L’Argentine a enregistré exactement 87 morts maternelles liées à l’avortement au cours de l’année 2009, selon des statistiques réelles publiées par le Ministère de Santé de la Nation, repris par Notivida dans son bulletin du 7 décembre, que je viens de découvrir. Ces décès représentent 0,06 % des morts féminines cette année là (144.060 au total), soit 6 pour 10.000. Trop ? Sans aucun doute. Ces femmes en détresse auraient certainement mérité qu’on leur vînt en aide pour que la pauvreté, la maladie ou la solitude ne les pousse pas à rechercher – sans doute clandestinement, les chiffres ne le précisent pas – la mise à mort de leur propre enfant.
Mais enfin ce sont ces morts provoquées par des avortements clandestins qui sont très souvent invoquées pour « justifier » la légalisation de l’avortement ; c’est le spectre brandi par le Planning familial et les associations féministes, la manière de faire pleurer Margot pour faire admettre que, « dans des cas extrêmes », la mise à mort d’un innocent puisse constituer une « solution ».
Ces décès ne sont pas seulement mis en avant, on les utilise pour demander que la légalisation de l’avortement soit une priorité absolue – et l’Argentine est actuellement la cible d’une campagne intense en ce sens, tentant à la fois d’élargir le domaine d’application de la loi dépénalisant l’avortement dans des cas exceptionnels et d’obtenir un droit général à l’avortement.
Les chiffres argentins des morts maternelles, donnés précisément district par district, contredisent cette propagande. Surtout si on les compare à d’autres chiffres (de propagande eux aussi, certes), qui annoncent de 360.000 à 500.000 avortements clandestins par an selon les sources. Au pire, cela donnerait un taux de mortalité de 0,02 % lié à ces avortements.
Le nombre total des morts maternelles s’est établi en 2009 à 410. Ce sont donc 323 décès – 3 fois plus que pour les morts liées à des avortements – qui ont été liés à la grossesse, l’accouchement et ses suites, 165 ayant une cause obstétrique directe, alors que chez 158 femmes la cause était indirecte. Si urgence il, y a, donc, elle est plutôt dans les soins à apporter aux femmes enceintes qui donnent le jour…
Le nombre de naissances s’est établi en Argentine à 745.336, on arrive donc à un taux de mortalité maternel de quelque 0,04 % dans ce cas de figure : au moins deux fois plus que pour les avortements clandestins ! Encore faut-il signaler que l’Argentine possède une bonne espérance de vie (75,24 ans en moyenne) et un taux d’alphabétisation de 97,7 %, selon des chiffres officiels cités par Wikipedia. Autrement dit, le système de soins est loin d’être misérable…
Monica del Rio, qui anime le site argentin pro-vie Notivida – très précis et qui traite notamment à fond les affaires juridiques –, rend compte de toutes ces statistiques en dénonçant la supercherie de la propagande qui fait de l’avortement légal une priorité pour éviter des décès. Elle note que parmi les morts de femmes enregistrées en 2009, soit 144.060 au total, près du tiers étaient causées par des maladies du système circulatoire, près du cinquième par des cancers, et un peu plus de 22.000 par des maladies du système respiratoire – toutes maladies qui mériteraient qu’on s’y intéresse tout autant.
Parmi ces morts il y en avaient aussi d’« évitables », souligne l’auteur, et même bien davantage. Ainsi les morts liées aux déficiences et à la malnutrition étaient au nombre de 557 en 2009.
« Ces autres décès n’occupent pas la une des journaux, ils ne provoquent pas de multiples projets législatifs cherchant à en réduire le nombre, ils n’entraînent pas des communiqués d’universitaires, ils ne méritent pas de coûteux voyages de “personnalités” étrangères, ils n’engendrent pas de séminaires qui proposent des solutions et ils ne motivent pas de décisions, que ce soit de la part des autorités de l’INADI (institution nationale contre la discrimination et le racisme) ou des juges de la SCJN (la Cour suprême de justice de la nation argentine) », écrit Notivida.
Qui démasque là très efficacement l’hypocrisie des pro-mort.