Rémi Fontaine écrit dans Présent daté de mercredi :
“Neuf jours avant la réception de Simone Veil à l’Académie française, nous posions la question : Y aura-t-il un évêque pour s’opposer au 18 mars ? Le premier concerné, puisqu’il
est académicien : Mgr Claude Dagens (évêque d’Angoulême), s’est simplement fait remarquer par son absence. […] On avouera cependant que cela ne change pas grand-chose dans les
faits. […] A quoi sert de savoir entre nous qu’on est contre l’avortement et contre certains symboles inacceptables si les autres n’en ont pas connaissance ? A quoi sert de
s’abstenir ou de demeurer invisible à l’Académie, si l’on n’explique pas aux autres qu’il s’agit là (peut-être ?) d’une visibilité par omission ? Trop subtil !
Or c’est le même évêque académicien qui s’est justement penché, à la dernière assemblée des évêques à Lourdes (novembre 2009), sur le thème « indifférence religieuse
et visibilité », auteur même d’un rapport qui porte son nom. Il déclarait notamment : «Je me demande parfois si nous ne sommes pas muets. Comme si nous étions
incapables d’exprimer que nous croyons à un Dieu de miséricorde plus fort que tout le mal dans le monde.» Ou encore : «L’Eglise n’est pas faite pour se montrer, mais pour montrer le
Christ», oubliant peut-être un peu vite que, surnaturellement, « c’est tout un » (cf. Présent du 4 novembre 2009). […] C’est bien pour tout cela que, si
l’on approuve son abstention physique, on ne comprend décidément pas l’abstention verbale de celui qui disait encore : «Nous n’osons pas saisir les occasions de rendre compte de
la foi en Dieu qui nous fait vivre» (La Croix du 2 novembre 2009). […]
A l’évêque invisible de la visibilité, comme à ses confrères « couards » (selon le mot de Mgr Gaidon dans ses mémoires), nous rappellerons encore une fois la parole
de sainte Bernadette, qui nous paraît apporter une devise bien plus sérieuse au témoignage catholique dans ce monde de plus en plus sécularisé : «Je ne suis pas chargée de vous
le faire croire mais de vous le dire !» Oui vraiment, nous n’avons que faire d’évêques invisibles (et silencieux) dans ce monde séculariste, sinon visibles selon les seuls
critères de la laïcité et de la bien-pensance mondaine. Nous voulons des évêques (et certains commencent heureusement à le redevenir) visibles selon les critères de la foi et de la loi naturelle,
des évêques au service du Christ-Roi jusque dans la société civile et politique.”