Mon article de ce matin – ou plutôt la courte phrase sous la photo – a fait réagir de nombreux lecteurs, que je remercie. Au passage, sachez, chers lecteurs, que toutes vos réactions sont lues, même s’il m’est impossible d’y répondre systématiquement. Donc, suite à ma remarque sur la génuflexion du célébrant et l’inclination simultanée des concélébrants, un certain nombre de lecteurs me disent que c’est bien normal puisque c’est dans la PGMR de 2002 (Présentation Générale du Missel Romain) :
222. A Quam oblatiónem usque ad Súpplices, celebrans principalis gestus facit, omnes vero concelebrantes omnia simul proferunt, hoc modo:
a) Quam oblatiónem, manibus ad oblata extensis;
b) Qui prídie et Símili modo, manibus iunctis;
c) verba Domini, manu dextera, si opportunum videtur, ad panem et ad calicem extensa; ad ostensionem autem hostiam et calicem aspicientes ac postea profunde se inclinantes;
d) Unde et mémores et Supra quae, manibus extensis;222. De Sanctifie pleinement à Nous t´en supplions, le célébrant principal fait seul les geste, mais tous les concélébrants disent ensemble tous les textes de la façon suivante: a) Sanctifie pleinement, les mains étendues vers les dons. b) La veille de sa passion, les mains jointes. c) Les paroles du Seigneur, en étendant la main droite, si on le juge opportun, vers le pain et le calice; à l´élévation, les concélébrants regardent l´hostie et le calice, et ensuite s´inclinent profondément. d) C´est pourquoi et Et comme il t´a plu, les mains étendues.
Pour les lecteurs, cela est donc bien normal et il n’y a pas d’abus. Certes, si l’on suit la PGMR à la lettre – ce qui est assez rare, il faut le souligner-, les concélébrants sont donc dans leur droit (en plus, ils portent tous la chasuble, ce qui est également rare en France). Mais cette indication de la PGMR est-elle réellement normale ? Pourquoi les concélébrants ne doivent-ils pas faire la génuflexion devant le Très Saint Sacrement ?
Ainsi, dans l’ouvrage monumental Cérémonial de la Sainte Messe à l’usage ordinaire des paroisses, préfacé par Mgr Aillet, on trouve cette remarque :
Les livres de la liturgie rénovée maintiennent la règle générale de la génuflexion devant le Très Saint Sacrement, sauf empêchement physique. Cependant, ils sapent cette règle en suggérant aux ministres d’omettre la génuflexion en de très nombreux cas, dont la liste manque autant de précision que de cohérence. Ainsi, il n’y a pas lieu de s’étonner si des fidèles imaginent que l’inclination est une salutation appropriée au Saint Sacrement, interchangeable ad libitum avec la génuflexion, sinon préférable, car ils ne font que prendre comme modèle le comportement, apparemment aléatoire, prescrit aux clergé et servants pendant la Messe.
Ce type de remarque est courant à propos du Missel rénové. Si la pratique liturgique traditionnelle n’a pas été abrogée, un certain nombre de suggestions sapent cette pratique (l’exemple de la communion dans la main est sans doute la plus emblématique) et font dire à certains que les abus rencontrés ça et là (et même très souvent) ne sont pas des abus, ou du moins, pas tout à fait. Si les concélébrants ne s’agenouillent pas devant Notre-Seigneur, pourquoi les fidèles s’agenouilleraient-ils ? Il me semble que la réforme de la réforme liturgique, si elle veut être cohérente, passera nécessairement par un réexamen du Missel rénové (d’où le titre de cet article) et pas seulement par une simple correction des abus.