Réflexion intéressante de Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont, sur
l’accusation contre l’Eglise en raison de la faute de quelques uns :
“La première condition pour que les victimes se libèrent est
d’exiger que leurs agresseurs soient clairement identifiés et punis. Or, en ouvrant un autre procès, à côté du procès des coupables, on risque de donner à ceux-ci un alibi
inespéré. Ils pourront dire : « Mais mon supérieur savait, etc. » Pourtant, la plupart du temps, il est clair que les supérieurs ne savaient rien du tout au moment où les
pédophiles s’en prenaient à ces jeunes. En effet, très souvent, on découvre que les faits ont été commis plusieurs années avant leur révélation. En même temps que l’on donne un
alibi au coupable, on fait en sorte que ses victimes n’en finiront plus de cauchemarder. On les précipite dans un système infernal où les coupables pourront se cacher indéfiniment. En s’en
prenant globalement à toute l’Eglise, certains médias jettent les enfants dans un mauvais film dont ils ne pourront plus sortir. Voilà des jeunes qui verront maintenant des coupables
partout. Ils ne pourront plus écouter les infos, ils ne pourront plus entendre parler du pape, ou de l’Église, sans être immédiatement ramenés, par un enchaînement terrible, à leur bourreau. Mais
il faut leur répéter que celui-ci a agi sans ordres de qui que ce soit. Ce n’est ni l’Évangile, ni le pape, ni son évêque qui l’ont incité à ces crimes. Or, si l’on déplace la culpabilité
vers « le système » on aboutit, qu’on le veuille ou non, à atténuer la responsabilité de l’auteur des faits. Si l’on procède par généralisations et amalgames, on dédouane les vrais
coupables. On oublie leur nom, mais on fait porter l’odieux sur les responsables institutionnels. Il faut donc veiller à ne pas prendre ces jeunes en otages d’une cause qui n’est pas la leur. Il
ne faut pas se tromper de procès. Il ne faut pas donner un alibi à des pervers. Le meilleur service à rendre aux jeunes victimes, ce serait, me semble-t-il, de dire qu’il n’y a
pas de « système », mais toujours des comportements individuels. Ceux qui ont abusé des enfants qui leur étaient confiés ne doivent pas pouvoir s’en défausser. C’est seulement comme cela que ces
jeunes auront une chance de chasser de leur tête toutes les horreurs qu’ils ont subies. Car toute la question, pour eux, est de parvenir à renouer des relations de confiance avec d’autres
éducateurs. Leur long chemin de rétablissement intérieur s’accommode mal des simplifications médiatiques.”