Dans le quotidien Présent du 9 avril, Jean Madiran fustige la CRCF :
Sans que l’on paraisse s’en rendre compte, une ère nouvelle risque d’avoir commencé pour le catholicisme en France avec la déclaration de la Conférence des Responsables de Culte (CRCF) […] La Croix, dans son éditorial du mercredi 6 avril, nous confirme que la signature de cette déclaration du 30 mars est bien un acte d’adhésion en commun non point à un Dieu mais à une transcendance politique qui dépasse les diverses confessions religieuses pour parvenir à un niveau supérieur, celui des vraies questions. La gravité exceptionnelle de cette confirmation par La Croix mérite qu’on la lise dans le texte lui-même :
« La déclaration des responsables de cultes publiée la semaine dernière [dans La Croix du 30 mars] témoigne de la capacité des diverses traditions de transcender les appartenances religieuses, de déconfessionnaliser le débat et d’inviter “à la veille de rendez-vous électoraux importants” à affronter les vraies questions. »
La religion catholique est donc transcendée avec les autres, comme les autres « appartenances religieuses », au même titre, inséparablement. A la déclaration d’une telle transcendance le Responsable de Culte Vingt-Trois et le Responsable de Culte Ulrich ont apposé leur signature ès qualités explicitement invoquées de « président » et de « vice-président » de la conférence épiscopale. Ils prétendent engager ainsi l’Eglise de France. Aucun évêque n’a élevé une protestation publique contre cette publique apostasie. Aucun peut-être ne l’a encore aperçue, elle n’apparaît pleinement qu’en joignant ce qu’elle a d’impliqué à ce qu’elle a de déclaré.
Le simple fait de se soumettre sans réserve au « pacte républicain » et au « cadre de la République » est une fantastique inversion collective. (Le XXIe siècle s’est clairement engagé tout entier, par ses lois et par ses mœurs, dans une automatique inversion généralisée.) La nature propre de n’importe quelle religion étant de rendre à Dieu un culte sacré, elle se situe forcément au-dessus de tous les « cadres » et « actes » politiques. Sinon, elle abdique son être même, elle n’est plus une religion.
Mais que dire alors de la religion catholique, que dire de l’Eglise fondée par Dieu pour parler au nom de Dieu et pour lier et délier sur la terre, ayant reçu de Dieu le pouvoir surnaturel et la mission d’enseigner, de baptiser, de conduire au salut éternel !
Concernant les RCF catholiques qui ont signé la déclaration du 30 mars et les évêques qui n’y trouvent rien à redire, Yves Daoudal y voit « le signe que ces gens-là, en fait, ne croient en rien ». En tout cas ils ont déserté l’acte extérieur de la foi.
On dira peut-être que face à une législation et une opinion dominante de plus en plus anti-religieuses, – mais davantage anti-catholiques qu’anti-musulmanes, – c’est une habile tactique de faire avancer la résistance catholique sous le couvert d’une protestation unanime de toutes les religions confondues. Funeste tactique. Cela fait les déclarations lamentables de religions sans Dieu, ne parlant plus que d’elles-mêmes et… de leur irréprochable républicanisme.