Lors de l’entretien du mois de mai, diffusé sur Radio Lapurdi Irratia, Mgr Aillet,
évêque de Bayonne, s’est exprimé sur la Marche pour la Vie du 29 mai dernier à Bordeaux. Il a déclaré :
“Cette Marche pour la Vie est à l’initiative d’une association qui s’appelle Oui à la Vie, qui est composée de jeunes, en particulier d’étudiants pour la Vie, qui est une autre association
nationale, souvent de catholiques bordelais, mais sans exclusive. Ils ont eu l’idée, à la suite des marches pour la Vie qui sont organisées depuis quelques années à Paris au mois de janvier,
à l’occasion de la fête des mères, pour célébrer cette journée de mobilisation nationale pour la Vie, d’organiser cette marche festive en y conviant toute personne sans aucune
discrimination. C’est une association qui est à la fois aconfessionnelle et apolitique même si elle est souvent portée par des catholiques, qui sont sensibles à cette cause de la promotion de la
défense de la vie.
Tout le monde y est invité de manière personnelle de diverses confessions religieuses, croyants ou non croyants, de toutes tendances politiques même. La promotion de la Vie n’est
l’apanage d’aucun parti politique bien entendu. Le cardinal Ricard avait été attentif puisqu’ils étaient venus se présenter à lui. Il avait dit “faites surtout attention à
toute récupération politique” car vous savez bien que toute défense des intérêts des plus petits ou des plus pauvres est toujours l’objet, et tout l’échiquier politique est concerné, de
récupération de tel ou tel parti. Lorsque l’on va défendre les immigrés et leur dignité, on peut être récupéré par tel ou tel mouvement d’extrême gauche. Quand on va défendre la famille
traditionnelle et la dignité de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle, on peut être récupéré aussi par tel ou tel parti de droite ou d’extrême droite. Il faut évidemment se
garder de tout cela. On ne peut pas empêcher la récupération. Les organisateurs de cette marche pour la Vie (ce sont les recommandations qui leur sont faites par le cardinal
Ricard) ont été extrêmement fermes pour dire que cette manifestation doit être pacifique, qu’elle est pluraliste, que toute personne, quelque soit sa sensibilté, son opinion politique, sa
religion ou sa confession peut y participer, qu’elle doit être absoluement apolitique, que les mouvements politiques en tant que tels doivent être interdits de participation, qu’ils ne doivent
pas profiter de cette manifestation pour lancer des slogans, faire des déclarations, donner une visibilité à ce qu’ils sont.
Les slogans doivent être respectueux des personnes et ne jamais mettre
en cause quiconque. C’est pourquoi d’ailleurs les slogans sont toujours très positifs. Il ne s’agit pas d’être contre, ni contre l’avortement ni contre l’euthanasie,
mais oui à la Vie, oui à l’accueil de la Vie dans toutes circonstances, oui à la famille fondée sur le mariage d’un homme et d’une femme, et surtout d’avoir toujours une attitude joyeuse,
respectueuse de tous. Manifester le positif de la vie et de la famille mais sans entrer en contradiction avec les autres, en les respectant toujours et en même temps en proposant une
alternative à l’avortement par exemple.
Il existe des alternatives à l’avortement que bien des femmes ne connaissent pas. C’est souvent contre leur instinct maternel le plus présent qu’elles sont, par
diverses pressions sociales, souvent contraintes à cet acte irréparrable dont elles savent aussi mieux que personne les conséquences dramatiques au plan psychologique, au plan
personnel. Mais sans juger personne. Il ne s’agit pas de juger ou de porter l’anathème. Au contraire, c’est vraiment proclamer d’une manière très festive et très significative avec des
familles, des jeunes, des enfants, dans une atmosphère de fête, ce grand oui à la Vie.
Toute manifestation dans la mesure où elle est une expression publique peut paraître une provocation. Mais c’est vrai de toutes les manifestations. Je crois qu’aujourd’hui, pour
sensibiliser les citoyens à tel ou tel sujet de société ou de préoccupation de société, la manifestation demeure comme on le voit tous les jours dans les media, un des moyens
privilégiés. Ici, il ne s’agit pas tant de défendre les droits d’une corportaion mais, au contraire, il s’agit de défendre le droit des autres. Je trouve qu’il y a une attitude
très altruiste dans une manifestation pour la Vie car il ne s’agit pas de défendre ses intérêts à soi, comme c’est souvent le cas, même si ça a toute sa validité pour autant dans les
corporations socio-professionnelles qui descendent dans la rue pour défendre leurs intérêts, à juste titre d’ailleurs. C’est une chose qui leur est permise en démocratie. Là en
l’occurence, il s’agit de défendre les intérêts de ceux qui n’ont pas de voix, de ceux qui ne peuvent pas s’exprimer, de ceux qui ne peuvent pas se défendre. Je trouve cette
manifestation, plus qu’une provocation, un souci des autres. C’est une manière aussi de s’inscrire dans un débat de société qui est démocratique. La manifestation publique est un moyen
d’expression. Il n’est évidemment pas le seul et ne doit pas être isolé d’un travail de longue haleine au jour le jour, de dialogue avec les catégories
sociaux-professionnelles concernées, avec les élus quand il s’agit d’infléchir certains accents de la loi ou de proposer des alternatives sociales à tel ou tel désastre mis en cause ici dans ce
genre de manifestation.
Il faut aussi que ça s’allie avec des propositions très concrètes comme l’ouverture de maisons pour accueillir des femmes en difficulté, mettre à disposition de personnes en
difficulté des moyens humains d’accompagnement financier pour résoudre les problèmes sociaux qui sont souvent en majorité les causes de ces actes irréparables contre la Vie comme l’euthanasie ou
comme l’avortement.”