À vrai dire faut-il vraiment parler de « réforme de la réforme » à propos du livre que publient les éditions Ad Solem sous le titre Les mots de la messe. Pas tout à fait. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne propose pas de corriger le missel de Paul VI, à la manière dont le suggère par exemple un abbé Barthe (cf. Le messe à l’endroit), mais en offrant une nouvelle traduction de l’ordo missæ de la messe promulguée par le Pape Paul VI.
Cette nouvelle traduction se veut serrer le plus possible « la lettre et l’esprit de l’original latin » en vue de contribuer à une révision de la traduction française des textes liturgiques. Ce travail a été effectué par Mgr Michel Dangoisse, alors doyen du chapitre de la cathédrale de Namur. Dans sa préface Mgr Schooyans (dont on ne connaissait pas vraiment les qualités de liturgiste) note que
« Brillant latiniste, spécialiste de saints Augustin, Michel Dangoisse a non seulement relevé des dizaines d’incorrections de nature philologique, mais il a aussi montré de façon tout à fait convaincante que ces incorrections multiples hypothéquaient plus d’une fois la qualité doctrinale des textes actuellement utilisés dans les célébrations ».
Ce que ne dit pas Mgr Schooyans, c’est que ces traductions ont été approuvées par les évêques francophones et par Rome. On s’étonne d’ailleurs au passage de voir Mgr Schooyans si courageux dans d’autres domaines, où sa compétence est réelle, entonnait le refrain habituel sur la réussite de la réforme de la messe :
« La réforme liturgique du concile Vatican II a recueilli le meilleur de ces travaux (ceux du mouvement liturgique) et de ces expériences. On ne peut guère contester que, globalement, cette réforme a offert au peuple de Dieu des conditions sensiblement meilleures de participation à la Divine liturgie ».
Justement, cette contestation existe et elle prend de l’ampleur. D’où l’idée justement d’une réforme de la réforme.
Je ne rentrerai pas dans le détail de la nouvelle traduction proposée par le chanoine Dangoisse. Je propose juste un exemple, celui de la traduction qu’il propose du confiteor et qui montre combien le texte actuellement en usage s’est éloigné de l’original latin :
« Je confesse à Dieu tout-puissant, et à vous, mes frères, que j’ai vraiment beaucoup péché par pensée, parole, action et omission : c’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Marie toujours Vierge, tous les anges et tous les saints, et vous aussi mes frères, de prier le Seigneur notre Dieu. »
Notons que cette nouvelle traduction ne règle pas le problème de la prière de l’Offertoire.
d’aucuns avaient déjà regretté les traductions “allégées” du latin en français, même du grec en latin : “et ne nos inducas” : comme si Dieu nous poussait à être tentés ! Il faudrait sans doute, là, demander à nos frères catholiques de langue araméenne comment prier le “notre Père”
Très juste.Dans ce “confiteor” de la “messe Bugnini”,exeunt la Sainte Vierge, et les anges et Saint Michel)les Apotres,saint Jean Baptiste,Saint Pierre et Saint Paul, et tous les saints et Saint Baptiste en particulier.On ne me fera pas croire que SS Paul VI a voulu en toute lucidité et liberté cette “purge” qui élimine la “Mère de l’Eglise”, son saint Patron de Baptême et son Nom de Pape.Bizarre mon cher cousin,Vous avez dit bizarre ….L’enquête se poursuit….
Ps /La confession se fait devant Dieu et la Cour céleste prise à témoin, et participante du jugement dans la première partie du vrai confiteor.La deuxième partie supplie Cette Cour céleste et l’Église militante d’intercéder pour nous.Cela à quand même plus d’allure…
Feu Mgr Dangoisse, chanoine et doyen du chapitre cathédral de Namur, décédé le 22 août dernier. RIP.
C’était un personnage! Plein de caractère mais affectueux et attachant. Un prêtre qui aimait l’Eglise et se dépensait sans compter. Sur le plan du fond, il était souvent décevant, dans la demi-mesure, c’est vrai. Très proche de Mgr Léonard sur le plan personnel, il l’était aussi par la pensée: ses conceptions liturgiques, qui allaient rarement plus loin que la critique des “abus”, étaient similaires à celles de son évêque. Ce livre en est un exemple typique.
@senex ; avant de dire n’importe quoi, on se renseigne ! Le texte officiel du Confiteor en français est le suivant : “Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères,que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission ; oui, j’ai vraiment péché.
C’est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu”.
Si je lis bien, la Vierge et les saints sont toujours là !
Erasmus @ je savais que vous écririez exactement ce genre de critique. J’aimerai un peu plus de courtoisie dans vos critiques,ça ne gacherait rien …Il est des gens qui comprendront ce que je dire, c’est l’essentiel.Bien à vous….
Les évêques de France sont en train de travailler sur la traduction de la dernière édition du Missel romain dans sa forme ordinaire. Ils peuvent peut-être s’inspirer de ce travail.
Prions pour que leur travail permette déjà une première réforme.
Elle ne sera pas la dernière.
De toutes les façons c’est l’Eglise qui nous donne la formulation de sa prière publique qui s’appelle la liturgie.
Rappelons-nous sans cesse qu’Elle a une âme et que cette âme qui l’inspire et l’empêche d’errer dans la foi c’est l’Esprit-Saint.
Ensuite voyons bien la richesse des multiples familles rituelles dans l’Eglise catholique et sachons reconnaître dans chaque rite et chaque forme rituelle leurs richesses et parfois leurs pauvretés (par rapport à telle autre forme ou tel autre rite).
Il y a une richesse symphonique et aucune forme ou aucun rite n’épuise à lui tout seul toute la richesse liturgique de l’Eglise.
Il y a toujours un équilibre à tenir, n’est-ce pas ?
M. Fauche, il y a bien entendu des richesses et des pauvretés relatives des différents rites mais il ne s’agit pas ici des qualités respectives des différents rites traditionnels, qui ont grandi de façon organique. Quand un rite est fabriqué en bureau par une équipe de professeurs (qui, par ailleurs, se soucient très peu de la théologie), il ne faut pas être trop surpris que ce rite soit pauvre comme Job.
C’est vrai : il peut être pauvre mais aussi valide et licite car reconnu par l’autorité compétente.
Je suis d’accord avec vous.