Un de nos amis consulteurs, qui laisse parfois des messages, Olivier pour ne pas le nommer (voyez sa contribution du 3 avril), a eu, comme on dit en français “du nez” puisqu’il suggérait que d’autres évêques américains pourraient bien être nommés par Rome peu avant le voyage apostolique de Benoît XVI aux États-Unis. Bravo Olivier ! vous aviez anticipé ce que nous avons appris ce matin (encore que le fait soit d’hier), à savoir la nomination d’un évêque auxiliaire et l’élévation de quatre prêtres américains en qualité d’évêque.
Pour quatre d’entre eux, je vais faire court, me réservant le droit d’en parler plus amplement prochainement (mais ce ne sera ni demain – je suis au Barroux – ni dimanche, jour où je ne touche pas à ce blogue).
1. Mgr Richard Pates (65 ans), auxiliaire de l’archidiocèse de St. Paul and Minneapolis, a été nommé évêque du diocèse de Des Moines (Iowa) où il succède à Mgr Joseph Charron qui avait présenté sa démission voici un an jour pour jour.
2. L’abbé Anthony Taylor (53 ans), prêtre de l’archidiocèse d’Oklahoma City (Oklahoma) a été nommé, après deux ans de vacance, évêque de Little Rock (Arkansas). Le nouvel évêque succède à Mgr James Sartain nommé en mai 2006 évêque de Joliet (Illinois).
3. L’abbé Oscar Cantu (41 ans) est nommé évêque auxiliaire de San Antonio (Texas), c’est-à-dire de Mgr José H. Gomez lui-même ancien évêque auxiliaire de Denver (Colorado), voyez plus bas… C’est le plus jeune évêque des États-Unis.
4. L’abbé William Justice (65 ans), prêtre de l’archidiocèse de San Francisco en est nommé évêque auxiliaire.
La cinquième nomination est celle qui recevra aujourd’hui mon attention particulière.
Il s’agit de la nomination comme évêque auxiliaire de Denver (Colorado) de Monsignore James D. Conley, âgé de 53 ans, né le 19 mars 1955 à Kansas City (Missouri).
C’est là, sans doute, la nomination la plus intéressante, en tous les cas pour le monde traditionaliste qui n’est pas à négliger aux États-Unis.
Le nouvel évêque fut élevé dans la communauté presbytérienne (père et mère) et sa conversion au catholicisme, en 1975, mérite d’être racontée.
James D. Conley fit ses études supérieures à l’Université du Ka nsas, une université plus connue pour son équipe de basket-ball que pour son christianisme ! Par curiosité, il suivit le Integrated Humanities Program (IHP), une extraordinaire filière inventée notamment par John Senior [1] et destinée à promouvoir le « mode poétique de connaissance ». Je vous invite à vous procurer sans plus attendre la brochure éditée par L’Homme Nouveau et qui reprend une interview accordée par James Taylor à Philippe Maxence, sous le titre de Restaurer l’éducation chrétienne, avec une préface – son dernier texte – de dom Gérard Calvet, fondateur et abbé émérite du Barroux. Ce que Mgr Conley en dit dans une interview à Catholic Advance Online du 1er avril est admirable, sachant qu’à cette date il a déjà été nommé évêque (cette nomination signifiée le 18 mars fut acceptée par l’impétrant le 19, jour de son 53ème anniversaire). Comme beaucoup d’étudiants de l’IHP, James D. Conley travailla pendant ses études pour économiser afin de se rendre à l’abbaye de Fontgombault en 1977 où « le latin et le chant grégorien étaient toujours très vivants ». Il y reste pendant le printemps et l’été de cette année-là s’interrogeant même sur sa vocation monastique. De là date sa conversion au catholicisme (il fut baptisé en 1991 et eut pour parrain John Senior…) et sa découverte et son admiration pour la liturgie traditionnelle qu’il célèbre tous les dimanches à la paroisse du Blessed Sacrament de Wichita (Kansas). Avec Mgr Conley, nous avons un évêque qui non seulement est favorable à la liturgie traditionnelle – comme l’est Mgr Raymond Burke, archevêque de St. Louis (Missouri) – mais pour lequel elle est une partie importante de son ministère. C’est une grande nouvelle pour les amoureux de la « forme extraordinaire » aux États-Unis et ailleurs… Le nouvel évêque sera ordonné par Mgr Charles Chaput, archevêque de Denver, le vendredi 30 mai dans la cathédrale de l’Immaculée Conception de l’archevêché.
[1] Philippe Maxence, sur son excellent blogue, Cælum et Terra, nous offre, dans l’instant, un commentaire érudit sur John Senior et l’IHP.