Dans Monde & Vie, Jean-Louis Vandelle analyse à son tour le dernier ouvrage du Cardinal Vingt-Trois. Je reviens encore sur cette
affaire car elle révèle à la fois le personnage et l’état d’esprit de nombreux évêques français qui ne veulent ouvrir les yeux ni sur leurs fidèles, ni sur un fameux texte publié par le Pape un
certain 07.07.07 :
“C’est au chapitre intitulé curieusement Les intolérances qu’il aborde le sujet. On ne saura pas d’ailleurs, à l’issue de ce chapitre, si ce sont les tradis qui sont intolérants ou si
c’est lui qui fait une intolérance aux tradis. Je pencherais personnellement pour la seconde hypothèse. Mais entrons avec lui dans la nosographie. Pour lui, les tradis sont de deux sortes : «
Un nombre important de gens de bonne foi se déterminent sur des signes extérieurs : à savoir si on dit la messe tourné vers les fidèles ou non, ou si on la dit en latin ou en français. Ce
sont des gens de bonne foi qui ne veulent pas se détacher de l’Eglise. Ils ne voient pas ou ne savent pas qu’il y a un arrière fond à ce qu’on leur propose… ». Un peu plus loin, ce sont sans
doute les mêmes ignorants de bonne foi qu’il caractérise paternellement : « Personnellement j’interprète plutôt cela comme l’expression d’une détresse d’un certain nombre de gens qui
n’arrivent pas à penser leur situation dans le monde actuel et qui ont besoin d’être reconnu par leur Eglise pour s’assurer une certaine sécurité mentale et humaine ». Le docteur Freud
(auquel il consacre un chapitre de ce livre) n’aurait pas dit mieux. C’est la théologie du policier : si l’on n’est pas d’accord avec moi, c’est par incapacité à s’assumer personnellement
dans le monde actuel. Si, à la messe, on aime le latin et le prêtre qui vous tourne le dos, c’est parce que l’on se trouve psychologiquement dans une situation de détresse (à laquelle, va sans
dire, le cardinal compatit).
Au-delà de ces braves gens que le cardinal écrase d’une sollicitude quasi-médicale, il y a les autres… ceux qui expriment, au-delà des questions liturgiques qui de toutes façon semblent
anecdotiques, « un désaccord sur des questions fondamentales de la liberté humaine, sur la relation de l’homme avec Dieu et l’exercice de la liberté de conscience ». Ceux-là,
explique-t-il plus loin à son interlocuteur, souffrent d’« une grande difficulté à accepter d’entrer dans une relation de dialogue ». Lorsqu’on lit cela, on a l’impression que, comme
Benoît XVI (l’exemple venant de haut), c’est justement ce dialogue que le cardinal Vingt-Trois propose à ses ouailles dissidentes. Nenni ! Pour lui « la question fondamentale est assez simple
: est-on dans la communion de l’Eglise, avec le pape et les évêques, ou est-on dans une contre-Eglise qui veut juger le pape et les évêques ». On voit que la conception du dialogue
que propose Mgr Vingt-Trois, président de la Conférence épiscopale, aux catholiques français est simplement celleci : soit vous êtes des nostalgiques mal dans leur siècle qui ont un besoin
maladif de formes extérieures, soit vous êtes d’accord avec moi, et vous êtes des inconditionnels, soit vous envisagez de… me juger, de juger mes confrères évêques et de juger le pape et c’est
assez : vous êtes une contre-Eglise. Certains, en Allemagne ont eu la faiblesse de crier : « Nous sommes l’Eglise ». La version du cardinal Vingt-Trois, serein et sûr de son fait,
ressemble à celle de Louis XIV : je suis l’Eglise ou plutôt : « l’Eglise, c’est moi ». N’est-ce pas du reste ce qu’il avait fait savoir aux journalistes, lors d’un Point Presse
après la Monition du pape aux évêques français en 2008: « Le pape est en communion avec nous ». Manière de dire déjà : l’Eglise, c’est nous (les évêques)… Reste à savoir si ce recours au
principe d’autorité suffira à rendre à l’Eglise dont le cardinal Vingt-Trois a accepté la charge…”