Dans sa lettre 284, Paix Liturgique revient sur l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum à Royan. Aussi, l’association a fait réaliser une enquête auprès d’un échantillon de 964 personnes représentatives de la population de 18 ans et plus du diocèse de La Rochelle. Voici quelques résultats :
50,4% de l’ensemble des catholiques du diocèse disent connaître le Motu Proprio Summorum Pontificum contre 48,7% qui n’en ont jamais entendu parler (1% ne répond pas). Chez les catholiques qui pratiquent au moins une fois par mois, le résultat est néanmoins plus tranché puisque 76,5% sont au courant de l’existence du Motu Proprio contre seulement 23,5% qui l’ignorent.
51,9% des sondés trouvent normale la coexistence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse ; 34,4% n’ont pas d’avis et seulement 13,7% la trouvent anormale. En dépit de leur méconnaissance du texte, les catholiques du diocèse de Saintes – La Rochelle démontrent ainsi leur propension à adhérer au Motu Proprio et, plus largement, aux textes pontificaux. Parmi les pratiquants, ils sont mêmes 61,4% à juger normale la célébration régulière des deux formes du rite au sein de leur paroisse.
Chez les pratiquants, 40,3% déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 16,1% à un rythme mensuel. Soit 56,4% des pratiquants actuels du diocèse qui iraient au moins une fois par mois participer à une messe en latin et en grégorien selon le missel de 1962, à la condition que celle-ci leur soit proposée dans leur paroisse.
Aussi, Paix Liturgique analyse :
À Saintes et La Rochelle, ils sont 56,4% des les pratiquants à se dire prêts à participer au moins une fois par mois à la liturgie millénaire de l’Église si celle-ci était célébrée dans leur paroisse, soit 1 catholique pratiquant du diocèse de Mgr Housset sur 2 ! C’est un résultat considérable qui s’incrit tout à fait dans l’affirmation (Paragraphe 7) de la dernière instruction “Universae Ecclesiae” : “En raison de l’augmentation du nombre de ceux qui demandent à pouvoir user de la forme extraordinaire, il est devenu nécessaire de donner quelques normes à ce sujet“. […] Ce résultat montre-t-il que les diocèses de l’Ouest seraient nettement plus favorables au retour dans les paroisses de l’usus antiquior ? […] Ce résultat peut aussi présenter une lointaine mais certaine analogie avec le phénomène politique électoral actuel : les élus de nos démocraties sont de plus en plus en décalage avec leurs électeurs, d’où une montée continue de l’abstention, et des votes sanctions (la plupart des élections en Europe aujourd’hui se font contre les hommes au pouvoir). Toutes choses égales, le décalage entre les hiérarques catholiques et le « nouveau catholicisme » français, prêtres des nouvelles générations, séminaristes, communautés traditionnelles, familles, mouvements pro-vie, scoutismes, trouve dans les sondages liturgiques une occasion de manifester un ras-le-bol, il n’y a pas d’autre terme, certain.
Enfin, il y a peut-être une dimension personnelle dans le résultat de ce sondage qui tient à la figure particulièrement représentative d’une non-représentation, si l’on ose dire, du catholicisme réel, qu’est Mgr Bernard Housset, homme d’appareil conciliaire s’il en est depuis l’origine (dans le diocèse de Bayonne, puis dans les bureaux de la CEF). Homme au reste « modéré » (il lui est arrivé, étant évêque de Montauban, de célébrer la messe traditionnelle pour remplacer le prêtre désigné empêché), il est un des derniers Mohicans de ceux qui « ont fait le Concile », et que le monde ancien, qu’il a connu en sa jeunesse, agace comme tel au dernier degré. Bernard Housset est le type même de ces prélats français postconciliaires transparents, qui se suivent, se cooptent, se ressemblent, et qui, tout figures d’un théâtre d’ombres qu’ils soient, occupent tout le terrain depuis 40 ans. On a l’impression qu’aussi longtemps qu’il restera de ces hommes d’appareil, c’est eux que l’on nommera à la tête des diocèses de France. Une réaction particulière de récusation par « peuple de Dieu » réel peut donc aussi s’expliquer à son égard, à l’occasion de ce sondage.
Le père Delage, curé de Royan, a refusé la messe dans sa paroisse car la demande faite par un groupe de fidèles ne rencontrait pas le “large consensus des acteurs de la mission”. Mot d’anthologie d’une langue de la tribu qui brave le ridicule ! Le « large consensus des acteurs de la mission »… Comme nous n’imaginons pas que le père Delage soit un menteur, nous ne pouvons que pointer du doigt la non-représentativité de ces “acteurs de la mission”. En fait c’est un problème souvent vérifié : les laïcs qui peuplent les conseils paroissiaux et derrière lesquels se cachent les curés réticents ou craintifs pour justifier leurs refus d’application du Motu Proprio, ne représentent pas la réalité des pratiquants.