Suite de la publication de l’extrait des Institutions liturgiques de dom Guéranger, abbé de Solesmes, concernant l’hérésie antiliturgique. Après les caractéristiques 1,2, 3, voici les points 4 à 6. Je rappelle qu’au total dom Guéranger en distingue douze.
4° On ne doit pas s’étonner de la contradiction que l’hérésie présente ainsi dans ses oeuvres, quand on saura que le quatrième principe, ou si l’on veut la quatrième nécessité imposée aux sectaires par la nature même de leur état de révolte, est une habituelle contradiction avec leurs propres principes. Il en doit être ainsi pour leur confusion dans ce grand jour, qui vient tôt ou tard, où Dieu révèle leur nudité à la vue des peuples qu’ils ont séduits, et aussi parce qu’il ne tient pas à l’homme d’être conséquent; la vérité seule peut l’être. Ainsi, tous les sectaires, sans exception, commencent par revendiquer les droits de l’antiquité. Ils veulent dégager le christianisme de tout ce que l’erreur et les passions des hommes y ont mêlé de faux et d’indigne de Dieu; ils ne veulent rien que de primitif, et prétendent reprendre au berceau l’institution chrétienne. A cet effet, ils élaguent, ils effacent, ils retranchent; tout tombe sous leurs coups. Et lorsqu’on s’attend à voir reparaître dans sa première pureté le culte divin, il se trouve qu’on est encombré de formules nouvelles qui ne datent que de la veille et qui sont incontestablement humaines, puisque celui qui les a rédigées vit encore. Toute secte subit cette nécessité; nous l’avons vu chez les monophysites, chez les nestoriens; nous retrouvons la même chose dans toutes les branches de protestants. Leur affectation à prêcher l’antiquité n’a abouti qu’à les mettre en mesure de battre en brèche tout le passé, et puis ils se sont posés en face des peuples séduits, et leur ont juré que tout était bien, que les superfétations papistes avaient disparu, que le culte divin était remonté à sa sainteté primitive. Remarquons encore une chose caractéristique dans le changement de la Liturgie par les hérétiques. C’est que, dans leur rage d’innovation, ils ne se contentent pas d’élaguer les formules de style ecclésiastique qu’ils flétrissent du nom de parole humaine, mais ils étendent leur réprobation aux lectures et aux prières mêmes que l’Eglise a empruntées à l’Ecriture; ils changent, ils substituent, ne voulant pas prier avec l’Eglise, s’excommuniant ainsi eux-mêmes, et aussi craignant jusqu’à la moindre parcelle de l’orthodoxie qui a présidé au choix de ces passage.
5° La réforme de la Liturgie étant entreprise par les sectaires dans le même but que la réforme du dogme dont elle est la conséquence, il s’ensuit que, de même que les protestants se sont séparés de l’unité afin de croire moins, ils se sont trouvés amenés à retrancher, dans le culte, toutes les cérémonies, toutes les formules qui expriment des mystères. Ils ont taxé de superstition, d’idolâtrie, tout ce qui ne leur semblait pas purement rationnel, restreignant ainsi les expressions de la foi, obstruant par le doute et même la négation toutes les voies qui ouvrent sur le monde surnaturel. Ainsi plus de sacrements,, hors le baptême, en attendant le socinianisme qui en affranchira ses adeptes; plus de sacramentaux, de bénédictions, d’images, de reliques de saints, de processions, de pèlerinage, etc. Il n’y a plus d’autel, mais simplement une table; plus de sacrifice, comme dans toute religion, mais seulement une cène; plus d’église, mais seulement un temple, comme chez les Grecs et les Romains; plus d’architectures religieuse, puisqu’il n’y a plus de mystères; plus de peinture et de sculpture chrétiennes, puisqu’il n’y a plus de religion sensible ; enfin, plus de poésie dans le culte, qui n’est fécondé ni par l’amour, ni par la foi.
6° La suppression des choses mystérieuses dans la Liturgie protestante devait produire infailliblement l’extinction totale de cet esprit de prière qu’on appelle onction dans le catholicisme. Un coeur révolté n’a point d’amour, et un cœur sans amour pourra tout au plus produire des expressions passables de respect ou de crainte, avec la froideur superbe du pharisien; telle est la Liturgie protestante. On sent que celui qui la récite s’applaudit de n’être pas du nombre de ces chrétiens papistes qui rabaissent Dieu jusqu’à eux par la familiarité de leur langage vulgaire.
“Don Vonier,O.S.B,qui vivait en Angleterre,avait bien compris aussi l’essence du protestantisme et parlait de “la religion de l’absence”Nous y sommes bien engagés”A force de purifier,on finit par vivre dans l’abstraction qui est la forme la plus subtile du vandalisme.La liturgie catholique authentique doit être la célébration de la Présence dans tout son rayonnement.Que nos “frères séparés ne prennent pas à mal ces textes si utiles à méditer par tous. Merci.
Le livre en question a été numérisé et est e ligne ici:
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/institutions/volume01/volume0114.htm#_Toc126113301