Il faut le dire en toute simplicité et avec un grand respect : l’annonce que le Bureau des Cérémonies du Pape a donné son feu vert pour l’engagement de filles pour servir la messe lors de la messe du Pape à Fribourg-en-Brisgau (il y aura neuf servantes et huit servants), lors de son voyage pastoral en Allemagne, a produit un choc assez pénible pour bien des catholiques.
Comme on le sait, la concession des filles pour le service de l’autel est une simple suppléance, pour ne pas dire un « abus », dont on ne voit pas pourquoi elle est promue en une circonstance aussi significative. Le service de l’autel en ladite circonstance revient de droit et symboliquement à des séminaristes ayant reçu une institution (laquelle remplace les anciens ordres mineurs) se destinant au sacerdoce, ou à tout le moins à des garçons vêtus justement en « clercs », seuls aptes à pouvoir suppléer des aspirants au sacerdoce.
Il est certain que l’exemplarité d’une telle cérémonie ne manquera pas de fonctionner auprès d’un certain clergé qui, non sans certains fidèles en nombre certain, n’attend que cela, non certes pour pratiquer la chose, ce qui est déjà largement le cas, mais pour la présenter comme un acquis irréversible, sanctionné par l’exemple du Pape.
Il est vrai que les pressions de la Conférence des Évêques d’Allemagne ont dû être considérables. Il est possible que ce point ait été « lâché » pour pouvoir refuser d’autres revendications. Il est certain en tout cas, au témoignage de ceux qui approchent le Saint-Père, qu’il se prépare à ce nouveau voyage dans sa patrie avec des appréhensions extrêmes. L’état du catholicisme allemand est notoirement désastreux et tous domaines, sauf qu’il reste un catholicisme financièrement riche et à cause de cela, jusqu’à un certain point, puissant médiatiquement. Les journaux progressistes, les associations, les mouvements violemment hostiles à toute « restauration » sont bien déterminés à manifester leur mauvaise humeur. Des manifestations fort désagréables ne sont pas à exclure.
Fallait-il pour autant consentir à ce coup de griffe profond dans le dessein de « réforme de la réforme », et même, plus gravement bien qu’indirectement, à la doctrine rappelée par Ordinatio sacerdotalis, concernant le fait que le sacerdoce a été réservé aux hommes par la volonté du Christ (exactement de la même manière qu’il a choisi le pain et le vin pour matière du sacrifice eucharistique) ? Avec un grand respect, encore une fois, on peut s’interroger sur l’à-propos des conseils donnés au Pape par un petit entourage, certes très bien intentionné dans la protection qu’il lui assure pour ménager ses forces, et l’on peut même s’interroger sur l’opportunité de cette protection psychologique renforcée.