J’emprunte à la dernière lettre de Paix liturgique cette réflexion sur le recours en cas de doute ou de non explication au magistère antérieur à Vatican II, dans une perspective que l’on pourrait qualifier de prudentielle :
Lex orandi, lex credendi. Nous tirerions volontiers de l’adage une application en ce qui concerne le Motu Proprio de 2007. Le Pape y a essentiellement déclaré que la messe traditionnelle – à laquelle il a donné le nom de « forme extraordinaire » – n’avait jamais été abolie. Certains estiment que ce n’est qu’un tout petit premier pas. Nous affirmons, pour notre part, que, compte tenu de ce qu’a été le naufrage sans précédent de la liturgie catholique, la déclaration faite par le Souverain Pontifie que la « forme extraordinaire » existe et n’a jamais cessé d’exister aux côtés de la « forme ordinaire » est proprement salvatrice.
Sans souhaiter avec naïveté un texte semblable en ce qui concerne le catéchisme, on ne peut que constater de même, compte tenu de l’état presque comateux de l’enseignement des rudiments de la foi aux enfants, le caractère salvateur de la mise en place sous nos yeux d’un processus analogue. A défaut d’un Motu Proprio, des encouragements épiscopaux, pontificaux donnés à ce processus seraient évidemment les bienvenus.
Et d’ailleurs, en un domaine plus élevé, celui du dogme, ne va-t-on pas insensiblement vers un déroulement (transitoire) semblable ? Nous pensons aux discussions doctrinales entre la Congrégation pour la Doctrine de la foi et la Fraternité Saint-Pie-X, lesquelles cristallisent sans pour autant le circonscrire le problème toujours pendant de l’apparente absence de continuité – ou de l’absence d’explicitation de la continuité – de certains textes de Vatican II avec ceux du magistère antérieur. En d’autres termes, avant que n’intervienne un règlement plus au fond, le fait de s’en tenir au magistère antérieur, autrement dit de s’en tenir à un « magistère extraordinaire », sur les points qui font difficulté semblerait tout aussi légitime que de s’en tenir à la liturgie antérieure.
Le “Catéchisme de l’Eglise Catholique” fait partie de ces textes du Magistère ordinaire de l’Eglise “post-conciliaire” qui manifeste explicitement la continuité du Magistère ante et post conciliaire.
Comment peut-on penser que l’Esprit-Saint qui anime l’Eglise ait pu “s’absenter” depuis plus de 40 ans du Magistère ? C’est inconcevable.
Il est indispensable de ne pas confondre (mais au contraire de distinguer) les “parcours” catéchétiques avec le Magistère ecclésial.
On peut les dénoncer sans en conclure qu’il faille revenir au Magistère ante conciliaire.
Déjà Jean-Paul II dans son Motu proprio “Ecclesia Dei adflicta” parlait de la Tradition vivante.
Je cite le n° 4 de ce Motu proprio : “A la racine de cet acte schismatique, on trouve une notion incomplète et contradictoire de la Tradition. Incomplète parce qu’elle ne tient pas suffisamment compte du caractère vivant de la Tradition qui, comme l’a enseigné clairement le Concile Vatican II, «tire son origine des apôtres, se poursuit dans l’Eglise sous l’assistance de l’Esprit-Saint: en effet, la perception des choses aussi bien que des paroles transmises s’accroît, soit par la contemplation et l’étude des croyants qui les méditent en leur coeur, soit par l’intelligence intérieure qui’ils éprouvent des choses spirituelles, soit par la prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale, reçurent un charisme certain de vérité(5)».
Mais c’est surtout une notion de la Tradition, qui s’oppose au Magistère universel de l’Eglise lequel appartient à l’évêque de Rome et au corps des évêques, qui est contradictoire. Personne ne peut rester fidèle à la Tradition en rompant le lien ecclésial avec celui à qui le Christ, en la personne de l’apôtre Pierre, a confié le ministère de l’unité dans son Eglise”.
Ces paroles sont encore à méditer car elles restent vraies !