Mgr Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg, a été interrogé dans le dernier numéro de L’Homme Nouveau. Extraits :
Quel est le rôle de la beauté dans l’évangélisation ?
J’estime pour ma part qu’elle peut y contribuer de manière éminente. En effet si, vers Dieu, il y a le chemin du vrai et le chemin du bien, il y a aussi, il y a toujours eu en christianisme et il devrait y avoir de plus en plus, le chemin du beau. Car le beau, ou plutôt l’expérience du beau, nous éveille au mystère, nous donne le sens d’une richesse qui est au-delà du banal, de l’utilitaire et du superficiel, le sens du sublime et du transcendant. Nous nous découvrons acheminés ainsi vers un totalement « gratuit » qui pourtant nous comble – or, précisément, Dieu est grâce. Comme théologien et comme évêque, j’ai toujours cherché à mettre en valeur l’interface qui existe de fait entre Église et foi, d’un côté, et société et culture, de l’autre.
Ces édifices du passé [les cathédrales] ont-ils encore un message à donner à nos contemporains ? Aux catholiques ? Aux simples touristes ?
En vertu de ce que je viens de dire, ma réponse est sans hésitation : oui ! Et si, avec Dostoïevski, on peut déclarer que c’est seulement « la beauté qui pourrasauver le monde », nous n’avons pas fini de le vérifier. Quelle que soit leur position par rapport à la foi, les « simples touristes » que vous évoquez n’y sont pas insensibles. À Strasbourg, où la cathédrale accueille chaque année quasiment quatre millions de visiteurs, nous en avons de constants témoignages.