Voici quelques réflexions de Denis Crouan, à propos du livre d’entretiens avec Mgr Vingt-Trois :
“L’Auteur écrit: “La question fondamentale est assez simple: est-on dans la communion de l’Eglise avec le pape et les évêques, ou est-on dans une “contre-Eglise” qui veut juger le pape et les
évêques?” A vrai dire, Mgr Vingt-Trois pose très mal la question. Il aurait dû écrire: “Peut-on toujours, en France, être en communion avec le pape si l’on obéit à son évêque?”
Car tout le problème est là: dans de nombreux diocèses, il est devenu très difficile d’être en communion avec le Souverain Pontife si l’on suit les directives pastorales diocésaines que
les curés sont contraints d’appliquer dans leurs paroisses. Pour que les fidèles puissent être en communion avec le pape ET avec les évêques, ne faudrait-il pas d’abord que tous
les évêques obéissent au pape?
Or on sait que cette obéissance est loin d’être généralisée dans les diocèses de France: les liturgies inventées et les absolutions collectives – pour ne citer que ces faits – confirment qu’il y
a bien une désobéisance épiscopale auquel, d’ailleurs, le Cardinal Arinze a fait clairement allusion à plusieurs reprises. Le Cardinal Vingt-Trois poursuit: “(…) un nombre important de gens
de bonne foi ne connaissent pas ce débat [liturgique] de fond, et n’y participent pas. Ils se déterminent sur des signes extérieurs: à savoir si on dit la messe tourné vers les fidèles ou non, ou
si on la dit en latin ou en français. Ce sont des gens de bonne foi qui profondément ne veulent pas se détacher de l’Eglise. Ils ne voient pas ou ne savent pas qu’il y a un arrière-fond à ce
qu’on leur propose.” Ici, l’Archevêque de Paris évite de parler des fidèles qui se déterminent sur le show que fait le célébrant (cf. Cardinal Ratzinger) et semble
soigneusement vouloir éviter de parler d’un autre arrière-fond: celui des liturgies improvisées de A à Z, des eucharisties célébrées dans des gamelles et des pots et concélébrées avec des laïcs
ou des pasteurs protestants…
[…] On aurait souhaité que l’Archevêque de Paris tienne dans son ouvrage des propos plus justes en reconnaissant, par exemple, que si certains “traditionalistes” rejettent le Concile, beaucoup
d’autres (bien en place dans les rangs du clergé français) s’en réclament… pour ne pas l’appliquer et – ce qui est peut-être pire! – pour interdire aux fidèles de l’appliquer, de le recevoir. ”