Le 14 septembre, le cardinal Barbarin a publié un article intéressant dans Libération concernant le respect de la création, intitulée “C’est un vol, une injustice à l’égard des générations présentes et futures“. En voici quelques extraits et l’on note que l’archevêque de Lyon ne sacrifie pas à la grande peur du réchauffement climatique :
La responsabilité de l’homme, c’est que la création tout entière puisse continuer de chanter. Tel est le sens du premier commandement biblique, donné par Dieu à l’homme et à la femme, seules créatures faites à son image, au milieu de tant de merveilles : «Emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux» (Gen. 1, 28). Des voix se sont élevées pour dénoncer «les impitoyables conséquences» de cette parole. Etonnant aveuglement ! Certes, en affirmant que le soleil et la lune ne sont pas des dieux mais de simples lumignons créés par Dieu, comme en supprimant tout caractère mythique à la mer, aux plantes et aux animaux, la Bible les faisait descendre de leur piédestal. Or, voilà que cette désacralisation aurait poussé l’homme à abuser de la création et à entrer dans une frénésie de production et de consommation. Le danger n’est pas illusoire. Mais l’imputer à la Bible, c’est vraiment de courte vue. Il suffit d’avancer dans le texte de la Genèse, souvent tronqué et donc mal compris, pour lire quelques lignes plus loin : «Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder» (2, 15).
Mais comment faire entendre à l’homme que, s’il est établi maître de la nature, il est avant tout un intendant qui aura à rendre des comptes ? Car il l’oublie vite. […] En fait, l’homme reçoit à la fois une grande liberté, des consignes claires et une responsabilité impressionnante. S’il admire les arbres séculaires, c’est en se souvenant que «le ciel et la terre passeront», tandis que sa vie à lui s’ouvre sur l’éternité. Même si certains en viennent à se désoler que l’homme, dont le passage sur Terre est éphémère, ose toucher à l’ordre sacralisé de la nature, jamais celle-ci ne peut être considérée comme une déesse intouchable. Sinon, par un étrange retournement, c’est l’homme qui se trouverait relégué au rang d’un simple élément, dans «l’environnement» de Dame Nature. Et il serait prié de se faire discret, car connu comme un prédateur potentiellement dangereux.
Pourtant, grâce au génie de l’homme, la Terre peut trouver une beauté et une fécondité inconnues. Que d’aliments et de fruits nouveaux, que de terres et de forêts admirablement cultivées ou plantées ! Mais cette logique de confiance que Dieu adopte à notre égard, n’est pas sans risque. […] Les conséquences désastreuses de la déforestation ou de la pollution de l’air, des mers et des rivières sont maintenant bien connues. De tout cela, nous aurons à répondre un jour devant Dieu