences citoyennes, « se construit à force de pragmatisme et de logiques concurrentielles plus que d’analyses morales et de convergences humanistes ».
Régulièrement nos élus ont à se prononcer sur ces questions et ce n’est pas toujours facile pour eux d’avoir une position claire sur leur conception de l’homme, sur l’anthropologie qu’ils défendent. On peut être étonné, par exemple, que certains, parmi ceux qui condamnent le libéralisme excessif et invoquent le bien commun, la justice, la fraternité, la collectivité, aient des positions plus que libérales, et même ultralibérales, sur ces questions. N’oublient-ils pas que, face à ces enjeux, beaucoup de personnes sont seules avec leurs difficultés, souvent dans des impasses, marquées par de réelles souffrances, habitées par des doutes et des questionnements. On est collectif pour l’économie et on ne l’est plus pour les comportements. On laisse chacun se débrouiller seul alors que là aussi ce sont les plus fragiles, les plus pauvres, ceux qui sont dans la précarité qui sont les premières victimes du manque de repères. Il ne suffira pas de simples leçons de morale à l’école pour donner un sens à la vie et aborder ces questions. A ce sujet, on peut saluer l’initiative de 80 députés et 113 sénateurs qui sont intervenus auprès du gouvernement pour contester les manuels de SVT qui introduisent la théorie du genre. L’éducation n’est pas qu’une question de moyens mais aussi de présentation des contenus. On peut être étonné, à juste titre, que ces élus n’appartiennent qu’aux partis de la majorité gouvernementale. Est-ce à dire que sur ces questions il y aurait un clivage droite-gauche ?
Pour ma part, je pense que tout est lié et que la manière dont on répond aux questions difficiles d’éthique, conditionne une vision de l’homme que l’on retrouve dans la manière dont on traite les questions d’économie, de développement, etc. Il ne faut pas s’y tromper. Au moment de voter il faudra se le rappeler et dès maintenant scruter ce qui est dit, écrit et défendu. On peut être séduit par des solutions à la crise, qui apparaîtront plus justes, elles seront illusoires si ceux qui les prônent n’ont qu’une vision matérialiste de la personne humaine et se laissent prendre par des lobbies peu enclins à soutenir le plus fragile surtout lorsqu’il n’a pas la force de s’exprimer et qu’on lui susurre indirectement de demander à mourir, ou qu’on souhaite qu’il ne puisse naître.