Le diocèse de Paris consacre cette année à la famille. Dans une lettre pastorale de 15 pages, le cardinal André Vingt-Trois s’adresse aux catholiques. Il écrit notamment :
Avant toute chose, je voudrais à nouveau insister sur le fait qu’il y a quelque chose à faire. Nous rencontrons trop de gens qui sont aliénés dans leur liberté, comme s’ils étaient submergés par une vague de comportements et de manières de vivre contre lesquels ils ne pourraient rien. Prenons quelques exemples pour nous éclairer. Actuellement dans la Région d’Ile-de-France, on estime que plus de 40% des mariages aboutissent à un divorce. C’est un nombre tellement considérable que, tous, nous connaissons des familles, peut-être même les nôtres, qui sont frappées par
ce fléau. La pensée commune est qu’il n’y a rien à faire et que, fatalement, un mariage sur deux va se terminer par un divorce. Mais pensez-vous sérieusement que les 60% de mariages qui tiennent sont composés de gens anormaux, qui ne vivent aucune crise conjugale et qui n’ont aucune raison de se séparer ? Plutôt que de nous laisser fasciner par ces 40% d’échec, pourquoi ne pas nous appuyer sur les 60% de succès et essayer de comprendre comment il est possible de vivre la fidélité ?De même, le « modèle télévisé » de la vie affective, comme les cours d’éducation sexuelle dispensés dans les collèges et les lycées, fonctionnent sur un principe qui n’est jamais contesté, et pas même discuté : la continence sexuelle serait impossible. Une fois ce principe admis, il n’est pas difficile de dissocier la relation sexuelle de l’engagement personnel des partenaires. L’éducation affective est du coup ramenée à une prophylaxie dont les objectifs sont d’éviter les deux grands dangers que sont les maladies sexuellement transmissibles et la maternité. Ainsi ce qui peut être une belle expérience humaine se transforme en « zone dangereuse ». Comment pouvons-nous accepter que l’on réduise à ce point la liberté humaine, qu’on la juge incapable de surmonter les désirs sexuels ?
J’ai choisi délibérément ces deux exemples parce qu’ils nous font sentir à quel point nous sommes entraînés dans une logique de fatalité. Il en est beaucoup d’autres qui sont moins graves et moins dramatiques. Mais en tout cela, c’est la liberté humaine qui est en jeu. C’est notre dignité que d’être bien plus qu’une somme de désirs et de pulsions, c’est notre grandeur que d’apprendre à les maîtriser.