Ce vendredi 4 juin, Jean Madiran consacre son éditorial de Présent au séminaire de Courtalain (IBP). Le refus que rencontre celui-ci auprès des évêques de
France, et le cas similaire des difficultés rencontrées voici quelques années par les moines du Barroux pour leur fondation, sont censés illustrer la « pastorale d’ensemble » de
l’épiscopat français. Mais, en fait, la situation est bien pire.
Extrait de l’article de Jean Madiran dans Présent :
« Le séminaire de l’Institut du Bon Pasteur (IBP) est installé à Courtalain, en Eure-et-Loir, dans des locaux qui deviennent trop petits en raison du nombre
des vocations. Le voilà dans l’embarras. Tout le monde en parle. Question :
– Comment n’avoir pas envisagé en temps utile la probabilité d’une telle situation ?
– Nous l’avions prévue.
Et alors ?
— Nos recherches d’une maison plus grande ont été infructueuses.
Vous n’avez pas trouvé de maisons adaptées ?
— Nous en avons visité quelques-unes qui auraient bien convenu.
Que s’est-il donc passé ?
Nous nous sommes heurtés à la difficulté d’obtenir, pour nous installer, l’accord de l’Ordinaire du lieu [c’est-à-dire l’évêque du diocèse].
Que vous disent-ils pour motiver leur refus ?
— Oh ! cela ne les gêne pas. Certains ont même refusé tout net la moindre demande de rendez-vous. »
Plus loin, il met en cause la pastorale d’ensemble de l’épiscopat français :
« Cette pastorale d’ensemble comporte premièrement, héritée de la démocratie-chrétienne, la priorité permanente d’un anti-intégrisme systématique à quoi se
reconnaissent entre eux les évêques et les prêtres formatés au pastoralement correct. L’IBP s’y heurte tout aussi normalement que s’y était longuement heurté le Barroux avant de trouver dans le
diocèse d’Agen un accueil pour sa fondation Notre-Dame de la Garde. »
Seulement la situation est pire que ce qu’écrit Jean Madiran. Elle dépasse les petits exemples qu’il prend : l’IBP et le Barroux. Et on se demande d’ailleurs
pourquoi il se focalise seulement sur ces deux exemples, au sujet desquels les évêques pourraient lui rétorquer qu’ils forment des exceptions. Ce qui est loin d’être le cas justement, même en se
limitant au monde Ecclesia Dei.
Car la Fraternité Saint-Pierre possède un séminaire en Allemagne et un autre aux Etats-Unis, mais aucun en France – contrairement à l’IBP. Et ce n’est pas faute
d’avoir essayé.
L’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre a un séminaire en Italie, mais pas en France. Madiran a de bonnes raisons de le savoir.
Même les fondations de Fontgombault ont eu du mal à trouver des évêques qui les accueillent. Dans plusieurs diocèses, on reprochait à Fontgombault simplement de
vendre des catéchismes de Téqui à la porterie. Il n’y a pas que le Barroux à avoir eu des difficultés pour fonder (car le Barroux n’est pas la seule abbaye à s’étendre contrairement à ce que l’on
pense chez certains) et donc à trouver un diocèse d’accueil.
Le Père Jehan a dû s’installer en Italie, lui aussi, bien accueilli par un évêque italien parce qu’aucun évêque français n’a voulu de lui dans son diocèse. Il est
vrai que des bonnes âmes, à l’ombre des oliviers, ont murmuré à l’oreille des évêques français qu’il ne fallait surtout pas l’accueillir…
Le Père Chalufour de Fontgombault peine aussi à trouver un lieu d’accueil pour son projet de fondation.
Il est étrange de ne pas voir citer ces quelques cas qui renforcent pourtant la thèse sur les dangers de la « pastorale d’ensemble ».
Et on imagine les « difficultés » dues à la « pastorale d’ensemble » si toutes les fondations dans la mouvance de la Fraternité Saint-Pie X et la Fraternité
Saint-Pie X elle-même avaient dû demander l’accord de l’évêque du lieu pour s’implanter.