Sur son blog, le supérieur de l’Institut du Bon-Pasteur (IBP) revient sur Mgr Lefebvre, vingt ans après le retour à Dieu, du fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. De ce texte de l’abbé Laguérie, plusieurs aspects ressortent.
1°) Le refus de « récupérer » la mémoire de Mgr Lefebvre
Je n’annexerai pas Mgr Lefebvre à ma cause ! Je n’en ai ni le gout, ni le droit, pas même la tentation. Personne ne le peut, d’ailleurs, qui aura mesuré une fois pour toutes l’envergure historique de cet évêque de l’Eglise Catholique (universelle). Sa doctrine, ses options et ses choix, son charisme en un mot, n’appartiennent à personne et ce serait lui faire injure que de le réduire à une quelconque mouvance, Fraternité comprise. Seule son Autorité de Fondateur-Supérieur de la Fraternité Sacerdotale saint-Pie X se prolonge en ses successeurs légitimes. Le reste est à tous.
2°) Le refus de déduire son action actuelle de la présomption de ce qu’aurait fait ou n’aurait pas fait Mgr Lefebvre. À ce titre, il livre un témoignage intéressant sur la question des Sacres 1988.
Prophétiser aujourd’hui pour demain à partir d’hier ce que Mgr Lefebvre aurait fait maintenant me parait également une folle audace. A la vérité, je n’en sais rien ! La centaine de prêtres réunie deux fois en la salle des catéchismes de Saint-Nicolas du Chardonnet, autour du fatidique 5 mai 1988, a applaudi à tout rompre aussi bien à l’annonce du protocole qu’à sa dénonciation. Hardi défenseur des sacres, je fus pourtant de cette masse. La vérité, c’est qu’il était seul à pouvoir apprécier ce geste, dont la plupart de ses collaborateurs immédiats le dissuada…. Reste que l’histoire lui a amplement donné raison. La Tradition Catholique, malgré nombre de changements opérés depuis dans le bon sens, a encore bien du mal à s’imposer ; sans les sacres, elle était morte. Ses ennemis le savaient mieux que nous. Quel est ce prêtre, cet évêque même, qui peut dire, à célébrer aujourd’hui la messe grégorienne, qu’il ne le doit pas, de près ou de loin, à la vaillance de Mgr Lefebvre ?
Maintenant, lui faire dire ceci ou cela pour le présent, relève du tour de passe-passe et de la prestidigitation ! S’envoyer au visage des citations, forcément circonstancielles, de Mgr Lefebvre pour nous dire doctement ce qu’il ferait certainement aujourd’hui est assez pitoyable et, de surcroît, peu respectueux de sa mémoire. Par définition la prudence est l’application de principes immuables, certes, mais à des circonstances infiniment variées. A circonstances différentes, choix prudentiels divers. Ces spécialistes de la citation appropriée (Et infaillible d’un comportement futur !) le font passer pour une girouette. De son vivant, il a lui-même varié beaucoup, suivant les circonstances et c’est tout à son honneur ; ses choix étaient tellement crucifiants ! La prudence est une vertu, disposition personnelle ; il n’y a pas de prudence par procuration.
3°) S’appuyer sur l’essentiel : son enseignement doctrinal.
C’est l’enseignement doctrinal du prélat qui ne souffre aucune contestation, et lui seul. Là, il n’a pas bougé d’un iota. On peut même dire qu’il n’a eu aucune doctrine personnelle et s’est volontairement contenté (Quelle sagesse !) de redire inlassablement l’enseignement de l’Eglise dans les grandes encycliques des papes. Que les « vieux », qui étaient bien jeunes alors, se souviennent : ça nous agaçait même quelque-peu ! On attendait souvent qu’il choisisse, qu’il tranche et prenne parti dans une thèse théologique, pour ou contre Cajetan ou Capreolus sur la personne, pour ou contre les franciscains ou les thomistes sur le motif de l’Incarnation, pour ou contre une spiritualité à la française ou à l’espagnole…. Jamais il ne se livra à cet exercice combien légitime pour un double docteur en Philosophie et Théologie. Il sentait d’instinct que l’unité n’est que dans les choses nécessaires, pourvu que la charité soit en toutes. Il concevait la fidélité et son rôle providentiel en celle-ci comme lui interdisant tout particularisme. Sa seule « spiritualité » connue fut celle de l’Eglise Catholique, celle du Saint-Sacrifice de la messe, sans compromission, là-dessus comme en tout. Les très rares fois où il se « lâcha » en politique concernait des domaines où la religion était immédiatement impliquée comme dans la décolonisation révolutionnaire de l’Afrique. Quelle lucidité prophétique.
4°) Il faut réunir les moyens pour « faire l’expérience de la Tradition ».
A la veille d’un choix historique pour la Fraternité saint-Pie X, je ne sais pas ce qu’aurait fait Mgr Lefebvre, encore moins ce que doivent faire à présent les dirigeants de son œuvre. Mais je suis persuadé, concernant le passé récent et comme je le dis depuis 8 ans maintenant, qu’il ne s’y serait pas pris de la sorte et ne se trouverait pas dans ce piège. Il n’aurait pas engagé de « discussions doctrinales » avec Rome et la phrase qu’on cite sans cesse de lui ne dit pas cela. Elle affirme que c’est lui, Mgr Lefebvre, qui aurait posé les questions et non plus les autorités, ce qui n’est pas la même chose, voyons. Au terme de discussions on est nécessairement d’accord ou non, on s’accorde ou c’est la rupture doctrinale, avec toute la gravité qu’elle comporte. C’est un risque fou, peut-être suicidaire. Mgr Lefebvre, en revanche, se serait efforcé de négocier pas à pas des conditions pratiques optimales pour la vie (« Expérience ») de la Tradition et il me parait parfaitement raisonnable de penser que, là-dessus, les autorités romaines se fussent montrées très souples. Car que chercher ? Une absence de compromis doctrinal avec le maximum de garanties pratiques, n’est-ce pas ? Mais il risque de se produire exactement l’inverse : un bidouillage doctrinal doublé d’une paralysie concrète. Ou encore, en cas d’échec complet de toute entente, une réinscidence des peines et censures, élargies aux prêtres, qui sait, aux fidèles ? Quod Deus avertat !
Je n’ai pas cité l’intégralité de ce texte de l’abbé Laguérie. Il est à lire entièrement sur son blog. Il se termine par un appel au miracle.
Ce texte n’est pas sérieux.
D’un côté, l’abbé avoue – et c’est prudent – qu’il ne sait pas ce qu’aurait fait Mgr Lefebvre aujourd’hui.
” Prophétiser aujourd’hui pour demain à partir d’hier ce que Mgr Lefebvre aurait fait maintenant me parait également une folle audace. ”
D’un autre côté, l’abbé “prophétise” en essayant d’imaginer ce que Mgr Lefebvre aurait fait…
“il ne s’y serait pas pris de la sorte et ne se trouverait pas dans ce piège. Il n’aurait pas engagé de « discussions doctrinales » avec Rome”.
Cette curieuse volonté de faire parler Mgr Lefebvre n’est-elle pas tout simplement “folle audace” ? Je ne lis pas dans ce ton employé par l’abbé cette volonté de “réunir des moyens” que notre ami Saint-Placide évoque dans le dernier sous-titre… Dommage.
Quant à croire les prédictions de l’auteur qui nous promettait déjà, il y a quelques années, l’inéluctable déliquescence de la Fraternité et le triomphe certain de l’IBP, je m’en garderais bien…
Dieu, dans son infinie sagesse, a permis que Mgr Fellay succede a Mgr Lefebvre.
Erasmus Minuscule, votre insistance maladive sur “les Evangiles” sent le néoprotestantisme à plein nez. Comme si le Saint Esprit ne guidait pas l’Eglise et comme s’il n’y avait que l’Eglise primitive qui trouvât grâce à vous yeux. Tout s’est ensuite corrompu, c’est ça? La théologie, les conciles et le magistère qui se sont développés au cours des siècles sont systématiquement des déviations par rapport à l’Evangile? Dans ce cas, il est urgent de nous signaler que l’Eglise catholique est dans le schisme depuis 1700 ans ou plus.
Cher érasmus,votre étonnement devant nos “délires” est étonnant.Un certain Erasme(major) a fait “l’éloge de la folie”Erasme avec nous….!Délirants de tous les pays,unissons nous….! cordialement.
C’est parfait, Easmus Minuscule, vous confirmez que pour vous l’Eglise se trompe depuis 1700 ans. Vous êtes dans le schisme en plein. Si vous n’êtes pas content ici, pourquoi n’allez-vous pas voir ailleurs? Chez vos amis protestants, par exemple, dont vous partagez très bien la mentalité.