J’ai parlé la semaine dernière du texte de Mgr Chaput, archevêque de Denver, sur l’avortement. Mais j’ai découvert ensuite de plus larges extraits de ce discours, prononcé en Slovaquie, au coeur de la vieille Europe. Il vaut la peine de lire plus amplement ce discours.
On y découvre un appel à la résistance. Et un état des lieux effrayant des sociétés occidentales, de plus en plus christianophobes (et ce ne sont pas nos amis de l’Observatoire de la christianophobie qui vont dire le contraire!). On y lit aussi les causes profondes de ce mal: causes à rechercher dans un humanisme coupé de Dieu. Il y avait bien longtemps qu’un évêque de premier plan n’avait pas dénoncé cet humanisme radical et je me réjouis de voir que, progressivement, une génération d’évêques cessant de trembler devant les canons de beauté (ou de laideur) du monde, commencent enfin à parler clair. Car ce n’est qu’en désignant l’adversaire que nous pouvons le combattre efficacement.
“Des dirigeants de l’Église ont été injuriés dans les médias et même devant les tribunaux simplement parce qu’ils exprimaient l’enseignement catholique. […] Au début de cet été, nous avons été les témoins de formes de brutalité que l’on n’avait plus vues sur ce continent depuis l’époque où étaient en vigueur les méthodes policières nazies et soviétiques : le palais archiépiscopal de Bruxelles a été perquisitionné par des policiers, des évêques ont été arrêtés et interrogés pendant neuf heures sans bénéficier des garanties légales, leurs ordinateurs privés, téléphones portables et documents ont été confisqués. Même les tombes d’hommes d’Église défunts ont été violées à l’occasion de cette perquisition. Pour la plupart des Américains, cette sorte d’humiliation calculée, publique, de chefs religieux serait un scandale et un abus du pouvoir de l’État. Et cela n’est pas dû aux vertus ou aux fautes de tel ou tel des dirigeants religieux impliqués, puisque nous avons tous le devoir d’obéir aux lois justes. Le scandale tient plutôt au fait que les autorités civiles, par leur brutalité, montrent du mépris pour les croyances et les croyants représentés par leurs dirigeants. […]
Le cardinal Henri de Lubac a écrit un jour qu’”il n’est pas vrai que l’homme ne peut pas organiser le monde sans Dieu. Ce qui est vrai, c’est que sans Dieu [l’homme] ne peut en fin de compte l’organiser que contre l’homme. Un humanisme exclusif est un humanisme inhumain”.
Actuellement l’Occident s’achemine constamment vers ce nouvel “humanisme inhumain”. Et si l’Église doit réagir avec toute sa foi, nous avons besoin de mettre en pratique les leçons que vos Églises ont apprises sous les régimes totalitaires. Un catholicisme de résistance doit être fondé sur la confiance en ces paroles du Christ : “La vérité vous rendra libres” (Jean 8, 32).
Il n’est pas insignifiant que ces mots soient prononcés par l’un des principaux évêques américains et qu’ils soient prononcés en Slovaquie, au coeur de l’Europe jadis modelée par le christianisme, mais aussi martyrisée par les totalitarismes…