Monseigneur Raymond Bouchex, archevêque émérite d’Avignon (1978-2002), est décédé aujourd’hui dimanche 9 mai, à l’âge de 83 ans.
Né le 25 janvier 1927 à Lugrin, il a été ordonné prêtre le 3 juin 1950, nommé évêque auxiliaire d’Aix, Arles et Embrun le 23 février 1972 et est consacré évêque le 19 mars suivant. Il est nommé
par le pape Jean-Paul II archevêque d’Avignon, d’Apt, Carpentras, Cavaillon, Orange et Vaison-la-Romaine le 25 avril 1978. Il se retire le 21 juin 2002, ayant atteint l’âge de 75 ans.
En décembre 2004, il déclarait à propos de l’avortement :
“L’année 2005 sera le 30ème anniversaire de la loi
dépénalisant l’avortement (j’utilise le mot avortement, celui d’IVG me paraissant occulter la gravité de l’acte). En effet le 21 décembre 1974, était adoptée la loi présentée par
Madame Simone Veil. Le texte était promulgué le 17 janvier 1975. Le Parlement confirmait la loi le 31 décembre 1979. Le livre anniversaire de Madame Simone Veil a pour titre « Une loi pour
l’histoire » (chez Stock). La loi de 1975 est bien « une loi pour l’histoire » et « les hommes aussi s’en souviennent » selon le sous-titre du journal « La Croix » (04/11/04). Mais,
contrairement à ce que pensent l’auteur et ses commentateurs favorables, l’histoire s’en souviendra et les hommes s’en souviendront comme d’une atteinte à la dignité de l’être humain lourde de
conséquences. Ces trente dernières années ont en effet été marquées de dérives de plus en plus graves sur le plan éthique. […]
On qualifie parfois de fascistes ou de néo-nazis les opposants à l’avortement, à l’eugénisme, à la suppression des handicapés, à la stérilisation forcée ou d’autres pratiques.
Nous savons qu’il y a, vis-à-vis du nazisme, un « révisionnisme » positif mettant en cause l’existence des camps de concentration et des chambres à gaz par exemple. Un tel « révisionnisme » est
inacceptable et mensonger, étant donné les preuves irréfutables de ces réalités et la souffrance de millions d’êtres humains, parmi lesquels des chrétiens, qui en ont été victimes (Saint
Maximilien Kolbe, Sainte Edith Stein, le bienheureux Leisner, et d’autres). Nous en avons pour témoignages, parmi d’autres, les interventions d’évêques allemands comme Clemens August von Galen,
évêque de Munster, Konrad von Preysing, évêque de Berlin, Michael von Faulhaber, évêque de Munich. Mais il y a un « révisionnisme » que j’appellerai négatif, qui consiste à taire une
autre face du nazisme, celle qui touche l’avortement, l’eugénisme et l’amélioration de la race, les expériences médicales, la suppression des handicapés, des malades mentaux, des vieillards, des
non-aryens, considérés comme des sous-hommes. Ce « révisionnisme » négatif est très présent dans notre société, dans les discours politiques et scientifiques, dans les médias. Lorsqu’il est
question du nazisme, on occulte le plupart du temps ces faits. Or ces faits sont aussi caractéristiques du nazisme que les autres faits. […]
En ces domaines, l’Eglise catholique est, comme l’a dit quelqu’un, « conservateur de l’avenir » de l’humanité. Un certain découragement peut s’emparer de ceux qui oeuvrent en ce domaine.
Quelqu’un vient de m’écrire : « Nous avons subi une défaite totale ». Peut-être avons-nous perdu la bataille, ai-je envie de lui répondre, mais pas la guerre. Bien des hommes et
des femmes, pas forcément chrétiens, sont conscients des enjeux et travaillent à leur place et selon leurs moyens en ces domaines. Il ne fait donc pas perdre courage, mais nous entraider
à avancer, à petits pas.”