De Jean Madiran, dans Présent du 1er avril :
“Les évêques français ont élu André Vingt-Trois pour qu’il soit leur président. Et leur président est bien représentatif du langage qui est devenu dominant parmi eux depuis une génération (et
demie). Ce nouveau langage religieux déclare qu’il veut correspondre aux attentes de notre société. Or répondre aux attentes de notre société est en effet le souci principal de
ceux qui cherchent à se faire élire député, sénateur ou président de la République. On a donc trouvé qu’il était plus démocratiquement à la page de se comporter selon leur exemple. Le
langage dominant dans l’épiscopat est alors de déclarer à tous les échos que l’on ne veut plus être enfermé dans un périmètre religieux et à protester que le langage de l’Eglise
n’est plus adapté à la société actuelle. C’est donc l’Eglise qui est invitée à s’adapter au langage de la société, et non plus la société incitée à s’adapter au langage religieux : ce
serait prosélytisme et conversion, alors qu’il doit s’agir désormais de simplement entrer en conversation, de préférence sur la lutte contre toute espèce de discrimination
afin de travailler à l’établissement d’une démocratie universelle. Dans cette intention, le message évangélique doit utiliser désormais le vocabulaire et le style de ceux qui vivent en marge
de l’Eglise. Et c’est bien ce qui arrive.
Inutile, pour les citations ci-dessus en italiques, de donner des noms et des références, c’est ainsi que s’exprime tout le monde post-conciliaire du président Vingt-Trois, de tels propos sont
des clichés partout répétés, jour après jour recueillis dans La Croix, c’est une routine verbale où se reconnaît tout un clergé (et sa hiérarchie) qui trouve profondément
sacerdotal d’être intensément concerné par les problèmes de son temps plutôt que par le problème de tous les temps, toujours identique en son essence, celui du bien et du mal, celui du
vrai et du faux, le mystère intemporel dont tout dépend.
Parce qu’il est « un homme intensément concerné par les problèmes de son temps », le président Vingt-Trois a poussé la décatholicisation des conférences de Carême à Notre-Dame
de Paris jusqu’à une exagération caricaturale du nouveau « religieusement correct ». Désormais sans prosélytisme, ces conférences cherchent seulement à entrer en respectueuse
conversation avec les erreurs ambiantes, elles veulent répondre aux attentes temporelles de la société, elles en adoptent le langage, elles sont sorties du périmètre religieux, elles arrivent
enfin à être parfaitement en marge de l’Eglise. Et si un évêque catholique est appelé quand même à y prendre lui aussi la parole, c’est pour confesser que l’Eglise est une vieille chose, son
passé lui pèse très lourd, c’est un poids terrible d’avoir à assumer toute cette histoire qui nous précède : très exactement formulé, voilà le langage de l’impiété, l’exact contraire
de la piété naturelle et surnaturelle.”