m’avait été envoyée en copie. Je reproduis ici le début de la réponse de
l’abbé de Tanoüarn, en vous invitant à vous rendre sur le blog de Monde&Vie :
« Cher Père, merci de votre mise au point, merci de nous faire profiter de vos compétences en Droit canonique. Je ne dis pas que l’inamovibilité curiale ne pose
pas de problème. Je crois seulement qu’elle est conforme à la constitution non-écrite de l’Eglise, qui est d’être le Royaume de Dieu sur la terre, non pas un nième « Machin » comme aurait dit
De Gaulle des institutions supranationales, mais un pouvoir spirituel sui generis, respectant fondamentalement l’analogie de la création.
Le Pouvoir spirituel, comme Platon déjà l’avait compris dans sa République, ne peut pas ne pas être Un, car l’esprit est en perpétuelle quête de l’unité. Un
esprit qui se disperse ou se dissipe s’annule lui-même comme esprit et se condamne à l’impuissance.
Mais il y a plusieurs mode de l’unité. Il y a un mode conceptuel ou objectivé, qui est la grande tentation de tous les aspirants au gouvernement mondial. Et il y
a un mode analogique.
On peut imaginer une Monarchie mondiale qui trouverait sa légitimité dans une monstrueuse Correctness, étendant son empire intellectuel sur toute la Planète et
produisant des « commission grises » de fonctionnaires invisibles gouvernant l’univers depuis l’écran de leurs ordinateurs géants. Ce serait l’apogée d’une gouvernance conceptuelle, qui,
mécaniquement et sans même s’en prendre à elle de façon explicite, exclurait l’autorité spirituelle de l’Eglise et sonnerait (au moins officiellement) le glas de la Romanité. La Puissance
technologique et la Nécessité économique rendent une telle perspective non pas immédiatement praticable, mais enfin raisonnablement envisageable.
Faut-il renoncer à l’unité spirituelle ? Le vœu du Christ – « Père, qu’ils soient un comme nous sommes un – nous interdit de traiter cette idée de rêverie. Car la
prière du Christ est nécessairement efficace. Elle ne saurait être considérée comme un vœu pieux.
Le seul modèle d’unité spirituelle qui paraisse respectueux des personnes est l’unité analogique, parce que cette unité commence par les personnes. Chaque
personne est une, et toutes les personnes se ressemblent au moins en cela que chacune est une et que toutes sont à l’image de Dieu (Gen. 1, 29). C’est dans cette métaphysique personnaliste que
s’inscrit le message biblique (cf. Exode 3, 14-15 : « Tu diras que « Je suis » m’envoie vers vous ») et l’Evangile ne fait que confirmer notre responsabilité personnelle à chacun face à la
Parole de Dieu. »