j’avais présenté plusieurs des différents protagonistes, tant romains qu’“éconiens” (voir ICI, LÀ, LÀ, LÀ, LÀ, LÀ et LÀ. Pourtant ces portraits n’étaient pas complets. C’est pourquoi je présente aujourd’hui
l’abbé Benoît de Jorna, membre de la Fraternité Saint-Pie X et de sa délégation pour les discussions doctrinales. Un grand merci à J.R.C. Comme il peut le constater, je ne l’ai pas oublié.
Aîné de
quatre fils, l’abbé Benoît de Jorna est né le 1er septembre 1951. Après avoir songé un temps à entrer à la Chartreuse, il est reçu au séminaire d’Ecône en octobre 1978 où il est ordonné prêtre
le 29 juin 1984 par Mgr Lefebvre, lequel en son temps avait pensé devenir trappiste…
Il devient alors directeur de l’école Saint-Bernard que la Fraternité Saint-Pie X a installée à Paris et, trois ans plus tard, il rejoint le séminaire de Flavigny
où il devient professeur. Il partagera alors son temps entre des enseignements en ce séminaire et à l’Institut Saint-Pie X à Paris ainsi qu’un apostolat assuré à Saint-Nicolas du
Chardonnet.
Le 15 août 1994, il fut nommé supérieur du district de France, prenant la suite de l’abbé Paul Aulagnier, aujourd’hui membre de l’Institut du Bon-Pasteur et
desservant de la paroisse de Rolleboise dans le diocèse de Versailles. Il apparaît proche du nouveau supérieur général, Mgr Fellay, et, à deux reprises, ses éditos dans Fideliter
cèdent la place à des entretiens avec le jeune évêque.
Deux ans plus tard, il quitte la France et son poste de supérieur pour devenir directeur du séminaire d’Ecône, succédant ainsi à l’abbé Michel Simoulin. À ce
poste, il détient le record de longévité puisqu’il est en place depuis treize ans. Ses mandats renouvelés ne furent pas sans difficulté puisque sa gestion du séminaire fut directement mise en
cause à l’été 2004 par l’abbé Laguérie et les prêtres ayant ensuite fondé l’Institut du Bon Pasteur. Néanmoins, l’abbé Benoît de Jorna bénéficia tout au long de cette crise du soutien total de
Mgr Fellay.
Ce prêtre réservé est, en privé, plutôt pince-sans-rire. Il est aussi généreux et très miséricordieux envers ses proches. En 1999, il posait devant les
photographes après avoir sympathisé et fait un bras de fer avec le Père Guy Gilbert, le curé des « loubards » venu en visite à Écône. Plus récemment, lors du décès accidentel de trois
séminaristes en montagne, il a fait preuve d’un réconfort paternel qui a marqué ses pensionnaires éprouvés.
Ce professeur de philosophie et de dogmatique, est un grand partisan de saint Thomas d’Aquin tout en étant un pourfendeur des philosophes modernes dans ses cours.
Il a également travaillé à réfuter la thèse de Cassisiacum – mise en place par le Père Guérard des Lauriers.
Dans ses exposés, ce travailleur de l’ombre aime utiliser les analogies et les paraboles. En revanche, il a toujours un langage assez tranché à l’égard de Vatican
II et de ses applications au point de parler de « nouvelle ecclésiologie ». Lors d’un symposium organisé par la Fraternité Saint-Pie X à Paris, il a apporté une importante
contribution sur la réception du Concile, qui a été publiée.
Contrairement à une idée reçue, l’abbé de Jorna considère possibles les discussions doctrinales qui doivent prévaloir sur la simple diplomatie. En cela, on peut
lui accorder un certain optimisme de longue date, tant il fut un partisan précoce – dès 2000 – de pourparlers que d’autres auraient jugées impossibles. Il n’est pas un adversaire résolu des
accords. À propos de la romanité de Mgr Lefebvre, il écrivait : « Ses fils, ses disciples, ses successeurs n’ont pas un autre esprit : on nous arracherait plus facilement l’âme
que l’amour de Rome. » Cette fois, c’est lui qui y est, pour discuter…