La nomination d’Angelo Scola, patriarche de Venise au siège archiépiscopal (et même, si j’ose dire, “hyper-épiscopal!) de Milan, a fait la joie des vaticanistes italiens : ils étaient certains de cette nomination depuis au moins 6 mois, mais ils ont fait durer le plaisir par des articles à suspense qui passionnent leurs lecteurs : « Deux candidats possibles : Ravasi ou Scola » ; « Peut-être un troisième homme », etc., etc.
En fait, tous savaient que Benoît XVI, très fidèle en amitié quand aucun « manquement » réel ou supposé de la part de l’ami n’est venu s’interposer, ce qui est le cas ici, a toujours beaucoup aimé Angelo Scola. Celui-ci, en 2005, a été l’un de ses grands électeurs les plus efficaces. En le nommant au siège qui est considéré, moralement, comme le premier de la chrétienté après Rome, le pape a rempli un devoir d’amitié et de justice : il a plus nettement encore « mis sur orbite » celui que Jean-Paul II considérait comme son dauphin et pour lequel il a sans doute les mêmes sentiments – ce qui n’est d’ailleurs pas une garantie d’aboutissement : Scola était au pape Wojtyla et est au pape Ratzinger ce que Siri était au pape Pacelli… ce qui a valu à Siri d’être le Poulidor de trois conclaves!
Benoît XVI fait, en outre, revenir Angelo, Milanais de Milan, dans son diocèse d’origine que, disciple et fils spirituel de Don Luigi Giussani, fondateur de Communion et Libération, il avait dû quitter tant il était mal noté par un archevêché devenu un bastion du progressisme italien.
Aujourd’hui, pour les vaticanistes italiens, le petit jeu délicieux recommence pour Venise, gros siège cardinalice à pourvoir. Mais il est plus grisant encore, du moins à ce jour, car ici la boule de cristal reprend tous ses droits : on ne connaît pas les intentions du Pape.
Alors on avance des hypothèses, toutes crédibles, qui partent du principe : il y a eu une nomination à droite ; il y aura une nomination à gauche. La « gauche » serait ici relative : le candidat serait un «progressiste» de la Ratzinguérie, où l’on préfère favoriser les communautés nouvelles plutôt que les soutanes qui refleurissent dans les séminaires de la Péninsule. Ce pourrait être le cardinal Ravasi, Président du Conseil pour la Culture, bibliste un peu bultmannien (néo-néo bultmannien recentré, bien sûr, un hétérodoxe modéré). Ou bien Mgr Parolin, qui avait occupé un poste important à la Secrétairerie d’État (Sous-Secrétaire de la 2ème Section, celle qui traite des « affaires étrangères » du Saint-Siège), avant d’être nommé en 2009, nonce apostolique au Venezuela, en remplacement de Mgr Giacinto Berloco, parti à Bruxelles. Pietro Parolin, fidèle sodanien, faisait cause commune à la Secrétairerie d’État avec Mgr Filoni, Secrétaire un brin tyrannique de la 1ère Section, devenu Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples, aussi favorable au mouvement néo-cathécuménal qu’il est défavorable au motu proprio Summorum Pontificum.
Ces candidats sont tout à fait possibles, et d’autres encore. Mais une hypothèse, tout à fait piquante et loin d’être absurde, est aussi en circulation. On sait qu’Angelo Scola, outre l’amitié du Pape, bénéficie d’un réseau d’influences et d’amitiés très important dans l’épiscopat italien et à la Curie. La « volonté politique » ne lui fait pas défaut, même si un tempérament un peu dépressif vient parfois l’assombrir. Lui-même, son ami le cardinal Caffarra, archevêque de Bologne, l’archevêque émérite de Bologne, Giacomo Biffi, et d’autres encore qui ont pour particularité d’avoir jadis soutenu activement Communion et Libération (Scola en était même le premier aumônier) quand ce mouvement comptait en Italie – c’est-à-dire avant l’effondrement de la Démocratie chrétienne – verraient bien un des leurs, patriarche de Venise.
Qui donc ? Mgr Luigi Negri, 70 ans (l’âge de Scola), évêque de San Marino-Montefeldro, intellectuel de bonne qualité, de profonde spiritualité sacerdotale, homme décidé, ratzinguérien fidélissime. Certes, on fait remarquer que, plus naturellement, Negri pourrait accéder à Bologne, quand le siège sera à pouvoir, car Caffarra aura 75 ans dans deux ans. Mais deux ans, c’est bien long sous un pontife qui n’est pas jeune. Et Negri aura alors lui-même 72 ans. Quand à Carlo Caffarra, il a toutes les chances de voir son mandat à Bologne être prolongé lorsque surviendra le terme.
C’est pourquoi l’hypothèse Negri rencontre de plus en plus d’échos dans le petit cercle des vaticanistes…
Effectivement c`est un secret de Polichinelle que mons. Filoni est à l`origine du sabotage du SP piloté depuis ses bureaux, maintenant qu`il est Préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples, on peut imaginer qu`il n y aura plus de limites à la diffusion du chemin néocat et de sa “nouvelle évangélisation”.
Que ce mouvement où qu`il aille implante les créations liturgiques et autres de son initiateur, avec des catéchèses corrigées et approuvées mais encore couvertes par le secret car Kiko Arguello s`oppose à leur publication contre la volonté du Pape et les normes de l`Eglise, que la structure des paroisses soit bouleversée, l`espace sacré dévasté, ne semble préoccuper les responsables de notre Eglise qu`au contraire vont régulièrement en stage en Galilée, invités par Arguello, pour apprendre la nouvelle évangélisation néocat!
“Angelo Scola. Celui-ci, en 2005, a été l’un de ses grands électeurs les plus efficaces.”
Comment le savez-vous ? Il serait fort intéressant que vous citassiez (concordance des temps, un peu désuète) vos sources . A moins qu’il ne s’agisse que de supputations, ou encore de rumeurs bien informées…
Message à Luisa. Il serait bon que vous éclaircissiez votre langage un peu abscons. On ne comprend pas toutes vos allusions, qui sont certainement pertinentes.
“sabotage du SP piloté depuis ses bureaux” ?
“plus de limites à la diffusion du chemin néocat” ?
“vont régulièrement en stage en Galilée, invités par Arguello” ?
Je ne crois pas que mon langage soit aussi obscur…
Mais je suis consciente que ce que pour moi est évident, car je suis de près l`actualité de l`Eglise en Italie, peut tout à fait ne pas l`être en dehors de l`Italie.
Donc, en résumant et en espérant être plus claire:
1- Mons.Filoni a été un opposant très actif du Summorum Pontificum, comme je l`ai dit ce n`est pas un secret qu`il est, hélas, à l`origine des directives de sabotage parties de son bureau.
2-Mons. Filoni est un grand supporter du chemin néocat qu`il a aidé en le présentant, et en le soutenant, auprès des évêques, qu`il a aidé dans la bataille que Kiko Arguello a mené pour refuser d`obéir à Benoît XVI qui avait ordonné,en 2005, certaines importantes modifications au mode néocat de célébrer l`Eucharistie, c`est encore lui qui aide le chemin néocat dans la diffusion de sa “nouvelle évangélisation” partout dans le monde.
Il pourra donc le faire encore plus depuis le poste qu`il occupe désormais.
3-Le chemin néocat dispose en Galilée d`une vraie citadelle où vont régulièrement en stage évêques et cardinaux, pour des “convivences”= stages, pendant lesquelles Kiko Arguello les instruit(!) sur la, pardon, sur sa nouvelle évangélisation.
Et cela dure depuis de nombreuses années déjà, bien avant que le chemin néocat reçoive son statut du PCL, bien avant que ses textes de catéchèse soient approuvés, après un long travail de correction.
Textes qui constituent le fondement théologique de ce qui est défini “un itinéraire de formation catholique”, mais qui continuent à rester secrets car Arguello, encore une fois en désobéissant à Benoit XVI, s`oppose à leur publication et veut conserver l`Arcano”, le secret qui caractérise les diverses étapes de ce chemin.
Voilà, j`espère avoir été un peu plus claire!
Réponse à Luisa. Oui, ça va mieux. Sauf PCL. Ce sigle m’échappe, même s’il est sans doute élémentaire.
Mgr Filoni, substitut pour les affaires générales de la Secrétaireri d’Etat, depuis le 10 juin 2007.
Kiko Arguello, peintre espagnol né en 1939, initiateur du Chemin Néocathécuménal en 1964. En 2011, nommé par Benoît XVI consulteur général du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Les statuts du Chemin ont été approuvés de manière définitive le 13 juin 2008.
Ledit Chemin semble très en cour auprès du pape actuel. Il réunit paradoxalement contre lui les critiques des progressistes et des conservateurs. Il est honni aussi bien par Golias, qui le trouve fanatique, que par les lefevbristes…
Voilà qu’il commence à me devenir sympathique !
S’il désobéit aussi obstinément au pape que vous le dites, je ne comprends pas pourquoi celui-ci continue de tant l’honorer… Mystères du Royaume des Cieux, sans doute…
Le statut a été remis par le card. Rylko, du PCL( Conseil Pontifical pour les laïcs) alors que le “fondement théologique” de ce mouvement, pourtant considéré “itinéraire de formation catholique”, n`était pas approuvé, il manquait le placet de plusieurs Congrégations, dont la CdF(Congrégation pour la Doctrine de la Foi), une anomalie parmi tant d`autres, le Pape a d`ailleurs attendu plusieurs mois avant de s`exprimer en public sur la remise du statut.
L`approbation des textes étant enfin arrivée, Kiko Arguello (eh oui en désobéissant au Pape, comme il l`a fait pour les modifications imposées par Benoît XVI sur la liturgie, car il considère que adopter la liturgie catholique serait une “catastrophe”, ipse dixit, pour ses communautés) refuse de publier ses textes.
Nous avons donc dans l`Eglise un mouvement qui catéchise avec des textes secrets et qui assure une formation, par étapes, très longue, qu`il prétend garder secrète, secrète pour l`extérieur mais aussi pour les adeptes qui n`ont pas le droit de poser des questions.
Or nous n`avons pas dans l`Eglise de formation secrète, d`enseignement secret, c`est parce qu`il le sait que Benoît XVI exige la publication qui tarde a venir…
J`ajoute, vu votre fine allusion, que je ne suis ni une sympathisante de Golias, ni un membre de la FSSPX.
D’accord. Mais si je comprends bien c’est surtout un fonctionnement incohérent de la curie romaine que vous critiquez…
Disons que l`iter d`approbation du chemin néocat a révélé les alliances, les jeux de pouvoir, l`influence de certains prélats, qui sont capables de bypasser la volonté du Souverain Pontife, de le mettre devant le fait accompli.
Quand Kiko Arguello a reçu son statut des mains du card. Rylko (avec Mgr. Filoni ami et protecteur du chemin néocat dans la Curie) dans la conférence de presse qui a suivi, il a dit que… le Pape maintenant devait se battre avec Arinze(le cardinal qui était alors le préfet de la Congrégation du Culte Divin).
Il est difficile de comprendre comment, malgré toutes les anomalies qui perdurent, liturgie, secret, organisation qui introduit la division dans les paroisses ( les néocat font tout à part,chaque communauté célèbre son Eucharistie le samedi tard, dans des salles privées), malgré les désobéissances, aucune correction, même du Pape, arrive à modifier le projet d`un homme.
Encore vous dire que Kiko Arguello a été nommé consulteur général du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, au même titre que les autres responsables des mouvements présents dans l`Eglise, il est d`ailleurs préférable de l`avoir au sein de ce Conseil, en espérant tout de même qu`il n`arrivera pas, là aussi, à imposer sa volonté!
Je vous remercie pour votre attention.