L’universitaire belge Jean-Pierre Snyers nous demande de publier cette tribune libre, ce que nous faisons bien volontiers:
Dans « La Libre Belgique» du lundi 8 novembre, on trouve un article consacré au décès de l’abbé Kamp. « Abbé »? Certes il l’était puisqu’il fut validement ordonné. Néanmoins, comme d’autres ecclésiastiques que l’on entend régulièrement dans les médias, son lien avec l’Eglise semblait s’arrêter là. Il y a quelques années, lors d’une émission télévisée, le cardinal Danneels ( peu suspect d’être taxé de « conservateur ») rappelait avec justesse que ce qui caractérise un catholique est, sur le plan doctrinal, son adhésion au credo, aux dogmes et aux sacrements. Une bonne fois pour toutes, ayons le courage de le dire: quand un prêtre ne souscrit plus à ce que doit être la Messe, quand il fait l’impasse sur des réalités dogmatiques telles qui le péché originel, la transubstantiation, l’immaculée conception, le purgatoire, la rédemption, l’assomption, voire la Trinité ou la résurrection du Christ, il est plus qu’évident que sa place n’est plus dans l’Eglise et que celle-ci a le devoir de le lui signifier. Sachant combien la principale persécution dont elle est victime vient de ceux qui se font un devoir de la miner de l’intérieur, Benoît XVI a dit récemment: « Laisser s’infiltrer l’hérésie n’est pas faire acte de charité ». Dès lors, avec beaucoup de catholiques unis au successeur de Pierre, permettez-moi d’inviter les ecclésiastiques qui se plaisent à critiquer leur institution à avoir l’honnêteté de tirer les conclusions de leurs désaccords. Franchement, nous ne leur en voudrons pas s’ils décident de fonder leur propre religion ou de rejoindre la branche la plus libérale du protestantisme ou de l’anglicanisme. Nul doute qu’ils seront bien plus à l’aise dans ces deux dénominations qui, s’étant ouvertes au monde comme ils le souhaitent, sont aujourd’hui en pleine déliquescence, voire même en voie d’extinction.
Jean-Pierre Snyers
Dans son livre “A la recherche du Jardin perdu”, Richard Borgman, ancien pasteur évangélique, explique que chaque jour se créent de nouvelles dénominations avec à la tête de chacune un pasteur qui, précise-t-il, a SON interprétation de la Bible. De quoi faire rêver les cathos gauchistes, pardon “adultes”.
De plus, R. Borgman écrit que Luther a fait retirer de la Bible (chose que j’ignorais) des livres et des passages qui ne lui plaisaient pas ou qui ne concordaient pas avec sa nouvelle doctrine (Tobie, Judith, La Sagesse, Baruch etc ..)ce que, dit-il, aucun Pape n’a jamais osé faire.
Il est vrai qu’avec une telle flexibilité, une telle fausse liberté, on peut se permettre toutes les compromissions voire trahisons avec le monde, pardon nous devons dire “ouvertures”.
Bravo à Jean-Pierre Snyers pour ce texte d’une éloquence propre à exprimer clairement la véritée, ce que notre époque semble si impuissante à produire habituellement. Je reconnais m’interroger aussi sur cette apostasie qui ne se déclare jamais et qui pourtant et bel et bien réelle. C’est une aberration à défier la raison humaine.
@Pauline
La TOB (traduction œcuménique de la Bible) est encore pire que la Bible de Luther. D’ailleurs, il est à nouveau question de retirer des passages qui choquent la secte œcuménique.
on attend d’un prêtre qu’il imprime les Evangiles dans la société: il lui faut donc assez de personnalité.Or souvent c’est la société qui le domine trop influençable, il perdra la foi aux contenus du Crédo et la société actuelle le sollicite beaucoup il doit être plus fort qu’autrefois
Excellente intervention de Mr Snyers. Les nominations de Benoît XVI et de Mgr Léonard vont révéler bien des réalités jusque là soigneusement cachées aux cathos lambdas mais qui étaient déjà pressenties par bien des fidèles depuis plusieurs décennies (+- 15 ans pour moi) : l’ apostasie de pans entiers de l’Eglise, hélas majoritaires, et la revendication d’une Eglise (et de ses institutions corollaires) parfaitement soumise au monde et a son prince. Prions beaucoup, unissons-nous, soutenons les clercs et laïcs fidèles et restons familiers des écritures saintes et des documents magistériels sûrs,… La Vérité finit toujours par l’emporter même si c’est après beaucoup de temps et sur un tas de ruine.
“Réalités dogmatiques”
Relisez-vous, par pitié. Voyez, en écrivant une chose pareille, vous vous placez clairement en dehors du catholicisme. Il n’y a pas de “réalités dogmatiques” et il n’y en aura jamais (au ciel, peut-être, mais je ne sais pas si nous aurons envie d’y perdre notre temps à formuler des dogmes). Nous ne faisons que chercher péniblement à rendre compte de réalités qui nous restent difficilement accessibles, Saint-Esprit ou pas (voyez à ce sujet saint Augustin, à la fin du Traité de la Trinité).
Voulez-vous donc quitter le catholicisme ? Beaucoup de prêtres célébrant la messe dans le rite de 1962 (j’y assiste encore de temps en temps) font des boulettes comme celle-là dix fois par sermon et ne s’en rendent même plus compte. Parler de “réalités dogmatiques” est beaucoup plus grave que de ne pas se soucier de l’Immaculée conception.
Finalement, ce qui est le moins catholique, c’est encore d’appeler ceux qui ne sont pas d’accord avec vous à quitter l’Église. D’autant plus que tout cela ne relève pas de vous. Si le pape veut se prononcer à ce sujet, qu’il le fasse. Quant à vous, n’en dites rien. C’est une autre bizarrerie du monde catholiques dit “traditionnel” : quand les “autres” croient savoir mieux que le pape ce qu’il faudrait faire, c’est un scandale. En revanche, nous les catholiques “traditionnels” sommes tout à fait légitimes à commenter ses moindres actes et à lui donner la direction à suivre. Ben voyons.
Cher Monsieur,
Pourriez-vous m’expliquer plus précisément quel est le problème? Je ne comprend pas pourquoi parler de “réalités dogmatiques” me mettrait ipso facto hors de l’Eglise.
Puis-je ajouter, au passage, qu’il s’agit d’une tribune libre? J’ignore si M. Snyers est un catholique “traditionaliste” et cela ne me regarde pas, mais je ne vois pas bien pourquoi lui interdire de s’exprimer sur ce blogue, alors qu’il dit des choses que beaucoup de fidèles pensent, au simple prétexte que son expression ne serait pas “pile poil” l’expression juridiquement ad hoc…
Je me demande toujours pourquoi l’Eglise en a tant voulu à un évêque qui a tant aimé la Ste Eglise Cathoilque et qui a été purement et simplement excommunié pour avoir désobéi une seule fois (par ce qu’il y a été poussé) et que tant d’évêques et prêtres non seulement désobéissent chaque jour depuis des dizaines d’années mais combattent avec acharnement ( et bêtise) l’autorité du Pape et rejettent les vérités les plus fondamentales du Credo … à quand l’excommunications de ces prélats qui font la loi depuis 40 ans …
Merci à M. Snyers de mettre les choses au point et de faire comprendre que les catholiques commencent.à en avoir assez des prêtres anti-église! Ne pourrait-on aussi conclure un accord avec M. Ringlet pour qu’il se TAISE jusqu’à Noël. On peut rêver. Mais bien plus que celui que Mgr Leonard, il en est incapable!
A l’adresse de “de la Croix Guy”, et pour rappel : l’excommunication prononcée contre Mgr Lefebvre et les évêques qu’il a ordonnés, le pape Jean-Paul II ne pouvait pas ne pas la prononcer. En effet, il s’agit d’une excommunication “latae sententiae” (c’est-à-dire, automatique) prévue par le Code de Droit Canonique (que Mgr Lefebvre connaissait), au terme de laquelle quiconque ordonne un évêque sans la permission du pape est automatiquement excommunié. Seul le pape peut ensuite lever cette excommunication, ce que Benoît XVI a fait récemment, sans que cela signifie pour autant la fin du schisme et la réintégration des dissidents lefebrvistes dans la communion de l’Eglise. (Pour rappel : les excommunications de 1064 fulminées – c’est le terme précis – contre les Orthodoxes ont été levées par le pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier, sans que soit restaurée encore, hélas, la pleine communion entre ces deux Eglises chrétiennes.)
L’abbé Lobet oublie un petit détail, trois fois rien: un passage qui vaut son pesant d’or dans l’opus magnum du chanoine Borras (vicaire général de l’évêque de Liège) sur l’excommunication. Je n’ai pas la livre sous la main à l’instant mais l’abbé Borras, raconte, dans le processus de révision du code de droit canon sous Paul VI et Jean-Paul II, ce qui s’est passé au moment de réviser le canon 1382 (ordinations épiscopales sans mandat papal). Comme pour de nombreux canons, il était question de réviser à la baisse la peine attachée à ce délit (l’excommunication ne datait que de Pie XII). C’est alors qu’un consensus se dessina pour maintenir le lien entre le 1382 et l’excommunication… parce que Mgr Lefebvre se faisait vieux et que cela pourrait bientôt servir.
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le chanoine Alphonse Borras, canoniste chevronné (néomoderniste hyperchevronné) et témoin direct de ces faits et membre de la commission de révision du CIC. On peut discuter longtemps sur les torts et les raisons de Mgr Lefebvre mais, sur ce point, on peut aussi parler sans peine parler de pharisaïsme de la part de la commission de révision. Appelons un chat un chat.