Le lundi 3 octobre, le Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France a présenté et diffusé un document intitulé “Elections : un vote pour quelle société“, qui dresse le contexte dans lequel se déroulera les prochaines élections présidentielles et législatives. On y lit notamment :
Les gouvernants et les législateurs sont confrontés à des questions nouvelles. L’éclatement des références éthiques fait reposer un poids moral toujours plus lourd sur la formulation des lois. Puisqu’elles jouent inévitablement un rôle de référence morale dont il convient de tenir compte, le législateur ne peut se contenter d’enregistrer l’évolution des moeurs.
À cette lettre, est jointe un document qui détaille quelques points à prendre en compte en vue de ces élections.
À chaque citoyen, à chacun de vous donc, il revient d’examiner comment les programmes et les projets des partis et des candidats traitent ces différents points, et de déterminer si ces approches sont cohérentes ou non avec la société dans laquelle nous voulons vivre. À chacun de vous il reviendra aussi de hiérarchiser ces différents points en vue du vote. D’autres, bien sûr, peuvent y être ajoutés.
Ces points sont regroupés dans un texte intitulé “Elections 2012 : éléments de discernement” (document pdf, 6 pages). Nous remarquons déjà que les termes “principes non-négociables” utilisés à plusieurs reprises par Benoît XVI (notamment dans un discours aux participants au congrès du Parti populaire européen le 30 mars 2006, puis au paragraphe 83 de l’exhortation apostolique Sacramentum Caritatis) ne sont pas utilisés. Il est probable que certains évêques signataires de cette lettre aient milité pour que cette expression soit absente de ce document essentiel. Néanmoins, si l’expression est absente, les principes y sont :
1. Respect de la vie
Il est impératif que les autorités publiques refusent l’instrumentalisation de l’embryon. De même, l’avortement ne peut en aucun cas être présenté comme une solution pour les mères en difficulté. […] Mais le dépistage prénatal systématique qui risque de déboucher sur l’élimination des personnes porteuses de certains handicaps remet en cause en son fondement même la solidarité envers le plus faible qui doit animer la société. […] Toute personne, quel que soit son âge, son état de fatigue, son handicap ou sa maladie, n’en garde pas moins sa dignité. Pour cette raison, « l’euthanasie est une fausse solution au drame de la souffrance, une solution indigne de l’homme » (Benoît XVI) car elle vise, sous prétexte de compassion, à abandonner les personnes au moment où elles ont le plus besoin d’aide et d’accompagnement. L’arrivée de générations importantes dans le grand âge doit inviter la société à une plus grande solidarité. Le développement des soins palliatifs, fruit d’un progrès éthique et scientifique, doit être poursuivi pour que tous ceux qui en ont besoin puissent en bénéficier.
2. Défense de la famille
La famille, fondée sur l’union durable de l’homme et de la femme, doit être aidée économiquement et défendue socialement car, à travers les enfants qu’elle porte et qu’elle éduque, c’est l’avenir et la stabilité de la société qui sont en jeu.
3. Liberté de l’éducation
Une éducation juste implique : la liberté et la responsabilité des parents, la transmission à tous des savoirs essentiels, l’attention spécifique à ceux qui rencontrent des difficultés scolaires, le respect de la liberté de conscience, des enseignements respectueux de la dignité et de la beauté de la vie humaine.
Si l’initiative de ce document revient au cardinal Vingt-Trois, il semble que l’aile gauche du comité permanent de la CEF (notamment Mgr Simon et Mgr Ulrich) ait voulu en atténuer la portée et la vigueur. D’abord en excluant totalement l’expression “non-négociable”, remplacée par celle, plus douce de “rôle de référence morale dont il convient de tenir compte“, à laquelle vient se joindre cette formule encore plus relative
À chacun de vous il reviendra aussi de hiérarchiser ces différents points en vue du vote. D’autres, bien sûr, peuvent y être ajoutés
Et, au cas où l’électeur catholique manquerait d’imagination, des points ont été ajoutés afin de diluer le nécessaire dans le contingent, le non-négociable avec le négociable (si le respect de la vie est un principe intangible quels que soient le temps et le lieu, l’immigration est soumise aux aléas du contexte local, et notamment à la capacité d’intégration du pays d’accueil, capacité dont ont peut estimer -sans trop se tromper- qu’elle fait aujourd’hui défaut à la France). Le document original, élaboré par le père Matthieu Rougé, curé de la paroisse Ste Clotilde à Paris, entouré d’une fine équipe, prenait la forme d’un dépliant, dans lequel n’apparaissaient pas les thèmes suivants : jeunesse, banlieues et cités, Europe, laïcité et vie en société.