Très peu commentée dans la presse française, la nouvelle de la mise au jour d’un charnier où s’entassaient 220 corps, pour la plupart victimes, d’après les autorités, de la politique nazie d’euthanasie sur les handicapés et déficients mentaux, sur un site hospitalier de Hall dans le Tyrol autrichien a été bien mieux mise en évidence dans les médias des autres pays européens.
En France, on a essentiellement droit à une dépêche brute – et courte – de l’AFP, publiée ici par le Figaro, et à une courte dépêche de l’Associated Press, publiée ici par le NouvelObs, sans davantage de mise en forme.
Le pompon va au Post qui publie l’information de manière tout aussi laconique, et qui l’illustre avec une photo de la mise au jour d’un charnier (probablement celui du Mans) ainsi légendée :
« Un charnier d’hommes morts découvert pendant (sic) la Guerre de Vendée. »
Où, comme chacun sait, l’euthanasie était monnaie courante et la photographie parfaitement au point.
Plus sérieusement : pourquoi cette relative discrétion autour d’un fait révélateur de la barbarie nazie ? Parce que c’est une barbarie qu’on aimerait bien légaliser en France en 2011 ?
Dans la presse anglophone, on apprend que les restes de ces 220 êtres humains morts entre 1942 et 1945, vraisemblablement, entassés là sans dignité et sans respect seront soumis à autopsies quand ils auront pu être récupérés, après le dégel, pour déterminer la cause de leur mort, tandis que les travaux qui ont été à l’origine de la découverte de la « sépulture de masse » ont été arrêtés.
Un historien spécialisé dans la période de l’occupation nazie, Olivier Seifert, a précisé que l’on ne savait pas que le centre de Hall eût été utilisé comme lieu d’euthanasies systématiques, les victimes connues ayant en général été envoyées ailleurs pour y être mises à mort. Une étude précise des restes devrait permettre de savoir si la pratique de l’euthanasie des déficients s’était à ce point installée dans le système médical nazi pour être exécutée dans une certaine mesure dans un grand nombre d’hôpitaux, a-t-il ajouté.
« Nous savons que des meurtres ont été activement pratiqués dans d’autres établissements psychiatriques, par surdoses, manque de soins ou sous-nutrition des patients. »
Le directeur de l’hôpital, Christian Haring, rappelle de son côté que le cri de colère d’hommes d’Eglise avait fait arrêter le programme public d’euthanasie par les nazis en 1941, mais que la pratique s’était poursuivie discrètement par la suite et que précisément à partir de 1942, le taux de mortalité à Hall avait connu un bond marqué. Il note qu’il avait été question en 1942 de créer un service d’euthanasie à Hall.
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