Mgr Marc Aillet est interrogé dans Valeurs actuelles à propos de la visite de Nicolas Sarkozy à Rome, demain :
Qu’est-ce que les catholiques peuvent attendre d’un gouvernement ?
L’Église, en tant qu’institution, n’a pas de solutions concrètes à apporter, encore moins de directives à donner. Elle invite les fidèles, qui sont des citoyens à part entière, à participer à la construction d’un ordre social fondé sur la justice et le bien commun. Elle est appelée à réveiller, comme le dit BenoîtXVI, les forces morales et spirituelles dans la société, en rappelant certains grands principes, qui peuvent servir à «purifier la raison» qui commande à la chose politique. Ces principes, dits “non négociables” par le cardinal Ratzinger dans une note célèbre sur l’engagement des chrétiens en politique, sont le respect de la dignité de la personne humaine (depuis la conception jusqu’à la mort naturelle), le respect de la famille fondée sur l’union d’un homme et d’une femme, et la liberté des parents d’éduquer leurs enfants.
Ces principes sont-ils respectés ?
On peut s’inquiéter que la ministre de la Santé fasse de la promotion de l’avortement l’une de ses priorités. Elle a revalorisé cet acte au motif que certains médecins ne veulent pas le pratiquer ; elle veut en faire l’un des critères d’appréciation de l’activité des établissements de santé ; elle a déclaré qu’elle se refusait à le considérer comme un mal nécessaire (terme qu’employait pourtant Simone Veil lors de sa dépénalisation), alors que chacun s’accorde à souligner que le nombre d’avortements reste très élevé en France (plus de 200 000 par an) et qu’il s’agit d’un acte souvent traumatisant pour les femmes qui le subissent.
On peut par ailleurs s’étonner qu’il soit si peu question de la famille dans le débat politique, même au moment de réformer les retraites. Si le nombre d’actifs diminue, c’est aussi que la relève des générations n’est pas assurée. Une politique familiale digne de ce nom doit constituer un encouragement à la vie. Cette ambition mérite d’être rappelée dans un contexte démographique alarmant en Europe.
Enfin, la suppression de nombreux postes et les contraintes qui pèsent fortement sur le recrutement de ses enseignants posent de vrais problèmes à l’enseignement catholique – dont la loi reconnaît pourtant le « caractère propre ». La situation, telle qu’elle se présente, n’est pas satisfaisante au regard de la liberté d’éducation.