Dans un livre qui vient de paraître en Italie, le professeur Roberto De Mattei propose une histoire inédite du Concile Vatican II. Il le présente comme un travail historique plutôt que théologique, même s’il n’évite pas de s’interroger sur la question de la continuité ou de la discontinuité du Concile avec le magistère antérieur. Il semble que son livre soit surtout à voir comme une réponse aux travaux de l’école de Bologne, d’orientation progressiste et dont la monumentale histoire du Concile a été éditée en France par les éditions du Cerf. Plusieurs échos se sont déjà fait jour en Italie, où, insistons sur ce point, le débat est possible et les conditionnements historiques et idéologiques bien différents de ceux qui persistent en France. Certains sont en accord avec l’auteur, d’autres prennent leur distance.
Roberto De Mattei s’attache dans ce livre à reconstituer ce qui s’est passé à Rome entre le 11 octobre 1962 et le 8 décembre 1965. Il ne faut pas cacher que l’auteur fait émerger dans ce travail historique des éléments de discontinuité entre le Concile Vatican II et le magistère antérieur. C’est d’ailleurs ce que certains lui reprochent. Selon ces critiques, en mettant ces aspects en lumière, l’auteur ne facilite pas la tâche d’une interprétation du Concile selon une herméneutique de la continuité.
De fait, Roberto De Mattei se retrouve dans un équilibre délicat. Au début de son livre, il souligne son attachement au pape Benoît XVI et à son désir de redonner aux textes conciliaires une interprétation conforme à la Tradition. Mais son travail montre toute la difficulté de l’affaire. Vatican II a introduit un langage nouveau, a limité ses ambitions, a laissé sous silence certains domaines. L’historien ne peut l’ignorer. Le théologien le peut-il ? On l’a cru et, de ce fait, les questions touchant la compréhension de Vatican II perdurent.
De Mattei, d’ailleurs, fait remarquer que l’on ne peut séparer le Concile du contexte dans lequel il est né, pas plus que l’on ne peut séparer le Concile des effets qui l’ont suivi. Aucun événement humain ne peut être appréhendé par l’historien, sans qu’il soit relié à ce qui le précède et à ce qui le suit. Vatican II n’est pas une parenthèse de trois ans. On ne peut certes le réduire à son épaisseur historique, ce qui serait une autre erreur. Mais pour une juste perception de ce qu’il fut et de ce qu’il est, le travail de l’historien est nécessaire. Il sert alors de matériaux au jugement du théologien, et plus encore, aux précisions du magistère.
Publié à Turin, aux éditions Lindau, Il Concilio Vatican II, Una storia mai scritta, comprend outre l’introduction, la bibliographie, la conclusion et l’index, sept parties découpées chacune en plusieurs chapitres.
1°) LA CHIESA NELL’ETÀ DI PIO XII ;
2°) VERSO IL CONCILIO
3°) 1962: LA PRIMA SESSIONE
4°) 1963: LA SECONDA SESSIONE
5°) 1964: LA TERZA SESSIONE
6°° 1965: LA QUARTA SESSIONE
7°) L’EPOCA DEL CONCILIO (1965-1978
“Remettre le Concile dans son contexte”…Ce contexte était naturel,historique,bien sûr, mais il était sensé être surnaturel, inspiré d’en-haut…
J’ai vécu activement cette époque.Il n’était question que d’une “nouvelle Pentecote”.”L’esprit(lequel?) soufflait en tempête” entendait t’on dans toute la chrétienté et Mgr Marty se pâmait dans une euphorie bien touchante.
Mais quel esprit a produit un tel désastre? Je ne peux pas croire que le Saint Esprit, le Vrai, le Seul, l’Esprit de Clarté ait pu participer en Sa Puissance infaillibleà cette assemblée et surtout collaborer aux conséquences que l’on connait.(Apostasie Profanations, démission,confusion, désunion ETC).Il est pourtant sensé faire partie du “contexte”dont on parle.En tous cas, les “fumées de Satan” et de ses complices ) ont eu le dessus.Que le Saint Esprit,l’Esprit de Vérité et de Charité nous pardonne de Le rendre ainsi coresponsable “contextuel” de ces contrazadictions Qu’enfin le “oui soit oui et le non soit Non”et le reste est subtile vanité.Dieu est tout puissant, mais il y a une seule chose qui Lui soit absolument impossible :Se contredire…
Il ma paraît nécessaire de se reporter aux 3 LIBER ACCUSATIONNIS présentée à ROME en 1973,1983 et 1993 par Monsieur l’Abbé de NANTES pour juger que le CONCILE VATICAN II est profondément néfaste et a conduit à une désertion massive des fidèles et à un lâchage des prêtres et de la hiérarchie soudée par un pacte conciliaire.
Merci pour la recension de cet ouvrage, qui aidera sans doute à faire progresser une réelle discussion. Il est franchement lassant d’entendre répéter les poncifs sur l'”herméneutique de continuité”, qui tient plus du postulat que de la démonstration.
C’est se moquer du monde que d’isoler des passages de Vatican II d’autres passages (qui disent à peu près le contraire) et, encore plus, de les isoler de leur genèse (rejet de formulations plus claires et plus nettes) et du contexte général de l’événement. On nous a suffisamment gavés de nominalisme pour éviter de reconnaître que le roi est nu. Ce n’est pas un service à rendre à l’Eglise. Merci au professeur De Mattei pour sa franchise, qui fait avancer le status quaestionis.
Kris : réjouissons-nous effectivement de la parution de ce livre qui va enrichir la réfléxion mais, si je puis me permettre, autant le pape donne des arguments en faveur de l’herméneutique de continuité autant force est de constater que “Il est franchement lassant d’entendre répéter les poncifs sur l’ “herméneutique de rupture” qui tient plus du postulat que de la démonstration” !
Postulat archi-faux puisque par définition le Magistère ne peut pas se contredire sur le fond !
Qu’il y ait des nouveautés c’est sûr mais que ces nouveautés soient en rupture avec le passé : ce n’est pas possible !
Il faut pouvoir harmoniser le nouveau et l’ancien (cf. l’Evangile “nova et vertera”) c’est tout l’enjeu de l’herméneutique de continuité et c’est la raison d’être de la proposition très intéressante de Mgr Schneider : un nouveau syllabus afin de clarifier la situation.
Au fond tout ceci nous montre une chose : nous avons besoin du phare de vérité qu’est Rome et donc le pape !
Gérard, quand le magistère s’auto-castre par le fait qu’un concile oecuménique ne veut pas dogmatiser alotrs que c’est sa fonction, comment pouvez-vous parler de magistère? Il y a contradiction précisément parce que le magistère a renoncé à s’exercer.
Encore une fois vous confondez Magistère extraordinaire et Magistère ordinaire !
Pour vous le Magistère c’est forcèment à coup d’anathèmes. Et bien : non !
Lisez Vatican I, Humani generis de Pie XII et acceptez que le Magistère parle aussi de façon ordinaire.
Ceci étant, Vatican II n’a pas voulu anathémiser. Pourquoi ? Parce qu’il s’est réuni dans un contexte où il n’y avait pas d’hérésie à combattre en direct et rapidement.
A contrario, Trente s’est réuni face au protestantisme.
Je vous concède que Vatican II s’est réuni dans une atmosphère de modernisme (déjà condamné par St Pie X en particulier) et le tort de Vatican II a peut-être été de refuser a priori et par principe d’anathémiser.
D’où le bazar qui l’a suivi.
D’où la nécessité aujourd’hui de remettre les choses dans l’ordre et au clair !
Conclusion : est-il raisonnable de convoquer un concile sans anathèmes à la clé ?
La réponse est peut-être négative !
Gérard, je sais bien qu’il y a différents degrés du magistère, merci, mais quand on retire la clé de voûte (un concile oecuménique refusant a priori de dogmatiser), c’est tout qui s’écroule. Demandez à un architecte.
Pour répondre à votre post précedent, il faudrait éviter d’inverser les situations. Tout d’abord, je ne suis pas « partisan de l’herméneutique de rupture ». Je ne suis partisan de rien sinon des faits et ces affaires d’herméneutique en ce qui concerne Vatican II sont l’invention de gens qui, eux, sont partisans d’une continuité qu’ils postulent. Ce n’est pas une herméneutique qu’il faut appliquer à un concile, c’est une interprétation, au sens magistériel du terme, parfois jusqu’au magistère infaillible, comme le propose Mgr Schneider. L’« herméneutique » est malheureusement un ersatz de magistère qui, depuis près de 50 n’ose plus s’exercer normalement.
Quant au fait que la rupture serait un postulat, vous semblez avoir mal lu. Mgr Gherardini montre justement qu’on ne peut exclure une rupture et le professeur De Mattei apporte des éléments en ce sens. C’est donc tout le contraire d’un postulat. Medice cura te ipsum. Vous-même avouez qu’une rupture dans Vatican II est à vos yeux une impossibilité a priori. Si vous en faites un a priori, assumez votre postulat. Cela vaudra mieux que d’adresser des reproches à contresens à des gens qui, eux, donnent dans la démonstration. Au total c’est l’Eglise qui s’en portera mieux.
J’assume mon postulat car il repose sur la foi en l’Eglise et en l’assistance du St-Esprit par rapport au Magistère ordinaire et extraordinaire. Oui j’ai un a priori et il a une note théologique : “de fide” !
Une vérité de foi ne se démontre pas. Elle se reçoit comme révélée. Et je préfère suivre Benoit XVI qui parle d’herméneutique de continuité (cf. discours à la Curie du 22 décembre 2005) que Mgr Gherardini ou le professeur de Mattei… Ces derniers n’ont pas la même assistance du St-Esprit. A chacun “ses autorités” !