Mgr Castet, évêque de Luçon, signe un éditorial dans le magazine diocésain :
“Depuis quelques semaines, la révélation d’actes pédophiles
graves accomplis par des prêtres bouleverse à juste titre la communauté chrétienne et interroge la société civile. A l’approche du Jeudi-Saint, en cette année sacerdotale, permettez-moi de vous
livrer quelques réflexions personnelles.
Je pense en premier lieu à toutes les personnes qui en ont été les victimes et ont vu leur vie en être bouleversée. Non seulement leur vie d’enfant ou d’adolescent a été profondément abîmée, mais
le message de l’Evangile a été bafoué par des hommes qui devaient en vivre. L’acte pédophile est en lui-même inadmissible et condamnable, mais il devient encore plus scandaleux, au sens
évangélique du terme, lorsqu’il est accompli par un prêtre. Bien entendu, les personnes impliquées ne peuvent être protégées et doivent se soumettre à la justice des hommes, la présomption
d’innocence demeurant sauve avant le verdict. Tel est l’enseignement du Saint Siège et de la Conférence épiscopale française.
Nous devons en même temps rappeler la fidélité exemplaire de plus de 400 000 prêtres de par le monde et en particulier de tous ceux qui exercent leur apostolat auprès des
jeunes ; par leur enseignement et par leur vie, ils demeurent les témoins de la beauté du message évangélique. Depuis des siècles, ils ont été précédés par une foule immense de
prêtres qui ont entièrement donné leur vie à Dieu dans le célibat, la pauvreté et la générosité.
Certaines voix laissent croire que le célibat serait un état favorisant la pédophilie. Or, cette perversion qui semble structurelle ne dépend pas de l’état de vie. De plus, cette
étrange supposition procède d’une étonnante conception du mariage qui serait vu alors comme une simple protection contre les déviances. Sait-on que dans les pays occidentaux, toutes les études
soulignent qu’une écrasante majorité des abus sexuels ont lieu au sein de la famille ?
L’Eglise ne reste pas les bras croisés. J’ai été le témoin du sérieux de la formation des prêtres d’aujourd’hui. Dans les séminaires de notre province, et plus particulièrement dans celui de
Nantes que je connais le mieux, la maturité affective et sexuelle des candidats est prise en compte, dans le cadre de la formation, de l’accompagnement et de l’enseignement, dès la première
année.
Le célibat n’est pas une contrainte écrasante. Il est d’abord un don de grâce que Dieu fait à ceux qu’Il appelle. Ce don ne peut se vivre évidemment que dans l’ascèse, une juste vie
spirituelle, la prudence et une vie relationnelle équilibrée. Il demeure pour notre temps le signe que « Dieu seul suffit. »”