Sandro Magister signale la sortie du troisième volume des œuvres de Romano
Amerio, auteur fameux de Iota Unum, que le vaticaniste n’hésite pas à qualifier de « l’un des plus grands intellectuels chrétiens du XXe siècle. » Intitulé
Zibaldone, ce livre réunit « de brèves pensées, des aphorismes, des récits, des citations d’auteurs classiques, des dialogues moraux, des commentaires d’évènements
quotidiens. »
Sandro Magister en cite une à titre d’exemple :
« L’autodestruction de l’Église déplorée par Paul VI dans son célèbre discours prononcé au Séminaire Lombard le 11 septembre 1974 devient de jour en jour plus
évidente. Déjà, pendant le concile, le cardinal Heenan (primat d’Angleterre) regrettait que les évêques eussent cessé d’exercer l’office du magistère, mais il se consolait en remarquant que cet
office était pleinement conservé dans le Pontificat Romain. Cette remarque était fausse, elle l’est encore. Aujourd’hui le magistère des évêques a cessé et celui du pape aussi. Aujourd’hui, le
magistère est exercé par des théologiens qui ont désormais marqué toutes les opinions du peuple chrétien et disqualifié le dogme de la foi. J’en ai eu une démonstration impressionnante en
écoutant hier soir le théologien de Radio Maria. Il niait, sans crainte et tout à fait tranquillement, des articles de foi. Il enseignait […] que les païens, à qui l’Évangile n’est pas annoncé,
parviennent à la vision béatifique s’ils suivent les lois de la justice naturelle et s’ils s’appliquent à chercher Dieu avec sincérité. Cette doctrine des modernes est très ancienne dans l’Église
mais elle a toujours été condamnée comme étant une erreur. Mais les théologiens de jadis, tout en maintenant le dogme de foi, sentaient toutes les difficultés que rencontre le dogme et ils
s’efforçaient de les vaincre grâce à des réflexions profondes. Les théologiens modernes, au contraire, ne perçoivent pas les difficultés intrinsèques du dogme, mais ils courent tout droit à la
‘lectio facilior’ et mettent au grenier tous les décrets doctrinaux du magistère. Et ils ne se rendent pas compte que, ce faisant, ils nient la valeur du baptême et tout l’ordre surnaturel,
c’est-à-dire toute notre religion. Le refus du magistère est également répandu dans d’autres domaines. L’enfer, l’immortalité de l’âme, la résurrection de la chair, l’immutabilité de Dieu,
l’historicité du Christ, le fait que la sodomie soit une faute, le caractère sacré et indissoluble du mariage, la loi naturelle, la primauté du divin, sont autant de sujets dans lesquels le
magistère des théologiens a éliminé celui de l’Église. Cette arrogance des théologiens est le phénomène le plus manifeste de l’autodestruction ».
Plus largement, toute la question est de savoir si il y a eu rupture ou non au Concile Vatican II avec l’enseignement antérieur. L’éditeur du livre
de Romano Amerio , Enrico Maria Radaelli, à partir de travaux d’Amerio et aussi de ceux de Mgr Gherardini,
estime que l’on ne peut pas se contenter d’expliciter le sens des documents conciliaires. Sandro Magister note à ce sujet :
« En effet, selon Radaelli, clarifier le sens des documents conciliaires ne suffit pas, si cette clarification est ensuite offerte à l’Église avec le même
style inefficace d’enseignement “pastoral” qui est entré en usage avec le concile, style qui propose au lieu d’imposer. Si l’abandon du
principe d’autorité et le “discussionisme” sont la maladie de l’Église conciliaire et postconciliaire, il est nécessaire d’agir en sens inverse pour en sortir, écrit Radaelli. La plus haute
hiérarchie de l’Église doit clore la discussion par une déclaration dogmatique “ex cathedra”, infaillible et contraignante. Elle doit frapper d’anathème ceux qui n’obéissent pas et bénir ceux qui
obéissent. »
certainement la voie douloureuse, mais nécessaire, pour l’Église. Il faut que celle-ci retrouve le sens de son autorité.
ouvert, c’est encore loin, très loin d’être le cas en France…