J’avais évoqué le triste entretien donné par l’archevêque de Poitiers dans Le Monde le 3
avril dernier.
Sur le site Benoît-et-moi, on découvre aujourd’hui la réponse d’un fidèle à Mgr Rouet,
citant ce blog. En voici un extrait :
“j’ai pris, après avoir prié et réfléchi, la décision de vous écrire pour réagir à la publication de vos propos dans le quotidien Le Monde, dans lequel vous paraissez vous employer à critiquer,
fort de votre rang et de votre prestige, l’action et la personnalité du Saint-Père : “Depuis quelque temps, l’Eglise est battue d’orages, externes et internes. On a un pape qui est plus
théoricien qu’historien. Il est resté le professeur qui pense que quand un problème est bien posé, il est à moitié résolu. Mais dans la vie, ce n’est pas comme cela ; on se heurte à la
complexité, à la résistance du réel.” Vous dénoncez tout particulièrement le «centralisme romain» et son «réseau de dénonciations», ainsi que des dérives identitaires et
revendicatives que vous n’hésitez pas à assimiler à celle des intégristes islamistes. Si je ne me trompe pas, Monseigneur, les fidèles que vous visez par ces critiques sont ceux qui
manifestent la volonté de rénover l’Eglise par l’expérience de la Tradition, la réaffirmation des dogmes principaux et la restauration de la liturgie, les fidèles de la «génération
Jean-Paul II» et ceux de la «génération Benoît XVI», comme on le dit aujourd’hui.
Mais il me plairait beaucoup de savoir pourquoi un fidèle qui réclame le mariage des prêtres, le sacerdoce universel luthérien, le rejet de la Tradition, est un « laïc engagé » tandis que
celui qui soutient le Pape, demande la Messe de saint Pie V ou la messe de Paul VI célébrée conformément aux rubriques et aux instructions romaines, le catéchisme catholique et une pastorale un
peu plus visible est un « intégriste identitaire » responsable de l’éloignement de la société pour l’Eglise et enfin de tous les maux. Il est vrai que certains catholiques sont enclins à
critiquer les évêques.
Mais s’il me fallait donner l’exemple d’un mouvement s’adonnant systématiquement au dénigrement de l’épiscopat, ce ne serait pas de Perepiscopus dont je parlerais (..) mais de
Golias : voici une revue, dont on ne dira pas (c’est le moins qu’on puisse dire) qu’elle est « tradi », qui régulièrement se permet de noter les évêques et d’en calomnier beaucoup en les
traitant de tous les noms. Il est vrai, Monseigneur, que Golias vous coiffe de cinq mitres ; mais je ne puis croire que votre tête en soit alourdie et votre jugement altéré.
Golias a traité certains de vos frères dans l’épiscopat de « calamités épiscopales » ; tel évêque est « médiocre » ; un autre est « nul » ; un autre encore est «
autiste » ou « inquiétant » ; la nomination de tel jeune évêque est présentée comme « dangereuse » pour l’Eglise de France ; quant à tel évêque ne faisant pas
profession de progressisme, son discours doctrinal est évidemment « simpliste ». Cela est-il vrai, oui ou non ? Cela n’est pas faire des « fiches », des « dossiers » contre les
uns ou les autres, selon votre expression ? J’ai même entendu dire que la même revue avait dressé la liste des pestiférés qui s’étaient rendus coupables d’avoir célébré la messe dans le
rite de saint Pie V.
Alors, Monseigneur, pourquoi, si vous désapprouvez tant ces « comportements » chez les catholiques qui soutiennent le Saint-Père, ne condamnez-vous pas les calomnies proférées par Golias
? Pourquoi ne les mentionnez-vous pas ? Je ne puis croire que vous n’en soyez pas informé. Il est vrai, Monseigneur, que vous avez reçu bien plus de louanges de Golias que de Paix
Liturgique. Mais si quelque « tradi » a pu relever contre vous quelque grief, n’est-ce pas également que vos propos sont parfois équivoques, jusque dans ceux que vous livrez à la presse,
c’est-à-dire à tous ? […]
Quand je vous entends dénoncer le « centralisme romain » et décrire le Saint-Père comme un vieillard sénile qui n’a rien compris à la réalité des problèmes, je m’interroge sérieusement ;
de même que je m’interroge en trouvant sur le site de votre diocèse un texte de l’abbé Blanchard pour le moins effarant, qui nie la réalité de la Présence de Notre-Seigneur dans le
Saint-Sacrement. Monseigneur, ce texte est un outrage au Saint-Père, qui n’a jamais cessé de nous exhorter à adorer le Corps de Jésus-Christ, c’est un outrage à toute la théologie
catholique, à tous les martyrs morts pour la Messe, parce qu’ils croyaient à la Présence réelle ; à une multitude de fidèles et de saints, au saint curé d’Ars, au saint Padre Pio, à saint Thomas
d’Aquin ; c’est un outrage enfin à Notre-Seigneur Lui-même, bafoué dans le sacrement de Sa charité. Monseigneur, vous êtes un prêtre, un homme ordonné pour aimer le Cœur de Jésus, vous êtes un
évêque, un veilleur de la foi catholique héritée des apôtres : ne pouviez-vous pas, par une réprimande paternelle, mais ferme, empêcher ce prêtre de démolir la foi des fidèles ? Et pourquoi,
Monseigneur, jugiez-vous nécessaire de contredire explicitement le Saint-Père quant au mariage des prêtres ? Pourquoi jugiez-vous nécessaire de le traiter par le mépris ?”