Un lecteur minutieux et attentif aux choses liturgiques m’envoie la précision suivante au sujet de Mgr Malcolm Ranjith:
«Vous avez parlé de l’espèce de « mini-Assise » ceylanais organisé récemment par Mgr Ranjith
http://www.osservatore-vaticano.org/curie/les-%c2%ab-hommes-bons-%c2%bb-et-les-hommes-forts-de-la-curie-romaine-3 . J’en ignorais tout et admire vos ressources en matière d’information. Sur le fond, les bras m’en tombent d’autant plus que, si je ne m’abuse, Mgr Ranjith avait été écarté une première fois de la curie romaine pour avoir refusé de suivre des applications trop osées de Nostra Aetate.
Ceci étant, j’aurais voulu vous signaler un fait également navrant au passif de Mgr Ranjith : en 2006, comme secrétaire de la Sacrée Congrégation pour le culte divin, il a contresigné le décret d’introduction de la communion dans la main en Pologne. Rorate Coeli a signalé cela (http://rorate-caeli.blogspot.com/2007/01/before-wielgus.html), mais le fait a été peu commenté. Pourtant, quelle contradiction avec Dominus Est (http://www.newliturgicalmovement.org/2008/01/ranjith-on-kneeling-for-communion.html), que le même Ranjith a préfacé moins de deux ans plus tard ! Et quel paradoxe de la part du Pape, qui a – nécessairement – approuvé ce décret de la S. Congrégation in forma communi, et qui a cessé de donner la communion dans la main à partir de la Fête-Dieu 2008. »
Merci à ce lecteur pour son utile rappel. J’ajouterai ceci : cette affaire polonaise est d’autant plus lamentable qu’une première tentative d’introduction de la communion dans la main dans ce pays avait échoué. C’était à la fin du pontificat de Jean-Paul II et il faut rendre hommage à la Fraternité Saint-Pie X, dont le rôle a été essentiel dans cette mise en échec. Quand la permission a finalement été donnée, on se demande d’ailleurs comment elle a pu être concédée en application de l’instruction Memoriale Domini. Dans ce document du 29 mai 1969, Paul VI, après avoir rappelé avec insistance l’excellence du mode traditionnel de réception, concédait du bout des lèvres la possibilité d’un indult pour la réception dans la main dans les contrées dans lesquelles cette pratique s’était déjà instaurée. Selon un mécanisme postconciliaire bien éprouvé, c’était évidemment donner une prime à la désobéissance et légaliser les abus. Mais il me semble qu’il y a abus au carré, voire au cube, quand on prétend utiliser cette faculté d’indult pour introduire la communion dans la main dans un pays dans lequel elle ne se pratiquait pas auparavant ! Ca confine à l’acharnement. Décidément, comme je l’écrivais l’autre jour
(http://www.osservatore-vaticano.org/curie/les-%c2%ab-hommes-bons-%c2%bb-et-les-hommes-forts-de-la-curie-romaine-3 ), même avec les hommes les meilleurs et les plus forts de la restauration, les contradictions et les détours ne manquent pas…
Ici, une certaine catégorie de personnes ne pourront pas invoquer (grand sport du moment et thèse favorite de la prétendue “herméneutique de la continuité”) que ce sont “des abus”. Des abus légalisés, oui, et c’est justement là le problème. Qui aura le courage de s’attaquer à cette problématique des prétendus “abus”, soit couverts, soit légalisés, soit carrément promus par des non-normes en forme de normes?