Dans Présent, Rémi Fontaine revient sur de l’intervention du cardinal Vingt-Trois à la veille du nouveau débat parlementaire sur la « bioéthique », lequel a déclaré :
La révision de la loi de bioéthique a été préparée par un vaste débat national avec les Etats généraux et les nombreuses contributions qui ont jalonné le parcours. Ce long processus aboutissait à des positions relativement équilibrées dont le vote des députés en première lecture était le reflet (…). Malheureusement, si les modifications introduites dans le projet de loi par le Sénat étaient entérinées par l’Assemblée nationale, une certaine conception de l’être humain serait très gravement compromise (…). De plus, la systématisation juridique du diagnostic prénatal nous conduirait inévitablement à un eugénisme d’Etat…
En l’an 2000, lors de la révision de la loi Veil par Aubry, son prédécesseur le cardinal Lustiger répondait pourtant à un journaliste : « Vous dites “risque d’eugénisme”, mais où est le risque ? Moi je vois l’eugénisme. » […] Une certaine conception de l’être humain EST en vérité gravement compromise depuis la loi Chirac-Veil, laquelle est à la « bioéthique » ce que la mentalité contraceptive est à l’avortement : une funeste cause dispositive !
Alors quand un homme de Dieu vient nous parler de « positions relativement équilibrées » pour ce premier vote de la honte à l’Assemblée, soi-disant issu du processus des Etats généraux, on croit rêver ou plutôt cauchemarder ! Nous avons dit en quoi ces Etats généraux (où s’est engouffré crédulement l’épiscopat) étaient aussi à la bioéthique ce que le Comité d’éthique fut à la morale : un leurre panthéonesque créé exprès « pour essayer de donner une bonne conscience officielle à des scientifiques [et à des politiques] qui font des choses dont ils pensent véritablement qu’elles offensent la morale », nous confiait le Pr. Lejeune dans Présent du 14 décembre 1983.
Avec ce conditionnel en trop et cette énormité sur les « équilibres » du vote de l’Assemblée en première lecture, on remarquera également, dans cette intervention cardinalice en faveur d’un dérisoire moindre pire, son étrange omission du Créateur. Si bien qu’en y ajoutant Dieu, sa conclusion en forme de reproche aux parlementaires semble englober l’épiscopat lui-même, dont la molle capitulation au moment de la loi Veil se poursuit décidément comme une malédiction pour la France :
Le respect inconditionnel de l’être humain [et de Dieu !] vaut mieux que des démissions peu réfléchies et peu courageuses qui font reculer notre civilisation en la poussant vers des choix extrêmes.