Sollicité par LifeSite pour expliquer les raisons de son départ subit de la direction de Human Life International au mois d’août, le P. Thomas Euteneuer, avec l’accord de son évêque, a publié une déclaration pour répondre aux rumeurs qui circulaient à propos de son rappel dans son diocèse, et pour confirmer humblement certaines d’entre elles à propos de sa conduite personnelle. C’est une démarche de vérité qui s’imposait, je crois, eu égard au remarquable travail qu’accomplit HLI et qui était en voie d’être terni par les accusations qui visaient son ancien président. Accusations qui, par le jeu de certains sites et blogs, prenaient des proportions démesurées et rejaillissaient sur le ministère pro-vie de « Father Tom ».
Ajoutons que ce prêtre a perçu le caractère proprement diabolique de l’avortement et qu’il avait consacré un ouvrage à son expérience d’exorciste à ce propos (ouvrage qui a été retiré de la vente par HLI dès l’instant où le P. Euteneuer a été rappelé par son évêque).
En prenant les devants, le P. Euteneuer accomplit un acte difficile mais en même temps il montre ce qu’est – aussi – l’Eglise, à travers ses membres indignes que nous sommes tous : une assemblée de pécheurs qui ont besoin avant tout de la miséricorde de Dieu.
Bien des scandales de ces dernières décennies auraient pu être évités si les manquements des prêtres avaient été ainsi assumés avec sincérité et accompagnés d’un vrai repentir…
Son évêque, Mgr Gerald Barbarito, a pris acte de la publicité donnée à l’affaire pour prendre la décision de laisser le P. Euteneuer s’exprimer, précisant que celui-ci avait exprimé sa « contrition » et que la manière et le moment de son retour au ministère actif n’ont pas encore été décidés. Il conclut : « Priez aussi pour que cette affaire n’aura pas d’effet néfaste sur le bien accompli au cours du ministère du P. Euteneuer pour le respect de la vie, spécialement pour les enfants à naître. »
Voici donc la déclaration du P. Euteneuer à laquelle je souhaite donner écho en langue française parce que le travail de HLI le mérite et qu’il vaut mieux aller au devant des attaques médiatiques qui, j’en suis sûre, viendront.
C’est avec une grande tristesse, mais aussi avec une certaine mesure de soulagement, que je puis désormais répondre aux questions à propos de mon départ en tant que président de Human Life International à la fin août 2010. Il m’a été douloureux de rester silencieux au vu des spéculations qui se multipliaient, spécialement lorsqu’une grande part d’entre elles disaient coupables des personnes qui étaient, en réalité, innocentes. J’éprouve de la gratitude à pouvoir ainsi rétablir la vérité afin que les spéculations s’arrêtent et que l’on puisse rejeter la faute précisément sur celui qui le mérite – c’est-à-dire, sur moi.
Les circonstances qui ont provoqué mon départ de HLI étaient liées exclusivement à mes propres décisions et à ma conduite dans le cadre du ministère d’exorcisme que j’exerçais indépendamment de mes responsabilités au sein de HLI. L’immense majorité de mes décisions et de mes actions, aussi bien sur un plan personnel que dans le cadre de ce ministère étaient moralement justes et en accord avec toutes les exigences du soin pastoral aux personnes. Elles étaient, de plus, motivées exclusivement par mon désir d’apporter une assistance de prêtre à des personnes en grande détresse spirituelle. Je dois reconnaître, cependant, qu’une situation particulièrement complexe a brouillé mon jugement et m’a conduit à prendre des décisions imprudentes avec des conséquences dommageables, la pire d’entre elles ayant été de violer les limites de la chasteté avec une femme adulte dont j’avais la charge spirituelle.
J’assume l’entière responsabilité de mon jugement défectueux, de ma faiblesse et de ma conduite peccamineuse qui en ont résulté. Je n’invoque aucune excuse à propos de mes échecs professionnels ou moraux, et je n’en accuse nul autre. Je déclare sans réserve que je regrette profondément mes actes. J’ai personnellement présenté mes regrets, là où c’était possible, à quiconque j’ai pu causer du tort. Je suis attristé au-delà de ce que je puis exprimer par ma chute, non seulement en raison du tort causé à la prêtrise et à ma famille, mais aussi pour le tort causé à d’autres qui en ont été affectés, à la foi de ceux qui ont eu tant confiance en moi et en notre Eglise, et au mouvement pro-vie, si riche de gens héroïques et fidèles. Je dois faire face et réparer en raison de la déception dont j’ai été la cause. J’ai évidemment demandé le pardon de Dieu et j’ai confiance en son infinie miséricorde. Je suis aujourd’hui reconnaissant de pouvoir vous demander publiquement pardon aussi.
Pour ce qui est de mon départ de HLI, les responsables de l’Eglise sont totalement sans faute, puisqu’ils ont répondu de manière rapide et appropriée à une crise dont ils ne portaient pas la responsabilité. Je fais cette déclaration pour le bien de la justice, afin d’exonérer les responsables de l’Eglise qui ont été injustement critiqués par ceux qui ont écrit et parlé tout en ignorant les faits.
Bien que je préférerais m’en tenir à cet acte public de contrition, j’ai le regret de devoir confronter les mensonges malicieux qui ont été publiés au cours de la semaine passée sur divers sites internet. Je peux seulement dire que je suis choqué jusqu’au tréfonds de mon être de voir les entreprises malignes de catholiques supposés fidèles cherchant à détruire un prêtre qui a fidèlement servi l’Eglise pendant 22 ans. Ceux qui faisaient campagne ont déployé des efforts intolérables pour contacter ma famille, pour diffamer des collègues innocents et même pour solliciter d’autres personnes avec qui j’ai prié, et pour les persuader de ce qu’elles étaient aussi victimes, malgré leurs déclarations contraires sans équivoque. Certains ont même allégué faussement et avec malice qu’une personne possédée vit dans la maison de ma famille. Nul ne devrait avoir à endure une telle malveillance ou une telle manière de traiter les membres innocents d’une famille. Malgré la rhétorique de la justice et de la recherche de la vérité, cette campagne peccamineuse n’a pas apporté une seule contribution positive au règlement de cette situation difficile qui a déjà été traitée de manière appropriée par les autorités de l’Eglise depuis près de six mois.
Bien que j’accepterais volontiers de souffrir les calomnies en silence pour la réparation de mes péchés, et bien que sachant à quel point il est inutile de répondre à chaque hurluberlu qui a un site internet, je ne puis demeurer silencieux quand de tels mensonges menacent de faire du tort à l’Eglise, à la prêtrise et d’autres personnes et organisations innocentes qui ont été ou qui sont toujours liées à ma personne. J’affirme donc – et ne dévierai jamais de cette affirmation – que ce qui suit est vrai :
• Mes violations de la chasteté sont limitées à une seule personne, une femme adulte ;
• Ces violations de la chasteté avaient pour cause la faiblesse humaine mais n’ont pas comporté l’acte sexuel ;
• L’accusation selon laquelle j’aurais « ciblé » des femmes vulnérables ou que je les aurais recherchées en vue de la direction spirituelle est entièrement fausse et constitue une calomnie sérieuse à l’égard de ma personne et de mon ministère ;
• Sauf rares exceptions, mon ministère d’exorcisme et de prière a toujours été mené en présence d’assistants pour la prière (des tierces personnes) ; les situations où les prières ou les soins pastoraux ont eu lieu sans assistants étaient des situations exceptionnelles où je croyais qu’il était nécessaire pour moi d’agir vite afin d’aider la personne qui souffrait ; bien que cela ne suive pas le protocole approprié, ces écarts par rapport à la norme n’ont jamais été motivés par le désir d’être seul avec des femmes vulnérables ;
• Je récuse toute allégation d’irrégularités financières dans la conduite de mon ministère de prière et d’exorcisme ; je n’ai jamais, en aucune circonstance, demandé d’argent pour ce ministère si ce n’est pour le remboursement de frais de voyage, et je n’ai pas utilisé les fonds de HLI pour ce travail ; tout présent qui a pu m’être donné n’était pas sollicité et n’a été accepté que pour ne pas offenser le donateur, et a été immédiatement, dans la plupart des cas, offert à ceux qui sont davantage dans le besoin que moi ;
• Je n’ai pas connaissance de personnes qui auraient obtenu des compensations financières dans cette affaire, et je n’ai pas demandé qu’elle soit donnée.
Je prie pour que mes deux décennies de ministère sacerdotal fidèle, et les efforts que j’ai déployés pour la défense de la vie, puissent être vus à la lumière des bons fruits qu’ils ont produits et non pas dénigrés en raison de mes moments de faiblesse au cours d’un ministère difficile. Je voudrais déclarer également que je n’ai jamais seulement pensé à quitter le saint sacerdoce ou l’Eglise catholique romaine en conséquence de mes manquements. A l’heure actuelle je suis dans l’obéissance à mon évêque qui m’a autorisé à faire cette déclaration et entre les mains duquel j’abandonne toute question en rapport avec la poursuite du ministère sacerdotal. Je conclus en exprimant ma plus profonde reconnaissance pour les prières des nombreux soutiens généreux de ma prêtrise et du mouvement pro-vie.