Toujours sur son site, l’abbé Aulagnier publie la dépêche de l’agence KIPA/APIC, que j’ai également publiée, sur l’instruction d’application du Motu Proprio Summorum Pontificum. Il ajoute ce commentaire :
Je crois à cette annonce et pas à celles que nous faisaient tous les prophètes de malheur: un retour en arrière dans l’application du Motu Proprio de Benoît XVI. Il y a nécessairement dans un gouvernement une cohérence et dans la pensée et dans l’action, surtout si ce gouvernement est celui du Souverain Pontife. Déjà, sous le Pontificat de JP II, le cardinal Stickler avait laissé entendre clairement que quelles soient les pressions, le pape n’irait pas en arrière. Je le crois d’autant plus pour Benoît XVI. IL s’est exprimé des années durant sur la liturgie, sur une nécessaire réforme liturgique. Le Conclave a su qui il élisait comme Pape en choisissant le Cardinal Ratzinger. Il est peut être « réservé », il est peut être « discret », il est peut-être « doux ». C’est son caractère. Mais il est cohérent. Il est logique. Il croit à la vérité de ses propositions. Il ne va pas changer de politique tous les quarts d’heure quelles que soient les pressions qu’il peut subir de ci de là.
Courage. Et prions. Et toutes ces pétitions sont inutiles et qui plus est, un « affront » au Souverain Pontife. C’est croire que le Pontife est une girouette. C’est pas sérieux.
Nous aussi nous voulons croire en la vérité de cette annonce. Et que l’abbé Aulagnier y croit ou pas ne changera rien à la réalité. Il était facile de se rendre à Rome pour se renseigner auprès des personnes compétentes, en multipliant comme il se doit les sources d’information et vérifier que les rumeurs étaient fondées. Elles ne mettaient pas en cause Benoît XVI lui-même, mais une partie de ceux qui travaillent à cette question. L’abbé Aulagnier ne s’est pas interrogé sur l’éventuelle répercussion au sein d’une partie de la curie de la mobilisation contre ces rumeurs.
Or, il y a bien un entourage auprès du Pape, au sein de la curie et des autres organismes pontificaux qui ne va pas dans le sens du Pape. L’abbé Barthe, dans un livre retentissant, a parlé de l’opposition romaine à Benoît XVI. Jean Madiran, dans Présent de ce mercredi, vient d’en apporter une preuve supplémentaire. L’article entier est à lire. Il n’a rien à voir avec le décret d’application du motu proprio ? Pas directement, c’est certain. Et, pourtant, il révèle bien l’état d’une situation générale qui nous oblige pour le moins à être prudent. On lira l’intégralité de l’article de Jean Madiran dans Présent (en kiosque ou à commander auprès du quotidien via son site ICI) :
Le triste parti montinien affiche son insolence
« Directeur-adjoint », pas moins, de L’Osservatore Romano, le dénommé Carlo Di Cicco nous fait savoir, selon une profession de foi rapportée entre guillemets par La Croix, qu’à son avis « il est important et très innovant d’appliquer la réforme demandée par le Concile et appliquée par Paul VI ».
Contexte et occasion, toujours selon La Croix, de cette déclaration effrontée : le directeur-adjoint entend « tirer » ainsi lui-même « les conclusions d’un congrès sur la liturgie » qui s’est tenu à Rome à la fin du mois de février. Et, cette fois en style indirect, La Croix indique qu’il « a estimé que l’instrumentalisation de certains abus avait produit une critique injuste visant la réforme elle-même ». Car la réforme elle-même devrait sans doute n’être ni critiquée ni réformée ? C’est tout de même protester un peu tard contre les critiques formulées par le cardinal Ratzinger et contre son espoir d’une « réforme de la réforme ».
— Et c’est dans L’Osservatore Romano ?
— Mais oui !
Ah, bon…
(…)
Plus de trente années après la mort de Paul VI, quand on en est déjà à son troisième successeur, le parti montinien est toujours là, et il ose se réclamer de l’abus de pouvoir de Paul VI, l’abus liturgique, l’interdiction de la messe traditionnelle ! Nous avons toujours pensé et toujours dit que cette interdiction était un abus de pouvoir sans valeur juridique et sans autorité morale. Benoît XVI, par son motu proprio du 07.07.07, a confirmé qu’il s’agissait bien d’un abus.
Mais quel abus !
L’interdiction de la messe, d’abord imposée en fait, puis explicitement énoncée, – par un pape !
Si l’on y pense un peu, on s’aperçoit qu’un tel crime a été, dans l’histoire de l’Eglise, d’une gravité sans précédent.
On se demande parfois s’il y a un parti véritablement constitué ou simplement un courant idéologique très contagieux diffusant le pénétrant brouillard de cette « apostasie immanente » qui ravage le catholicisme ; et s’il existe, comment le nommer. On pense à la « démocratie-chrétienne », qui prétendait christianiser la démocratie et qui n’a réussi qu’à démocratiser son christianisme. Elle n’est pas innocente. Mais il ne s’agit pas ici d’un parti politique. C’est un parti politico-religieux. Et c’est bien le parti montinien, puisqu’il en est toujours à se réclamer de Paul VI alors que, je le répète encore une fois, celui-ci est mort depuis plus de trente années et que nous en sommes à son troisième successeur. « Parti montinien » n’est donc pas une appellation anachronique, elle est tristement exacte. Il s’affiche comme tel. Sûr de lui et dominateur, il frappe du poing sur la table, il se déclare tel qu’il est : bien incrusté.
On ne saurait mieux dire.
Bien incrusté la parti montinien ? Peut-être plus pour longtemps : c’est pas des perdreaux de l’année, ni même de l’année dernière. Il arrive toujours un moment où il faut lâcher la rampe.
RIP …
L’abbé Paul Aulagnier est à contretemps, mais il est touchant.
“La vérité ne triomphe jamais, mais ses adversaires finissent par mourir” Max Plank
De plus la Vérité triomphe toujours car c’est Jésus lui même.