J’avais annoncé à mes lecteurs un supplément d’enquête pour savoir si des pressions avaient eu lieu lors de la venue de Mgr Bux à Versailles, dimanche dernier, pour la 3e rencontre de Reunicatho. Après enquête d’une semaine, je dois avouer que rien ne me paraît très clair dans cette affaire et que j’ai pris la décision de ne pas parler de ces éventuelles ou hypothétiques pressions, conscient que cela n’apporterait rien à l’Église.
Toutefois, je suis à même de préciser que Mgr Bux a rencontré l’évêque de Versailles le soir de son intervention, le dimanche 21 novembre. La rencontre n’a pas eu lieu au Palais des Congrès de Versailles, mais ailleurs dans Versailles, probablement à l’évêché. Mgr Bux y a été conduit par Christophe Geffroy, directeur du mensuel La Nef, lequel n’avait pas participé à la rencontre de ReuniCatho. Il est impossible de rapporter ce qui s’est dit lors de cette rencontre. Il semble toutefois que Mgr Bux a rappelé la nécessité du dialogue entre catholiques. De son côté, l’évêque de Versailles a signalé les difficultés de ce dialogue et les risques de récupération que cela pouvait entraîner.
Mais cette rencontre fait décidément parler d’elle. Paix liturgique a, en effet, publié la dernière partie de cette intervention (à lire ICI).
Dans son intervention, Mgr Bux rappelle la finalité de Summorum Pontificum, qui n’est pas seulement là pour guérir une blessure (1988), mais aussi pour « redonner à la liturgie sa primauté ». Il souligne aussi le rôle primordial des curés, en prenant l’exemple de l’Italie, en les invitant à ne pas avoir peur d’appliquer le Motu Proprio. Il termine en estimant que les crispations seraient moindres si « les curés osaient utiliser la liberté que leur donne le Pape. Bien sûr, il ne s’agit pas d’imposer le Missel de Jean XXIII à la communauté paroissiale du jour au lendemain, mais d’en profiter pour mettre en place une catéchèse spécifique et progressive. » Sa conclusion s’achève en formulant l’espoir de « beaucoup de curés célébrer le Vetus et le Novus Ordo ».
Mgr Bux déclare également : « on ne peut pas faire un absolu du rite, parce que les rituels sont des moyens spécifiques de structuration de l’unité de l’Église. C’est pourquoi, et en particulier de la part de ceux qui aiment la Tradition catholique et romaine, nous nous attendons à un exemple d’obéissance au Saint-Père. »
Évidemment, après un tel passage, il est particulièrement délicat de prendre ses distances avec certains propos de Mgr Bux, sans être aussitôt accusé de désobéissance au Saint-Père. Personnellement, je me pose quand même quelques questions :
1°) le Saint-Père a produit un Motu Proprio et une Lettre explicative aux évêques pour expliquer que le missel de saint Pie V, n’avait jamais été abrogé.
“Je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé.”
C’est un constat d’ordre juridique. Puisqu’il n’a pas été abrogé légalement, il est toujours possible de l’utiliser. Dès lors, pourquoi mettre des conditions à son application ?
2°) Que des prêtres veuillent célébrer les deux Ordos, très bien. Personnellement, je n’y vois aucun inconvénient. Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est le désir d’obliger tous les prêtres, et surtout les prêtres attachés à la forme extraordinaire, à célébrer le novus ordo. On dira que puisqu’ils reconnaissent au nouvel ordo sa validité en principe, ils n’ont pas à refuser de le célébrer. L’argument me semble trop facile. On peut reconnaître le bienfait de nombreuses choses sans se sentir soi-même dans l’obligation morale de les accomplir. On dira qu’il y a l’obéissance et que le texte de Mgr Bux le souligne et que face à cette intervention (par exemple), les traditionalistes ne retiennent que ce qui les arrange.
3°) La question de l’obéissance est une vielle question. Elle est l’argument massue depuis l’apparition du nouvel ordo. Au nom de l’obéissance, Paul VI a imposé un nouvel ordo comme un nouveau rite et il a demandé qu’il soit célébré. Jean-Paul II a fait de même, avec deux dérogations successives (1984 ; 1988). Sans une certaine forme de désobéissance, qui ne se limite pas à la mouvance de la Fraternité Saint-Pie X, il ne semble pas, historiquement, que Benoît XVI aurait été amené à déclarer en 2007 que le missel effectivement interdit ne l’avait pas été en droit. À qui faut-il obéir ? À Paul VI ou à Benoît XVI ? Il faut avoir des obéissances successives, dira-t-on. À Paul VI, en 1969, et à Benoît XVI, en 2007 ? Pourquoi pas ? Je ne suis pas du tout théologien et comptable à ce niveau de mes frères dans la foi. Mais il me semble que, dans ce cas, on instille dans les esprits catholiques une forme de « relativisme » que l’on veut combattre par ailleurs.
4°) Il est évident que les traditionalistes retiennent les aspects qui les arrangent dans l’intervention de Mgr Bux. En face, c’est exactement la même chose. Chacun de nous retient ce qui l’arrange, moi le premier. Et, alors ? Cela prouve, au moins, une chose : c’est que les esprits ne sont pas prêts encore à effacer 40 ans de lutte liturgique.
5°) Ceux qui veulent régler ces 40 ans de lutte par le simple appel à l’obéissance – je le dis respectueusement – se trompent, me semble-t-il. On n’efface pas d’un coup, et même par un Motu Proprio, les méfiances accumulées. Nous ne sommes pas dans un élément simplement technique ou théologique. Nous sommes face aussi à un élément humain et il est étonnant qu’à une époque qui fait si grand cas de la psychologie on ne prenne pas plus cet élément psychologique en compte. À ce titre, je serais tout aussi étonné, pour ne pas dire plus, si l’on obligeait un prêtre à célébrer le missel de Jean XXIII alors qu’il ne le désire pas.
6°) C’est pourquoi, il me semble – pour jouer sur les mots – qu’avant de vouloir la paix liturgique (je me réfère ici au texte de Mgr Bux), il faudrait promouvoir un « armistice liturgique ». C’est-à-dire laisser pour de nombreuses années encore chacun choisir l’ordo qu’il souhaite célébrer, tout en organisant en ce qui concerne les évêques, la possibilité d’accéder pour les laïcs à l’ordo dans lequel ils se reconnaissent le plus. Il y aurait ainsi des prêtres mono-ritualiste Paul VI et des prêtres mono-ritualiste saints Pie V à côté de ceux qui célèbrent les deux formes. Rome pourrait ainsi préparer calmement la réforme de la réforme tout en laissant les célébrants du nouvel ordo choisir dans les multiples possibilités qu’offre ce rite pour appliquer des propositions de type de celles de l’abbé Barthe.
Il ne s’agit ici évidemment que des réflexions d’un laïc, non théologien ou liturgiste.
Et…il paraîtrait que dans notre diocèse, les ou des Prêtres ont voulu se laver les mains en rétorquant à notre évêque que les Prêtres ne sauraient pas utiliser le rite de st Pie V et que personne n’irait à ces messes ! Moi, je vois surtout une main tendue vers les intégristes en espérant qu’ils rejoindont Rome !…Bien des cathos ne sont pas bien… “oecuméniques”… au sein de leur propre Eglise ! ! !
Sur ce sujet, plutôt que d’interpréter ce que dit le Saint-Père, ou ce qu’il pense (avec une herméneutique parfois digne de celle que l’on a connu avec “l’esprit du Concile”) pour accuser l’autre de désobéissance, il faut regarder ce que fait le Pape.
Or, que constate-t-on ?
Benoît XVI a confié une paroisse personnelle à la Fraternité Saint-Pierre à Rome.
Benoît XVI n’exige aucunement des prêtres desservant cette paroisse de célébrer les 2 formes, ni de venir concélébrer avec lui.
Comme pour la réforme de la forme ordinaire, Benoît XVI prêche ici par l’exemple.
Messeigneurs de France, c’est à vous !
ayant participé à ce colloque, il m’a semblé que Mgr Bux demandait aux uns et aux autres de faire des gestes de compréhension (ce que le père Bandelier a appelé “déplacer la frontière”). J’en propose quelques-unes que certains “tradis” feraient bien de méditer et appliquer :
*arrêter de râler quand un prêtre ne remonte pas à l’autel pour entonner le gloria
*arrêter de râler quand l’assemblée chante le pater dans la forme extraordinaire
*accepter de célébrer l’Epiphanie le même dimanche que toutes les églises de France (le 3 janvier 2011 par exemple) ce qui permettrait de célébrer la Sainte Famille le 10 janvier.
*accepter d’aller à la cathédrale à la messe du Jeudi Saint,
*accepter de chanter certains cantiques issus des communautés nouvelles même s’ils ont été écrit depuis moins de 40 ans,
*accepter que le calendrier soit enrichi des saints du nouveau missel au moins quand ce n’est pas au détriment d’un Saint de l’ancien calendrier.
*ne pas hurler si le prêtre prononce les prières du Propre en français
*faire des cérémonies qui nous réunissent indépendamment des formes liturgiques ( processions, veillées de prières, rencontres…) et s’y sentir heureux en laissant notre esprit critique à la maison
*…
ainsi la Paix reviendra un jour (proche).
Pratiquons d’abord la charité !
Pour cela, Benoît XVI est un exemple.
Allons d’abord à la Messe, le plus souvent possible, pas uniquement le dimanche.
Personnellement je préfère la messe de rit dominicain, auquel j’ai le privilège de pouvoir assister, et même participer comme chantre. Mais s’il y a une messe de St Pie V ou une messe de Paul VI, allons y de bon cœur, même si le rit Paul VI apparaît bien pauvre, de plus en plus. Le prêtre qui le célèbre, les fidèles qui y assistent le font avec foi, même si ce n’est plus tout à fait la même foi : je ne suis pas sûr qu’ils croient à la même présence réelle que moi, je ne suis pas sûr que le prêtre, qui ne s’agenouille pas après la consécration et avant d’élever l’hostie ou le calice, se rend compte que cela veut dire, aux yeux des protestants, que ce n’est pas lui qui a consacré, mais que la présence réelle résulte de l’acclamation des fidèles et non des mots qu’il a prononcé, et donc qu’il ne s’agenouille qu’après ! Mon Dieu, pardonnez-lui, il ne sait pas ce qu’il fait. Mais ce prêtre, ces autres fidèles sont mes frères dans le Christ ! Suis-je plus digne qu’eux ? Suis-je le frère ainé du cadet qui revient demander pardon au Père ? Suis-je jaloux du Père prêt à lui pardonner ? Prions pour l’unité de l’Église de France, par l’intermédiaire de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, Patronne secondaire de la France !
La formation, voilà certainement un thème qui n’a pas été abordée suffisamment à Versailles. Car c’est là l’une des clés qui freine le processus. La plus part des Prêtres diocésains ne connaissent plus le Latin (normale celui-ci a été supprimé de la plus part des séminaires après 1970 …). Il en va de même pour le déroulement de la Sainte Messe dans le rite Tridentin. Pourtant bon nombres de Prêtres diocésain s’y consacrent en y mettant tout leur coeur, car cela mérite bien un effort. Il en est de même pour nous autres fidèles, lors de notre découverte ou retour à cette Sainte Messe, mais cela en vaut mille fois la peine !!!!
Je pense que les Prêtres Diocésains devraient plus facilement parler de cet état de faits pour étayer leur argumentation lors d’un refus… afin de se laisser un certain temps pour se former. Car en homme de Dieu, ils découvrirons comme des Fils émerveillés toutes les richesses et la puissance des Prières de la Sainte Messe St Pie V. La richesse du silence de l’Offertoire propice au recueillement et à la communion avec notre Seigneur …. Après toutes ces magnifiques Prières de préparation ;
” Par l’INTRECESSION de l’Archange Saint Michel qui se TIENT à la DROITE de l’Autel de l’encens, et par l’intercession de tous les élus, que le Seigneur daigne bénir cet encens et le recevoir comme un parfum agréable. Per eudeum Chritum Dominum nostrum. Amen”
“Unis dans une même communion, nous vénérons d’abord la mémoire de la glorieuse Marie toujours vierge, mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ puis de vos bienheureux apôtres et martyrs, Pierre et Paul, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques, Philippe,Barthelemy, Matthieu, Simon et Jude, Lin, Clet, Clément, Sixte, Cornelle, Cyprien, Laurent, Chrysogone, Jean et Paul, Côme et Damine, et de tous vos saints.Par leurs mérites et leurs prières, accordez-nous en toute occasion le secours de votre force et de votre protection. Par le Christ notre Seigneur. Amen”.
Et puis pour les septiques, ceux qui en doutent qu’ils assistent une fois aux Messes Basses du Barroux, de bon matin après les premiers offices de la nuit …. en se laissant porté par la Liturgie et là ce ne sera que grâces !!!!! (Il sera néanmoins opportun de s’être un peu initié avant).
Déo Gratias.
In Christo Rege per Mariam.
arrêtez de nous surnommer intégristes,S.V.P.
il faut remercier Monseigneur Lefebvre,son combat pour la Sainte Messe, sa liberation (“) nous l’avons gâce a lui, puisque on a voulu nous faire croire qu’lle etait interdite.
L’argument, relayé par Isambart, selon lequel le fait que la forme ordinaire du rite de la messe ne prévoit d’agenouillement qu’après l’ostension du Corps du Christ qui vient d’être consacré signifie que c’est l’approbation des fidèles qui réalise la transsubstantiation m’a toujours paru d’une mauvaise foi insigne.
Je pratique dans la forme ordinaire depuis toujours et je n’ai jamais entendu pareille interprétation; beaucoup hélas ne croit pas du tout en la présence réelle, mais ceux qui y croient ne croient pas du tout que ce soit leur regard d’adoration sur l’hostie consacrée qui la transforme en Corps du Christ !! – Ils croient et savent que c’est bien le prêtre qui in persona Christi transsubstantie l’hostie.
Pour ma part je ressens les choses de façon contraire et pourrais avoir, si je devais m’agenouiller avant de jeter un regard d’adoration sur le Corps du Christ, l’impression qu’on me laisse croire que cet agenouillement provoque la transsubstantiation qui alors seulement justifie mon adoration par le regard. Du moins c’est ce que pourrait laisser penser un tel changement.
Bien sûr avec ma raison je rejette ce genre d’impression, mais le « raisonnement » inverse tenu par certains partisans de la forme extraordinaire m’a toujours paru d’une extrême mauvaise foi ou, simplement, d’une grande naïveté.