Je voudrais attirer l’attention sur un article important de Jean Madiran, paru dans Présent de ce jour. Nous avons beaucoup parlé ces derniers temps de restrictions touchant à l’application du motu proprio Summorum Pontificum. Nous appuyant sur des informations venant d’informateurs romains, nous avons pu confirmer ce que deux blogs étrangers ont révélé (Rorate Caeli et Messainlatino) concernant l’instruction d’application du motu proprio.
Mais il y a un signe évident d’une restriction majeure. C’est Jean Madiran qui le soulève dans l’article dont je reproduis une partie, vous invitant à aller acheter Présent pour en lire l’intégralité :
Le Pape qui a libéré de son interdiction la messe traditionnelle a lui-même été pris en otage : il ne peut la célébrer.
Six ans bientôt après son élection, plus de trois ans après son motu proprio du 07.07.07, le recul est maintenant plus que suffisant pour qu’apparaisse cette criante anomalie.
L’hypothèse extrême selon laquelle le Pape réserverait le « rite extraordinaire » pour des circonstances elles-mêmes extraordinaires et solennelles serait en contradiction avec ce qu’explique, ce qu’annonce, ce qu’ordonne le motu proprio Summorum Pontificum. Et d’ailleurs, au cours de ces années, les célébrations solennelles n’ont pas manqué.
Le fait est là : le cardinal Ratzinger a plusieurs fois publiquement célébré la messe traditionnelle. Le pape Benoît XVI, jamais encore.
Certes, un pape peut penser et agir autrement qu’il ne le faisait quand il était cardinal.
Mais là, ce n’est point le cas : le motu proprio du 07.07.07, ce n’est pas le Cardinal qui l’a fait, c’est bien le Pape.
(…)
Le Motu proprio et la Lettre aux évêques qui l’accompagnait sont des textes que la plupart des fidèles et des prêtres n’ont pas sous la main et qui peuvent d’autant plus facilement faire l’objet d’« herméneutiques » de bonne ou de moins bonne foi. La célébration de la messe traditionnelle par le Pape serait pour la catholicité actuelle beaucoup plus décisive que des textes, ce serait un geste. Et un geste renouvelable.
Le parti adverse a fait ce qu’il fallait pour que ce geste soit indéfiniment remis à plus tard.
Ce parti adverse est un parti épiscopal, mais souvent dominé par ses affidés fortement installés à l’intérieur des bureaux ecclésiastiques, y compris ceux de la Curie romaine.
Il aggrave présentement la crise de l’Eglise dont les jeunes générations aspirent à sortir par un retour général à la Tradition dont l’urgente nécessité leur apparaît de plus en plus clairement.
Non moins clairement il apparaît que trop de pressions intenses s’exercent sur le Saint-Siège pour empêcher et pour obtenir. Ces pressions extérieures sont relayées à l’intérieur de l’Eglise par le parti épiscopal de l’apostasie immanente. On voit des béatifications artificiellement écartées, retardées ou accélérées à grand renfort d’orchestrations médiatiques. En outre la prochaine célébration d’Assise III risque de réclamer des distinctions et nuances verbales encore plus subtiles, encore plus acrobatiques, encore plus intraduisibles que ne l’avaient fait Assise I et Assise II. Les brumes s’obscurcissent.
La messe du Pape est la clarification attendue.
C’est le cardinal RATZINGER qui écrit dans
“Credo pour aujourd’hui” p.209 que “ce qui est au centre de la crise del’Eglise, c’est la mort de Dieu”, or qui a juré “la mort de Dieu” sinon la pensée marxiste ?
Le drame de l’Eglise d’Algérie et le “pogrom” qui en a résulté pour un million de chrétiens en 1962, est le résultat direct de l’engagement du cardinal DUVAL auprès du FLN, un cardinal “social révolutionnaire” qui prétendait instaurer la justice par le biais de l’injustice.
Alors comment ne pas voir un lien entre tous ces éléments : le rejet du “motu proprio” s’explique entre autres par le fait que le logiciel de l’Eglise est désormais parasité par le virus marxiste.
Il faudrait inviter le pape dans une communauté traditionnelle. Là je pense qu’il ne refuserait pas de célébrer selon l’usus antiquior. Au contraire il le ferait avec plaisir comme il l’a fait, en tant que cardinal, à l’abbaye du Barroux.
Je me demande pourquoi cet événement ne s’est pas encore produit.
M. Ferrand, votre suggestion est bonne mais il faut encore voir si une telle invitation serait acceptée. L’entourage du pape trouverait que c’est une visite trop “marquée” et le pousserait à y renoncer.
Regardez simplement ce qui s’est passé à Birmingham l’an dernier. Le pape a béatifié le cardinal Newman, fondateur de l’oratoire de cette ville. Actuellement, comme celui de Londres, l’oratoire de Birmingham est très proche des orientations du pape et notamment biritualiste. C’était une occasion en or pour accompagner la béatification d’une messe “en forme extraordinaire”. Dans le sanctuaire, le pape n’était même pas particulièrement assisté par des prêtres et diacre de l’oratoire du lieu. C’était pourtant leur fondateur qu’on béatifiat! Cette cérémonie a été monopolisée (dans le personnel mais aussi dans l’esthétique et le style liturgique) par la même clique de l’épiscopat anglais. La même grisaille.
Pendant son séjour à Birmingham, le pape a rendu une visite privée à l’oratoire. Privée! Dans ce cas, il fallait faire la béatification de Newman en privé. Soyons logiques.
Bref, tout ce luxe de précautions, ce “cordon sanitaire” simplement pour une communauté biritualiste… Alors a fortiori pour une communauté exclusivement “tridentine”.
Oremus pro pontifice nostro.
Tenons le pari. Passons par dessus le cordon sanitaire. Invitons directement le pape.
(Je ne peux pas, personnellement. Je ne suis pas abbé de monastère. A peine un paroissien toléré, et encore entre deux chaises, ou deux ou trois chapelles…)
Je réponds à Le virus marxiste.
J’ai bien connu le cardinal Duval en Algérie. Je le considérais comme un saint.
Un soir, en descendant de Notre-Dame d’Afrique, je me suis trouvé bloqué par la pluie sous un auvent en même temps que lui. Il lisait son bréviaire à côté de moi. Je n’ai pas osé lui adresser la parole. J’ai fait semblant de ne pas le reconnaître.
C’était un prêtre à la piété plutôt traditionnelle : il n’a jamais accepté de célébrer la messe face au peuple. Grand ami de Jean XXIII et de Paul VI.
Evidemment il a participé à l’aventure du Concile et de l’indépendance algérienne avec grand courage et ouverture d’esprit. Honoré du cardinalat, à ce titre, par Paul VI. Je n’ai jamais aperçu dans sa pensée une once de marxisme. C’est grâce à lui que l’Eglise a réussi à se maintenir tant bien que mal en Algérie, et il a accepté aussitôt la double nationalité.
En plus c’était un ascète. Je le verrais très bien un jour béatifié.