Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées, répond à Famille chrétienne :
Je redoute une laïcité ouverte qui se constitue non pas dans un dialogue entre les religions et l’État, mais entre l’État et une nébuleuse qu’on appelle l’Interreligieux. Avec un I majuscule parce que c’est une idole. Comprenez-moi : il est utile d’apprendre à connaître, estimer et respecter tout ce qu’il y a de bon et de beau chez l’autre, ainsi que l’a rappelé Benoît XVI en usant de la formule de saint Thomas d’Aquin, « toute vérité, de quelque bouche qu’elle sorte, vient de l’Esprit Saint ». Mais affirmer que les religions doivent dialoguer, aujourd’hui, c’est enfoncer une porte ouverte. Ce que je dénonce, c’est une approche interreligieuse fausse, qui veut prendre de manière compacte et indifférenciée les religions ensemble, sous couverture du phénomène religieux, sans regarder chaque religion dans sa spécificité concrète. Il y a aujourd’hui une tendance très forte en ce sens. Pour chaque catastrophe ou chaque événement un peu marquant de la vie publique, les religions sont sommées de manifester qu’elles sont d’accord et sont indistinctement source de paix et d’harmonie.
De même, je reçois régulièrement des requêtes du commandement pour célébrer des « célébrations œcuméniques » ou des « offices interreligieux ». Ces demandes montrent bien la confusion qui règne. En effet, je ne célèbre pas une liturgie catholique de la même manière que je m’exprime dans une cérémonie patriotique. De la même manière, je suis interpellé par des gens qui me reprochent de célébrer la messe en me disant qu’il n’y en a que pour les catholiques, qu’il aurait fallu inviter le rabbin et l’imam et que je ne suis pas assez œcuménique !