De ma consoeur Jeanne Smits :
Rompant avec le mutisme de la quasi-totalité des évêques de France, après le courageux Mgr Cattenoz, le cardinal Philippe Barbarin, primat des Gaules, a pris l’initiative d’adresser un communiqué à l’AFP pour demander le « retrait » de l’« œuvre » d’Andres Serrano, Piss Christ, exposé à l’hôtel de Caumont qui abrite la collection du galeriste Yves Lambert en Avignon. Un texte court et sans circonlocutions.
« C’est une offense, une blessure profonde pour nous, surtout en cette Semaine Sainte, car elle touche Celui qui nous “a aimés jusqu‘à l’extrême” », écrit le cardinal Barbarin : « Jésus nous a préparés : “Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera” et il nous demande : “Priez pour ceux qui vous persécutent.” J’espère que nous aurons assez de courage intérieur pour le faire. »
Oui, on nous persécute, le mot est juste. Cette persécution nous touche dans ce que nous adorons et devrions aimer le plus profondément, notre Sauveur qui nous demande de regarder toute souffrance humaine à travers sa souffrance indicible, tout comme son Père regarde et réhabilite notre humaine nature déchue en aimant son Fils qui a assumé notre misère pour nous en laver. Cette persécution, toujours la même, est au fond une manière de nous demander de renier le Christ, de l’avilir, de sacrifier aux idoles du jour.
L’attitude chrétienne devant la persécution n’est pas la soumission résignée et encore moins la complicité, pour en éviter les conséquences parfois mortelles – ici, la « mort sociale » qu’appelle le qualificatif d’« intégriste ». Elle est proclamation de la vérité, quoi qu’il en coûte. Dire qu’il est heurtant, blessant et somme toute stupide de plonger l’image du Christ souffrant dans l’urine pour la photographier ne nous permettra certes pas d’être cooptés au sein du petit monde très lucratif de l’art contemporain. Ni de hurler avec les snobs. (…)
L’institut Civitas, qui a magnifiquement porté la contestation publique de l’exposition de Piss Christ en « tête d’affiche » de l’exposition en cours en Avignon, a réagi par la voix de son secrétaire général, Alain Escada : « Je constate que ce fait divers permet une victimisation qui tombe bien à point pour la direction de la collection Lambert et permet de redorer son blason alors qu’elle était stigmatisée, y compris par des députés et sénateurs, pour le caractère offensant et anti-chrétien qu’elle véhiculait à travers le contenu de cette exposition. »