Le mensuel Monde et Vie a interrogé Christian Wagner, paroissien de Thiberville, bien au fait du conflit entre Mgr Nourrichard et l’abbé Michel. Extrait :
L’abbé Michel était difficile à déboulonner à cause de ses résultats et parce qu’il avait le soutien officiel des treize maires de ses treize communes, toutes tendances politiques confondues. Il a fallu monter, comme vous dites, un véritable piège. Première branche de la tenaille: la paroisse de Thiberville est supprimée par décision administrative de l’évêque. Les églises sont rattachées à la paroisse nouvelle Notre-Dame de Charentonne, dont le curé n’est autre que l’abbé Vivien. On a proposé à l’abbé Michel – 61 ans et en pleine forme – de devenir vicaire d’un de ses anciens vicaires à l’autre bout du diocèse. Et dans le même temps – deuxième branche de la tenaille – on a fait courir des bruits ignobles sur l’abbé Michel, qui se trouvant dans une procédure administrative instruite à Rome, était tenu au silence.
Vous prétendez donc que ces bruits fâcheux n’ont aucune réalité?
En fait on a profité d’une imprudence de l’abbé Michel qui est une affaire de Clochemerle. Le sacristain de Thiberville avait pris de plus en plus d’importance dans la vie paroissiale, allant jusqu’à porter une petite croix à son revers, comme s’il était prêtre. Il a été écarté par le conseil interparoissial et l’abbé pour des motifs sérieux. Pour se venger, il est allé colporter, auprès de l’abbé Vivien en qui il était sûr de trouver une oreille complaisante, des ragots autour de la présence au presbytère d’une personne homosexuelle, atteinte du sida, dont l’abbé Michel s’occupait. Il n’avait bien entendu aucune preuve de ses accusations. Mais cela suffit à Mgr Nourrichard pour insinuer en public (sans préjuger des conversations privées) qu’il sait des choses, qu’il ne peut pas dire, mais qu’il dira s’il le faut etc. On a obtenu un jugement rapide au for administratif, en se prévalant bien évidemment de ces calomnies pour réduire au silence quiconque aurait une objection à faire. Le piège était monté. […]
Disons qu’à Rome on a dû agiter le drapeau de l’homosexualité sans preuve et uniquement par oral. Mais la décision écrite est purement administrative. J’ajoute sur cette question, puisque vous y revenez, que l’évêque d’Evreux en 2008 a reconnu que ces calomnies étaient sans fondement. L’abbé Michel était attaqué. L’attaque venait de haut. Il a réagi avec finesse en convoquant le conseil interparoissial et l’évêque. Il a demandé à la personne atteinte du sida : « Tu racontes tout ». Il y a un écrit de l’évêque d’Evreux qui, suite à cette séance, disculpe entièrement l’abbé Michel.