J’avais moi-même haussé les épaules en lisant la semaine passée, l’éditorial de l’hebdomadaire catholique (très progressiste) du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, The
Tablet, intitulé « U.S. bishops must back Obama » (les évêques U.S. doivent soutenir Obama). C’était le 22 août et cela traitait du projet de loi sur le système de santé
américain, dont l’opinion publique ne veut pas en l’état et que de nombreux législateurs démocrates n’envisagent même pas qu’il puisse être voté avant Noël – à supposer qu’il le soit jamais.
L’impertinence de The Tablet prêterait à sourire si elle ne s’inscrivait pas dans un vaste projet de désinformation catholique sur les enjeux de ce qui se passe aux États-Unis –
il suffit de lire La Croix ou L’Osservatore Romano pour s’en convaincre.
Le très remarquable archevêque de Denver (Colorado) Charles Chaput a pris le temps – un temps très précieux et qu’il aurait pu utiliser à d’autres fins – de dénoncer sur le site de
l’archidiocèse, le 24 août, l’impertinence et la stupidité des objurgations de The Tablet.
L’archevêque y précise que The Tablet critique les évêques américains « pour s’être trop obnubilés sur une question catholique particulière, pour s’assurer que les soins
financés par l’État n’incluent pas l’avortement, plutôt que sur le principe du bien commun ». Le journal, poursuit Mgr Chaput, « continue en disant que si les dirigeants de
l’Église aux États-Unis voulaient bien s’extraire de leurs préoccupations paroissiales, “ils pourraient jouer un rôle central dans le sauvetage du projet de santé de M. Obama” ».
Mgr Chaput estime, non sans ironie, que « cet éditorial ne manque pas de valeurs.
« Tout d’abord, il démontre une fois de plus que des gens n’ont pas vraiment besoin de vivre aux États-Unis pour avoir des opinions inutiles et nulles sur nos problèmes nationaux.
« Deuxièmement, un certain nombre de ces pieuses voix qui critiquèrent jadis les catholiques américains soutenant l’ancien Président, résonnent désormais du timbre des acolytes du nouveau.
« Troisièmement, l’avortement n’est pas et n’a jamais été une “question catholique particulière”, et les éditeurs du journal le savent bien.
« Et, quatrièmement, le mauvais usage grandissant de l’expression “terrain d’entente” ou “bien commun” chez les catholiques dans l’actuel débat sur la réforme de la santé, ne tire son origine que
de deux sources : l’ignorance ou le cynisme.
« Aucun système qui autorise ou permet de financer – qu’importe que cela soit directement ou indirectement – le meurtre des enfants à naître, ou la discrimination envers les personnes âgées ou
celles qui requièrent des soins particuliers, ne peut être qualifié de “terrain d’entente”. Le prétendre, c’est mentir. »
La leçon de l’archevêque de Denver vaut pour Londres, Paris et… Rome !