« Réponse au Père A.N. :
-Non le missel de Paul VI n’est pas la “liturgie traditionnelle” : le nouveau missel et ses réformes (entamées dès les années 1955) s’éloignent beaucoup de l’esprit de la liturgie de
l’Eglise jusqu’ici, comme le soulignèrent très courageusement et opportunément deux cardinaux en leur temps… Le “sensus fidelium” le reconnaît tout de suite, et les plus fervents partisans du
nouveau Missel soulignent d’ailleurs au contraire son aspect de rupture avec “l’avant-Concile”.
-Si le missel de Paul VI était en parfaite continuité avec le missel du Bx Jean XXIII, jamais le Saint-Père n’aurait reconnu le bien-fondé de ce dernier : si l’on reconnaît celui de 1962
(pourquoi pas 1955-1956 ou 1965 ?), c’est qu’il y a rupture après ! Si le Saint-Père souhaite depuis longtemps une “réforme de la réforme”, c’est qu’il souffre (le nouveau Missel !) de graves
lacunes, notamment le “dépouillé de différents ajouts”, sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Le “revenu à une tradition plus ancienne” est faux : les savants savent (pardon pour la répétition)
ce qu’il faut penser du fameux “Canon d’Hippolyte” et du fameux archéologisme des “réformes conciliaires”. Et la Liturgie traditionnelle n’a jamais été interrompue par le concile de Trente et la
Contre-Réforme !!! Et quels en sont réellement les fruits ? Voyons cette crise de l’Eglise et de la société, qui puisent leur cause avant tout (mais pas seulement, certes) dans celle de la
Liturgie, “source et sommet de la vie chrétienne” (Vatican II).
-“Qui sait encore le latin aujourd’hui ?” : la sempiternelle question !!! Dans une société qui revendique ses “Lumières”, son progrès, sa culture, la scolarisation obligatoire, et qui insiste sur
l’obscurantisme “d’avant le Concile”, on est étonné d’une telle bêtise ! Oui, effectivement, “on” ne sait plus le latin, mais l’on a les moyens de le savoir, d’autant plus que le latin liturgique
est l’une des langues les plus faciles à apprendre, ne serait-ce que par son vocabulaire réduit. On apprend bien deux ou trois langues à l’école, que d’ailleurs les élèves ne savent pas parler
ensuite : cela est une autre question : l’échec de l’Education nationale.
-“Qui sait encore le latin ?” : je conseillerai au Père A.N. de relire les documents officiels du Magistère de l’Eglise, tant le 2nd concile du Vatican (1re constitution : “L’usage de la langue
latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins […] On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble en langue latine aussi les parties de
l’ordinaire de la messe qui leur reviennent. […] Selon la tradition séculaire du rite latin dans l’office divin, les clercs doivent garder la langue latine”) que “Veterum Sapientia” du Bx Jean
XXIII, que celui-ci signa sur l’autel-même de Saint-Pierre de Rome pour montrer sa détermination à voir cette constitution appliquée !
Réponse à B.B. :
-Oui, le virage est quasi à 180° à cause de “l’esprit du Concile” (qui commence avant Vatican II et se poursuit après lui).
-Oui, Paul VI, Souverain Pontife, a été “divinement inspiré” quant à “Humanae Vitae”, mais le “extrêmement courageux” s’arrête là :
-Il ne faut pas plaindre ce pape quant à la Liturgie. Oui, il a laissé, dans le magasin de porcelaines si précieuses qu’est la sainte Liturgie de l’Eglise, les commandes aux éléphants du nouvel
Hannibal (Bugnini), mais il reste responsable de son travail : après la Présentation Générale du Novus Ordo, et son fameux paragraphe hérétique quant à la définition de la Messe, le pape pleura
quand on l’interrogea, en disant avoir signé sans même avoir lu : c’est bien le problème – et l’irresponsabilité, quant à la si fondamentale Liturgie ! – de Paul VI, “pape écartelé”, dont il faut
lire la biographie par Yves Chiron. Le grand dilemme pour Paul VI a été de défendre en tant que pape des positions que personnellement il ne partageait pas.
-“Les tradis n’ont rien compris” : à voir ! (même si effectivement tous les tradis ne sont pas ipso facto intelligents, délicats voire bien formés). La ferveur, la romanité, la doctrine et les
vocations que l’on rencontre très généralement chez eux sont une application de ce que disait Notre-Seigneur : “Vous verrez l’arbre à ses fruits” !
Henri »
La saine Liturgie est une chose infiniment précieuse qui se reçoit (“tradition”), que l’on ne violente pas comme l’on veut, sans délicatesse et en imposant autoritairement des ajouts ou des
suppressions. La Liturgie se reçoit de Dieu par l’Eglise et ne se crée pas, ne s’invente pas dans des commissions humaines : le cardinal Stickler (expert au Concile) précisait que Mgr Bignini
avait été refusé à Vatican II comme inexpérimenté, et Paul VI le nomma responsable de la réforme de la Liturgie pour le dédommager !!!
Le développement organique, lent et plein de prudence et de délicatesse (pour la Liturgie comme pour le Dogme, et comme pour la vie humaine : pensons aux délicates greffes) est ce que souligne et
défend très bien notre Saint-Père : prions pour lui afin qu’il mène à bon terme sa mission propre : la restauration de la Liturgie et de son esprit dans la Sainte Eglise.